ZANZIBAR - Suite
28 octobre
Nous navigation à moins d’un mile de la côte.
Très vite, toute les structures touristiques disparaissent pour laisser la place à une paisible campagne.
Vents faibles et variables au grès des passages nuageux.
Je suis tantôt à la voile, tantôt au moteur.
Nous doublons ou croisons quantité de boutres.
Nous passons par Mkokoto Harbour, qui se trouve entre l’île principale et l’île de Tumbatu.
Devant mes étraves, l’île de Popo.
A 15h30, nous sommes devant Nunwi. Les fonds sont à plus de 25 mètres.
Nous revenons sur Kendwa pour mouiller cette fois par 9 mètres de fond.
J’ai la visite d’un couple, sans doute à la recherche d’un terrain pour construire leur logement.
Vu de mon mouillage, Kendwa ne ressemble pas du tout à un endroit sauvage.
Tous les ingrédients d’un site touristique bien organisé sont autour de moi : jet-ski, paddle, parachute ascensionnel et pêche au gros.
La plongée sous-marine est plus discrète.
Sur la plage, le capitaine n’a que l’embarras pour le choix d'une table bien positionnée pour surveiller la tenue de mon ancre.
Juste derrière la barrière des complexes hôtelier qui longe la mer il y a la campagne.
Elle ressemble à la Normandie …
… avec même des flaques d'eau sur le chemin.
Mais les femmes d’ici sont pas habillées comme les Normandes.
30 octobre. Nous quittons Zanzibar.
Ce nom avait fait fantasmer le capitaine il a réalisé son fantasme et maintenant il est détruit.
Le vent de Sud-sud-est de 8 nœuds me pousse, ainsi que tous les boutres qui suivent la même route que nous.
Le courant nous pousse également.
Un peu avant 16 heures, je suis dans la passe entre l’île de Yambe et le haut-fond de Niule.
Des lampes magiques d’Aladin sont posées sur l’eau.
La pointe de Kazone doublée, le mouillage du Yacht Club de Tanga apparait.
A 17 heures, je suis mouillé par 11 mètres de fond face au club.
TANGA
Du mouillage, je peux entendre les verres tintinnabuler au bar du club.
Les boutres que nous avions distancés arrivent.
Ils ne mouillent pas au club, mais quelque part près du soleil.
La ville de Tanga est à 2 kilomètres du club.
Elle est calme comme une petite ville de la province tanzanienne : les embouteillages sont inconnus.
Tanga est une ville platte : le vélo est roi.
Dommage que celui du capitaine soit maintenant chez un voleur de Mayotte.
Magasin de prêt à porter pour femme.
La couleur est reine.
Beaucoup de maison de la vieille ville sont des vestiges de la colonisation allemande.
Il est possible de marcher à l’ombre des deux côté de la rue.
Une gare est une invitation au départ …
… mais le quai est désert : il n’y a plus de train pour voyageurs.
D’ailleurs, la nature essaie de reconquérir le terrain occupé par la voie ferrée.
Le mouillage est sur, le capitaine décide de partir.
A défaut du rail, ce sera la route.
Les quais des gares autoroutières n’ont pas la classe des quais gares de chemin fer, mais les voyageurs partent et ensuite, généralement, arrivent.
Première étape : Lushoto.
Après 150 kilomètres serré dans un matatu (minibus), mon capitaine se retrouve à 1200 mètres d’altitude.
Les chauffeurs de boda-boda attendent à chaque arrêt pour assurer la ramification du transport sans tous les recoins du pays.
Yves visite la ville du peuple Wasambaa et goûte à la fraîcheur du lieu.
Il a capelée sa veste polaire par-dessus la chemise tropicale.
Il manque encore les chaussettes.
D’ailleurs, tout le monde est chaudement vêtu, alors que nous sommes à 4° de l'équateur.
Poursuite du voyage le lendemain, vers Moshi, au pied du Kilimandjaro.
Il monte un matatu pour 230 kilomètres : les bus de ligne son parti tôt ce matin.
La campagne tanzanienne ne ressemble pas à une steppe aride peuplé de lions et d’éléphants des photos de safari.
Les arbres sont verts, il y a de l’herbe et tout est cultivé.
Moshi est une ville : 144 739 habitants.
De vrai taxi attendent les voyageurs autour de la gare routière.
Les trottoirs sont comme partout dans le pays, envahis par le commerce.
Commerce fixe ou mobile. Dans les deux cas, c’est du marketing direct.
Pour passer d'un commerce fixe à mobiles, les soutiens-gorge* sont dans une brouette.
* la réforme de l'orthographe de 1990 préconise soutiens-gorges, mais bon, c'est juste une préconisation. en fait on est libre avec les soutiens-gorge.
Le Kilimandjaro.
Le but de ce voyage.
Il est visible de Moshi.
Il faut veiller pour voir la neige entre deux passages nuageux.
Mon capitaine n'a pas tenté l'ascension. Il compte sur la montée du niveau de la mer dont ils partent tout le temps à la radio et à la télé pour atteindre le sommet du Kilimandjaro en annexe.
Le Kilimandjaro est une montagne qui n’accouche pas d’une souris, mais d’une bière.
Mon capitaine sait maintenant que le dessin de l'étiquette ressemble à la réalité.
A Moshi aussi, il y a une gare.
La buvette est sur le quai.
Le prochain train de voyageurs passera peut être dans quelques années.
Yves poursuit son voyage jusqu’à Arusha.
Cette ville est à 1400 mètres d’altitude, soit 70 fois l’altitude de ma tête de mat.
Il est maintenant certain que la petite saison des pluies, en novembre, n’est pas un mythe.
Il préfère voir la pluie tombée depuis mon carré.
Il prend un vrai bus pour faire les 430 kilomètres qui le ramène à Tanga, en traversant la verte campagne tanzanienne et de ses baobabs.
Le voyage retour dure 8 heures. Les arrêts sont fréquents.
Decaux n’a pas eu le marché des abribus : il a été remporté par dame nature.
Maintenant que mon capitaine a vu les neiges du Kilimandjaro, plus rien ne nous retient en Tanzanie.
Il prépare le départ et nettoie mes carènes dans des eaux troubles.
DE TANZANIE AU KENYA
Mercredi 20 novembre
Les formalités sont réduites à la douane et à l’immigration : mon capitaine veut partir aujourd’hui et il ne veut plus se laisser retarder par les administrations.
A 11h45, le coffre est largué.
Le dernier salut à la Tanzanie est pour un pêcheur.
Les bateaux de pêche d'ici sont des trimarans, comme "Gitana 17" alias "Maxi Edmond de Rothschild".
Maintenant, comment savoir le quel à copier sur l’autre ?
15h30 : un petit vent du sud nous a poussé rapidement vers le Kénya.
Le pavillon de courtoisie tanzanien est amené et le pavillon jaune est envoyé au moment du changement des eaux territoriales.
16h45 : nous embouquons le chenal de Wasin.
Le vent tombe : les moteurs prennent le relais des voiles.
Le capitaine me mouille juste après la pointe Mundini, face au village de Wasin.
C’est la morte saison touristique.
Quelques bateaux sur corps morts sont le seul signe de vie.
Jeudi 21 novembre
A 6 heures le capitaine est sur mon pont et nous appareillons rapidement.
Il veut être à Kilifi ce soir : je dois faire 75 miles dans la journée.
Passage devant le port de Shimoni.
C’est un port d’entrée au Kenya et nous devrions y relâcher avant de poursuivre la route.
Les formalités attendront : un soupçon d’illégalité met du piment à la vie.
A 7 heures, nous doublons la pointe de Wasin à la sortie du passage du même nom.
Une belle maison, bien intégrée au paysage, marque ce cap.
Un fort courant me pousse vers le nord. Il épaule le vent faible du sud.
Avec la participation de mes machines, nous sommes par le travers de Mombasa à midi.
Nous croisons l’intense trafic de navires marchands généré par ce port.
A 17 heures, je me présente à la passe nord de Kilifi.
Le capitaine affale les voiles.
Nous remontons la rivière.
Pour entrer dans la crique, il faut passer sous une ligne électrique et un pont. Le tirant d’air annoncé varie de 15 à 20 mètres suivant les documents. Il me faut 19,60 mètres.
La ligne électrique se confond avec le tablier du pont. Le capitaine l’aperçoit quand elle est à 10 mètres devant mon mat. Les deux hélices battent en arrière et je suis stoppé juste à temps.
A 17h40, je suis mouillé par 18 mètres de fond, près de la berge sud de la rivière, en aval du pont.
L’endroit est calme, il y a une petite plage et un hôtel. Rien ne nous presse et demain il fera jour.
Nous restons 4 jours sur ce mouillage avec le pont en ligne de mire.
Le capitaine attend une grande marée basse pour passer dans de bonnes conditions.
Lundi 25 novembre – 9h15 : c'est marée basse.
Nous passons sous la ligne électrique en rasant la berge : c’est là qu’il y a le plus de tirant d’air.
Puis retour au centre pour le tablier du pont : c’est là que lui a le plus de tirant d’air.
Ouf c'est passé.
Je suis maintenant bien à l’abri, dans la crique de Kilifi.
Il y a une petite vingtaine de voiliers devant le club qui s’appelle le Boat Yard.
Je suis sur coffre et le capitaine profite du service de taxi-water.
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Aujourd’hui, l’Afrique nous barre la route vers
l’Ouest. Il faut doubler ce continent soit par le nord soit par le sud. Il n’y
a pas de Canal au milieu comme pour le continent Américain.
Face à l’obstacle,
mon capitaine décide de mettre cap à l’Est, vers l’Asie via la péninsule
indienne.
Le soleil maintenant se lèvera dans mes étraves.
Beaucoup d’eau salée a défilé sous ma nacelle depuis huit ans ; mes étraves ont traversé 23 des 24 fuseaux horaires de la planète.
Un tour du monde de La Grande Motte à La Grande Motte, en passant par le Canal de Panama et le Canal de Suez, c’est 23000 miles. Mon loch totalise 44900 miles aujourd’hui, soit presque deux tours du monde.
D’un commun accord avec mon capitaine, j’arrête ici de vous raconter ce que je vois puisque nous retournons couper mes sillages.
Fin