Mardi
20 février
Nous avons quitté la marina de Pattaya ce matin pour traverser le
golfe de Thaïlande d’Est en Ouest.
Le générateur de vent tourne au relenti
dans ce coin de la planète. Il oscille entre 3 et 6 nœuds et nous progressons
essentiellement grâce au moteur.
A
cette latitude, le golfe est étroit : 60 miles de Pattaya à Pran Bury.
16
heures : la côte est visible …
… et à
17h25, nous sommes entre les digues de l’entrée du port.
PRAN BURY
Le
port s’étale sur la rive droite de la rivière.
Par
endroit, les bateaux à couple sont si nombreux que j’ai juste assez de place
pour glisser mes deux coques.
1,5
miles plus loin, nous arrivons à la Racer Marina.
Il y a beaucoup d’appontement
et peu de bateau. Vladimir, le responsable de la marina nous prend en
charge : ce français est arrivé ici il y a dix ans et n’est pas reparti.
Escale
de travail pour Alain et Yves : l’enrouleur et l’étai sont démonté. Après un séjour de 24
heures en immersion totale dans le gas-oil, la pièce supérieure de l’enrouleur
fonctionne comme une neuve. Deux torons de l’étai sont cassés : un
Norseman est mis en place ; l’atelier de la marina fabrique une pièce en inox pour
compenser la perte de longueur. Cet atelier ressoude également la fixation de
l’échelle de bain. Alain passe mon pont au karcher. Bref, je me refais une
santé.
Le
capitaine arrive en fin de visa et moi en fin de droit de douanes (le second
est lié au premier).
Il loue un scooter et se rend au service d’immigration de
Hua Hin distant de 25 km vers le nord. Il est de retour en fin de journée avec un mois supplémentaire
accordé. Pour moi, il faut se rendre aux douanes. Le bureau est à Prachuap, 75 km
vers le sud. Vladimir lui trouve une voiture et un chauffeur. Mais sur place, le
personnel des douanes n’a pas envie de travailler et lui demande de revenir un autre jour, la
semaine prochaine.
A son retour à la marina, la marée est basse. Il
saute du quai sur le ponton, glisse sur la vase et se retrouve dans
l’eau. Les papiers sont intacts grace à la pochette plastique, le téléphone
est mort, ses pieds sont tailladés par les huitres du quai. Mauvaise journée.
Le
samedi 24 février, à 8 heures, l’équipage dit au revoir à Vladimir et nous
quittons la marina.
Nous
croisons les pêcheurs qui rentrent de leur nuit en mer.
Ils
poursuivent le travail : rangement du filet, nettoyage.
Nous
longeons la côte à faible distance. Nous allons vers le sud et le vent vient du
sud mais le courant semble favorable.
L’objectif du jour est d’atteindre
Chumphon avant la nuit.
La
côte offre des paysages à couper le souffle …
… sans
doute pour cela que le vent est si faible.
Notre
route est jalonnée d’îlots.
Certain
sont minuscules et sans accès, tout comme le H.S.M. Diamond Rock en Martinique.
Mais la vie s’y accroche et des maisons de
bambous y sont construites.
Nous
ne pourrons pas atteindre Chumphon avant la nuit.
Le capitaine décide d’une
escale à Koh Chan, minuscule îlot qui, aidé par Koh Thai Si, offre une bonne
protection et des fonds accessibles pour l’ancre.
A 17h40, je suis mouillé.
CHUMPHON
A 10
heures, je suis mouillé à Chumphon, à l’extérieur du port, le long de la digue
sud.
L’îlot
de Koh Mattaphon et la langue de sable qui le relie au continent offre un très
bon abri.
Chumphon
est une petite ville portuaire. Rien n’est fait pour le tourisme.
Sans
être trépidante, la vie est active.
Google
Map montre un bureau des douanes à Chumphon. Ne le trouvant pas, l’équipage se
rend à la mairie pour obtenir des informations.
Après de longs échanges,
l’anglais étant peu ou pas parlé par les deux parties en présence, les agents
municipaux découvrent qu’il n’y a plus de bureau des douanes ici, qu’il se
trouve à Sawi à 80 km.Ils proposent d’y conduire gracieusement le capitaine dès le lendemain et
ils contactent les douaniers pour les en informer.
Le lendemain, en arrivant sur
place, les papiers sont prêts et en quinze minutes, mon autorisation de séjour
est prolongée d’un mois.
Etant
enfin en règle avec les autorités du Royaume de Thaïlande, nous partons visiter les îles au large de
Chumphon.
Tout d’abord Koh Ngam Yai et Koh Ngam Noi.
Alain
voulait y faire du snorkelling, mais impossible de mouiller : les fonds
plongent à pic au pied des falaises de ces îlots. Trop profond pour mon guindeau.
L’homme
a pris possession de ce petit territoire à grand renfort de bambou.
Vue
imprenable sur la mer.
Nous
mettons le cap sur Koh Mattra pour y passer la nuit.
Alain peut enfin plonger.
Mon capitaine soigne par l'eau de mer les coupures aux pieds que lui ont fait les huitres du quai.
Dimanche
28 février : en route pour Koh Tao.
C’est l’île que nous n’avions pas
réussi à atteindre au mois de janvier pour cause du fort vent contraire.
Cette
fois, le vent est toujours contraire mais plus faible. Avec ce sud de 7 nœuds
et la participation active du moteur, nous faisons un route directe sur l’objectif.
KOH TAO
A 15
heures, je tire sur ma chaine au milieu de la baie Ao Mae Hat qui se situe au Sud-ouest de Koh Tao.
L’île
vit du tourisme.
Un tourisme plutôt sportif ici : tout le monde plonge. Il
y a des clubs de plongé dans toutes les rues et les ruelles.
Des bateaux
chargés de plongeurs, de bouteilles et de détendeurs passent toute la journée
près de moi.
Les plongeurs prennent le temps de vivre hors de l’eau le soir venu, exception faite des acharnés qui poursuivent par
des plongés nocturnes.
Nous
contournons Koh Tao par le sud …
… pour
rejoindre une petite baie Ao Leuk.
Alain a, il y a trois ans, visité ces fonds.
Il
s’équipe et part visiter ses coraux favoris.
Il reviendra déçu : le corail
a disparu.
A terre, les gens diront que c’est dû à l’augmentation de la
température de l’eau, la présence humaine, …
Le
capitaine se rend à terre à grands coups de rames. Voilà pourquoi il a de superbe
pectoraux.
Pendant
la journée, trois ou quatre bateaux viennent mettre des plongeurs sous l’eau.
Le soir venu, je suis seul dans cette baie.
La
capitaine s'essaie à une visite des environs.
La raideur des pentes et l’ardeur du
soleil mettent rapidement un terme à son exploration.
Nous
repartons de Koh Tao le 6 mars, cap sur Koh Phangan.
La
route se fait au près serré, avec appui de la mécanique pour pallier le manque
d’ardeur de Eole. A 14 heures, je suis à l’ancre à Thong Sala. Alain prend un
ferry pour ralier Koh Samui, puis Lorient via … plein de villes importantes.
Comme
au mois de janvier, le capitaine me mouille entre les deux jetés des ferries.
Les embarquement se font dans l’ordre et la discipline.
Sauf
quand un orage d’en mêle.
Entre
deux passages d’humain, du poisson circule, mais uniquement en direction de la
terre : ils n'ont pas de billet retour.
Je
retourne sur la petite plage devant le XXXX.
Cette fois-ci, le capitaine
m’échoue les étraves face à la plage.
A
marée basse, j’ai un peu basculé sur l’arrière. Cela ne l’empêche pas de
démonter l’hélice, mettre l’entretoise et remonter l’hélice.
Ca y est, mes deux
moteurs neufs ont chacun une hélice neuve et opérationnelle ... quatre mois après
leur installation.
Dès le
lendemain à pleine mer, je quitte l’échouage et l’île de Koh Phangan.
Le
capitaine veut savourer la puissance des machines.
Le taud de grand-voile n’est
pas ouvert, aucune drisse n’est à poste.
C’est
aux moteurs que nous rallions Koh Samui.
Les 10 miles sont faits en moins de 2
heures, avec chaque moteur à 2000 tr/mn.
Tout va bien maintenant pour ma
mécanique.
KOH SAMUI
Le tour du golfe de Thaïlande est maintenant bouclé.
Nous
retrouvons Bo Put. Rien n’a changé en ville.
Le capitaine retrouve ses
commerces habituels là où ils étaient il y a deux mois.
Les
avions survolent toujours Bouddha au décollage ou à l’atterrissage, suivant le vent et la destination du vol.
Bouddha
a toujours un œil bienveillant sur les pêcheurs qui évoluent à ses pieds.
Le
capitaine trace ma route à venir.
La mousson ne va pas tarder à basculer et la
prochaine escale visée est Bali.
Il faut atteindre le détroit de Karimata fin
mars maximum. Nous sommes à mi-mars. Il est temps d’arrêté de rigoler et de
prendre les opérations de départ à bras le corps.
Le 21
mars, nous quittons le mouillage.
Les adieux sont faits, les vivres sont à
bord, les papiers (encore eux) sont en règles.
Le
vent est absent, comme il l’a souvent été pour nous dans cette région.
Les
étraves tournées vers le Sud-est, je dis au revoir au golfe de Thaïlande et à la Thaïlande.
Nous la retrouverons peut-être un jour sur sa côte Ouest.
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