dimanche 29 mars 2015

TRAVERSEE DU PACIFIQUE


Dimanche, 22 février 2015




Le village de Bahia de Caraquez dort encore : nous sommes dimanche matin et il est 7 heures. 

Daniel de Goyave et Yves de Stern eux sont debout pour saluer notre départ. Nous nous retrouverons aux Marquises, si Dieu le veut.




Devant les étraves, 3 550 miles (6 600 km) pour atteindre Hiva Oa aux Marquises : il y a de la route avant prochaine escale. 





Pour la première journée, le vent  souffle du Sud Sud-ouest à 12 nœuds : de face ou presque. 

Je suis au près serré, sur un cap qui nous rapproche de l’équateur. J’espère que l’on ne va pas le franchir de nouveau celui-là ! 
Il ne fait pas très chaud : la polaire est capelée quand le soleil décline. Le capitaine espère être sorti des zones de pêche avant la nuit. 
Il table aussi sur le repos dominical des pêcheurs pour que je n’emmêle pas dérives et safrans dans les filets flottants. 
Pari gagné : en fin de journée, nous sommes à 60 miles de la côte et nous n’avons vu aucun bateau de pêche, gros ou petit.

2ème journée de mer. 118 miles


Cap à l’Ouest toute la nuit, à 20 miles au sud de la ligne imaginaire de l’équateur. Un moteur est démarré ce matin et nous mettons un peu de sud dans notre route.
Le vent a pris un jour de congé ce lundi. Toute la journée, mes moteurs se relaient : 4 heures le tribord, 4 heures le bâbord. Au point de midi, nous avons fait 118 miles en 24 heures.




Sans vent, les poissons volants sont handicapés et ne peuvent pas toujours bien choisir leur piste d’amerrissage.





La nuit tombe et le calme reste blanc. 


Le capitaine a choisi la date du départ en tenant compte de la marée, du repos dominical des pêcheurs et de la lune. 

La lune montante nous éclairera toutes les nuits sans nuage pendant une dizaine de nuits.

3ème journée 85 miles


Cette nuit, sans vent et sans moteur, le courant m’a propulsé de 5 miles plein nord. Au matin, un vent de Sud de 8 nœuds me permet de progresser au petit largue sur la bonne route.



Je ne vous avais pas encore montré le marché : légumes et fruits attendent sagement leur tour pour passer à la casserole ou être directement englouti.





Nous croisons un bateau de pêche en route vers Manta : c’est notre première rencontre depuis le départ.





L’appui des moteurs est non négligeable dans les 85 miles faits en 24 heures.


4ème journée 133 miles


Toute la nuit, deux navires de pêche puissamment  éclairés nous ont précédés. Au matin, ils ont disparus.
J’avance au petit largue, parfois au vent de travers cap vers le Sud-ouest.

Nicolas, le pilote de droite, n’est plus aux commandes. Vous le saviez.

Il est remplacé par ce Navico qui jouissait d’une retraite tranquille dans la cave d’Alain à Carantec. Il reprend du service à droite et pour l’instant n’a pas de prénom. 
Est-ce que se sera de nouveau Nicolas ? 
A suivre …


A midi, le génaker est déroulé et je fonce à plus de 7 nœuds tout l'après-midi. 


Quand le soleil se couche, le vent en fait de même et les moteurs prennent leur service. 

5ème journée 120 miles


Dans le nuit, sans vent et sans moteur, je dérive de 6 miles  vers le Sud-Est entre 22 heures à 3 heures du matin. 
Quand le jour se lève, le vent se réveille, le capitaine également. Il vient du Sud à 5 nœuds : juste ce qu’il faut pour m’ébrouer. 



A 10 heures, une brise de 8 nœuds s’installe à l’Est. C’est l’abondance : le spi est à poste.







Le capitaine commence à m’équiper « Grande Croisière » : le palan de retenue de bôme est à poste. 





A 6 heures du soir, le soleil et le vent terminent leur journée ensemble, comme ils l'avaient commencer. 

Mon spi retourne dans son sac. 

6ème journée 73 miles


Il n'y a pas eu de vent pendant la nuit. Résultat, 3 miles de dérive vers le sud. Nous sommes donc sortis du courant qui porte au nord et c’est une bonne nouvelle.
Qui dit moteur dit gas-oil. Depuis le départ, ils ont consommés 80 litres, ce qui correspond à la réserve en jerrycans. Le transfert est fait sans une goutte sur le pont : merci la poire. Maintenant, il nous reste 180 litres (90 par moteur) et il n’y a aucune station-service avant les Marquises.
Nous sommes à 90 miles dans le sud de l’Isla Espanola (Galápagos). 
Les oiseaux aussi attendent le vent. 
Nous progressons vers l’Ouest : aujourd’hui à midi, sur ordre venant de la passerelle, tous les chronomètres, horloges et montres du bord sont retardés d’une heure. 



Dans cette chaleur, le réfrigérateur fonctionne à merveille. Sans doute grâce aux trois petits ventilateurs à quatre sous qu’Yves a installés derrière-lui et qui éjectent les calories loin des glaçons.





En fin de journée, un noroît de 8 nœuds justifie le génaker. La propulsion vélique dure une heure. Le soleil se couche, le vent aussi : la chanson est connue maintenant.


7ème journée  66 miles


Cette nuit, dérive de 6 miles dans le Sud-Est. 
Le Sud c’est bon, l’Est c’est moins bon. Mais la qualité du sommeil du capitaine est importante.



La preuve : son sourire alors qu’il mange la dernière banane du bord.




Journée voile et vapeur, tour à tour foc, génaker et Volvo. 

66 miles en 24 heures : j’ai rarement fait si peu. 




Des oiseaux volent, des grains passent : le vent finira bien par revenir. 








Vers 10 heures, un jeune fou à bec bleu et pattes rouges est venu se poser sur un chandelier. Il a tenu l’équilibre toute la nuit et est reparti ce matin vers 8 heures. Ses parents savaient qu’il passait son samedi soir sur Free-Lance ?







8ème journée 83 miles
Une semaine de mer.

Nous sommes le dimanche 1er mars.

Depuis 9 heures hier soir, j’avance à la voile au près dans un vent de Sud-ouest qui souffle à 10 nœuds. 

Durant cette première semaine de mer, je suis passé au nord puis au sud de la route directe vers les Marquises. La moyenne a été de 95 miles chaque 24 heures et les moteurs m’ont propulsé pendant près de 70 heures. 
Espérons que j’avancerai mieux et avec mes voiles les prochaines semaines.




A midi, le vent passe Sud-Est. Le génaker est mis à poste. Je file vent de travers. 





Mon passager de la nuit dernière revient me voir en fin de journée.





Il fait quelques essais d’appontage puis disparaît.

Quand le soleil se couche, je file à bonne allure vers l’Ouest sous genaker, dans le confort d’une mer calme.
Le fou à bec bleu et pattes rouges revient avant la nuit. Il choisit le balcon avant cette fois. Il surveille tout : le cap, les voiles, les poissons volants. Rien ne peut échapper à sa vigilance.


A 19 heures, le capitaine met cap plein Sud : devant nous, d’autre calme sont prévus. 
Vers 5° sud, nous devrions être sorti de la « bulle » des Galápagos et toucher enfin les alizés.
Je passe de nouveau sous foc au près bon plein.
9ème journée 125 miles

Route Sud-ouest pendant la nuit, parfois appuyé au moteur. Au matin nous sommes presque par 5° sud. 
A midi, nous touchons un vent de Sud-Est de 13 nœuds, puis de 15, 18, 20 nœuds. A 16 heures, un grain soufflera jusqu’à 30 nœuds. 
En fin de journée, je suis cap à l’Ouest sous foc et grand-voile arisée. 


Le passager a repris sa route au lever du jour : fin de son week-end.  

D’autres oiseaux du large passeront jouer autour de mes voiles sans pour autant s’embarquer.

10ème  journée 185 miles


Il ne fait pas beau ce matin : un ciel digne de la Mer du Nord. 
Le vent de Sud-Est souffle autour de 14 nœuds.




Le capitaine garde son ciré est à portée de main pour mettre le nez dehors. Les marins craignent l'eau douce ?






Ma voilure est réduite jusqu’au 2ème ris dans l’après-midi. Nous sommes grand-largue et le vent fait le yoyo entre 18 et 25 nœuds.


11ème journée 220 miles



Le vent s’est stabilisé en force et direction pendant la nuit : Sud-Est 25 nœuds. 
A 140° du vent, mon loch passe souvent la barre des 10 nœuds. Les vagues ont du mal à me rattraper. 220 miles en 24 heures : mon record personnel.



12ème journée 196 miles


Une succession de grains, avec pluies intermittentes, bref du travail pour mon capitaine qui s’efforce à chaque fois d’adapter mon allure et mes voiles aux conditions météorologiques du moment. Nous ne sommes pas encore dans un alizé établi.




Les jus d’orange vont être rayés du menu des petits déjeuners : la dernière orange est pressée.

Le petit déjeuner qui s’adapte à la force du vent et de la mer. Plus je bouge, plus le niveau du café au lait du capitaine diminue. Et inversement.



Aujourd’hui, nous avons une liaison satellite avec le reste du monde : échange d’emails et réception des fichiers météo. Ils aident le capitaine à prendre des options plus ou moins nord ou sud … mais toujours vers l’Ouest.





Le vent se stabilise dans l’après-midi. Le génaker est déroulé et amuré sur l’étrave de la coque au vent.


13ème journée 176 miles



Les grains sont de retour. Ils font tourner le vent du Sud-Est à l’Est Sud-Est. Il souffle parfois à plus de 25 nœuds ; ensuite, il tombe à 13 nœuds avant de revenir sur 18.



Entre les nuages, le capitaine me maintient à 120° du vent : à cet angle je suis rapide et confortable.

Nous passons le 105ème méridien : à midi, tous les chronomètres, horloges, montres et pendules du bord sont retardés d’une heure.

Le bout de retenu du tangon, fixé à la martingale, commence à faire pivoter ma poutre avant. 
Le capitaine prend des mesures. Une drisse remplace la retenu de tangon et un bout maintient la martingale vers l’arrière. 
Parce que si la martingale lâche, la poutre casse et mon mat tombe ! Scénario catastrophe au milieu du Pacifique.
14ème journée 196 miles


Aujourd’hui, comme hier et sans doute demain, je suis cap à l’Ouest. Le ciel est toujours gris et les grains se succèdent. L’un d’entre eux soufflera jusqu’à 34 nœuds. En fin de journée, nous sommes à mi-parcours : Bahia de Caraquez est à 3300 km derrière et les Marquises à 3300 km devant.




La dernière tomate est préparée en vinaigrette. 

Mangue, pomme de terre et ananas ont déjà complètement disparu du bord. 
Ail, oignon et banane plantain sont toujours du voyage. 

15ème journée  189 miles

Deux semaines de mer.


Nous sommes le dimanche 8 mars.
J’attaque ce dimanche sous voilure réduite. En début de nuit, le capitaine a pris le 3ème ris dans la grand-voile et le foc est roulé au 1er point.






Heureusement qu’il est là pour ajuster ma puissance à celle du vent. Sinon, ma voilure me dépasserait.

Ma route cette semaine s’est infléchi vers le nord : je suis passé au-dessus de la route directe (trait bleu rectiligne – en rouge et en zigzag, c’est la route réelle). Le vent doit tourner plein Est en fin de traverser et Yves anticipe en suivant le 5ème parallèle pour que je ne me retrouve pas plein vent arrière.


De nombreuses anatifes colonisent peu à peu mes œuvres vives. 

Mes moyennes journalières vont en pâtir. 
Déjà, les rushs à plus de 12 nœuds se font rares.






Le capitaine reste serein : c’est lui qui a trouvé cet antifouling ... vraiment bon marché.

Le soleil ne passe ni par le nord ni par le sud dans sa course journalière : il se lève dans mes étraves, passe par ma tête de mât à midi et se couche dans les étraves. Nous sommes proche de l'équinoxe, jour où le soleil est au zénith à l’équateur (la FNAC ne vend pas de billet pour ce zénith).




16ème journée 177 miles



La tête du capitaine, un lundi matin, au saut du lit. 
9 heures et encore en pyjama !
La lune l’a peut-être empêché de bien dormir.



Le ciel est bleu avec de petits nuages éparts. 


Je suis maintenant équipé « navigation dans les alizées » : écoute de grand-voile choqué en grand et retenue de bôme saisie pour bien tenir la chute de grand-voile.




La colonisation de mes œuvres vives par les anatifes se confirme : elles sont fortes ces bêtes pour résister à la pression de la vitesse.



Pour la troisième fois depuis le départ, tous les chronomètres, horloges, montres, pendules et sabliers du bord sont retardés d’une heure.





Le vent a soufflé entre 20 à 22 nœuds toute la journée. Il descend à 15 nœuds ce soir mais reste fidèle au Sud-Est.




Les couleurs au coucher du soleil annoncent un nuit calme.


17ème journée 150 miles



Ce matin, avant le premier rayon du soleil, le capitaine quitte sa couchette.


Il est à la manœuvre. Quand le coq chante à San Francisco, le génaker est à poste. Eh oui, nous sommes sur le même méridien que les hippies de Frisco (s’il en reste).



Deuxième surprise du jour : un RoRo de la Wallenius Wilhelmsen passe à proximité, cap vers Tahiti,  la Nouvelle-Zélande ou l’Australie. 

Il arrivera avant nous c’est sûr.


Après toutes ces activités et les travaux de routine du matin, le capitaine retourne à la lecture. 

Le petit stock de romans policiers achetés d’occasion dans les librairies de Quito et de Cuenca s’épuise vite. Proust est en réserve de sécurité.



Le vent de Sud-Est m’a gentiment poussé toute la journée. 

Le génaker reste à poste jusqu’à la tombée de la nuit ...

18ème journée 146 miles



... et il reprend du service dès le point du jour.




Pas pour longtemps : à 9 heures, le galon de bordure se déchire. La réparation faite à Portobelo n’a pas tenue. 


La réserve de tissus adhésif y passe …




… et à 13 heures, je suis de nouveau dignement toilé pour avancer dans ce petit vent favorable de 12 nœuds.



Le soleil se couche un peu sur bâbord de l’étrave : le capitaine continue de gagner vers le nord. 

Le calme règne. Ici, si vous entendez de la musique alors que la sono est coupée, n’accusez pas le voisin : allez voir un psy.

19ème journée 154 miles


Un cargo nous croise à 1 heure du matin. L’alarme réveille le capitaine. Il surveille le passage de l’intrus avant de retourner dormir.


François tient la barre depuis 18 jours maintenant. Pour l’instant, il n’a pas failli à la mission qui lui est confiée et tient le cap jour et nuit sans dire un mot.


Ma route est un long zigzag qui petit à petit nous fait gagner vers le nord. 

Yves me fait lofer la nuit pour que mon foc porte. La route est plus abattue la journée sous génaker.






Le réfrigérateur continue de faire du froid mais seulement pour une douzaine d’œufs, trois boites de beurre et un demi-fromage ... et l'eau de boisson.

La journée passe sous genaker sans que le capitaine ait besoin de changer un seul réglage. Le vent de Sud-Est est stable à 14 nœuds.


 20ème journée 168 miles    

Un cargo cap au Sud en petite vitesse croise notre route à minuit et demi. 

Il porte les feux de navire non-manœuvrant. Ni lui ni moi ne changeons de cap. Ça passe à 200 mètres sur mon arrière : l’océan n’est peut-être pas si grand !


La coque est très sale et perturbe le capteur du loch : il indique 3 nœuds quand le GPS dit 8 nœuds. La girouette électronique et l’anémomètre n’indique plus le vent réel. Le capitaine va devoir faire le calcul lui-même.



Il n’y a pas que les œuvres vives qui se salissent : le bordé commence à changer de couleur là où la vague d’étrave le caresse. 

Les semaines de navigation impriment leur marque.
 21ème journée 169 miles


Hier soir, j’ai fait quelques pointes à 14 nœuds : Yves m’a bridé en prenant le 3ème ris. 

Quelques heures plus tard le vent est tombé et il m’a laissé sous voilure réduite : la nuit est faite pour dormir paraît-il. 



Journée sous un ciel azur. Comme chaque jour depuis le départ, des oiseaux de mer sont venu tourner autour de moi. Ils vivent loin du nid !




Ce soir encore le soleil se couche dans les étraves. Le cap est maintenu au 270 mais mon instinct me dit que la plongée vers le sud est imminente. 



22ème journée 150 miles 
Trois semaines de mer


Le vent faiblit : sans doute parce que nous sommes dimanche.



Nous approchons des Marquises : le 130ème méridien est passé et ma route au travers de l’Océan Pacifique commence à avoir belle allure.



Le capitaine veut anticiper les vents Est qui sont installés près de l’archipel des Marquises. En arrondissant sensiblement par l’Ouest (route en vert) il espère m’éviter le plein vent arrière.



N’ayant pas trouvé d’église dans les environs ni la boulangerie-pâtisserie qui est juste en face, Yves fait le pain et le gâteau du dimanche



La blancheur immaculée de mon bordé s’estompe au fil des miles et des vagues repoussées.






Dimanche soir sous les tropiques : j’ai entendu une canette de bière qui faisait Psiiiiiiiittttttt.



Je trouve que le capitaine pousse un peu loin le bouchon (moi en l’occurrence) en continuant la route plein Ouest. Demain peut être mettrons nous cap plus au sud ?



De sa couchette, Yves me surveille toutes les nuits. Il voit tout : cap, vitesse, position, direction et force du vent. Même l’état de charge des batteries.
Si je change un paramètre, il se réveille.
23ème journée 124 miles


Ce matin à 7 heures, le génaker est déroulé : le capitaine attaque fort la semaine. Mais il faut de la toile pour faire avancer mes coques couvertes d'anatifes dans ce vent qui ne passe pas les 8 nœuds.






Le spi remplace le génaker en début d’après-midi. 

Nous sommes à un peu moins de 500 miles de Hiva Oa aux Marquises. Nous y arriverons jeudi ou vendredi.


24ème journée 100  miles


Le vent est toujours faible et il vire au Nord Nord-Est ! Ce qui n’arrange pas notre vitesse puisque le capitaine nous a positionnés dans le nord des îles. 





Le spi qui est affalé en début de nuit reprend du service dès le lever du soleil. 

Nous avançons lentement et l'arrivée jeudi n’est plus qu’un rêve.


Le temps est extensible, pas le livre de bord. Mercredi soir, c'est-à-dire demain, la dernière page sera remplie. La panne ! Le capitaine colle une page blanche supplémentaire : ce serait dommage de changer de livre en cours de croisière.






Des oiseaux de mer viennent faire le tour de mes voiles. Ils sont d’une race différente de celle qui nous visite chaque jour depuis les Galápagos.


25ème journée 127 miles



La nuit se passe sous génaker. La lune n’assure plus l’éclairage : elle est à son tout dernier quartier. 
Les étoiles, dans la mesure de leur faible luminosité, prennent le relaie.

Beau temps belle mer. Je file toujours vers l’Ouest. L’ordre est donné pour la quatrième fois depuis le départ : retardez d’une heure tous les chronomètres, horloges, montres, pendules, sabliers, carillons et coucous du bord.






Nous sommes à 175 miles de Hiva Oa au coucher du soleil. 

Le vent étant relativement constant, ça nous fait une arrivée dans la nuit de jeudi à vendredi.

26ème journée 112 miles


Hier soir, le capitaine m’a coupé une partie de mes ailes : il ne m’a laissé que ma grand-voile



Foc, génaker, spi sont consignés respectivement autour de l’étai, sur le trampoline et dans la soute à voiles. L’objectif est d’arrivé sur l’île au lever du jour, pour le spectacle et pour ne pas entrer de nuit dans une baie inconnue.




Il y a des signes d’approche de la terre : les jumelles sont nettoyées …





… l’eau de la douche chauffe.






Une visite en fin d’après-midi.




Cette frégate fait plusieurs tentative d’appontage sur les panneaux solaires, puis sur l’annexe, sans succès. Son habilitation doit être périmée.



Il reste 5 œufs, 2 oignons, 170 gr de beurre et de l’ail. 

Le dernier citron vert passe en citronnade : il a pris l’aspect et la couleur d’un melon, mais pas la taille.
27ème journée 85 miles
Vendredi 20 mars

Le soleil se lève sur notre dernière journée de la traversée. A 1 heure du matin, le capitaine m’a remis de la toile. Hiva Oa est à 40 miles devant : je ne risque pas de la percuter pendant son sommeil, d’autant que le vent souffle à 5 nœuds.





A 6 heures, l’île est visible dans les étraves.



Une bande de dauphins nous accompagne le long de la côte. 

Nous doublons des pointes aux noms exotiques : Teohotepapa, Tehakahami, Teumanui


Là-bas, entre le Motu Anakee et la pointe Teaeoa se cache le port d’Atuona. Les moteurs ont pris du service depuis ce matin : le capitaine semble impatient d’arriver.




La baie de Taaoa, dit baie des Traites, se dessine devant nous. 

La grand-voile est affalée à 12h45.


… et Yves mouille mon ancre à 13 heures en baie de Tahauku. 

Nous avons navigué pendant 26 jours et 10 heures (sans compter les heures disparues en retardant les chronomètres, montres, …).


 Mes sillages sont de 3745 miles : 200 miles de plus que la route directe. 
Pour nous autres bateaux, le chemin le plus rapide n’est jamais le plus court, c’est comme ça.

Le vent ne m’a pas beaucoup bousculé et la vitesse moyenne a été de 5.90 nœuds. Ce qui a permis au capitaine de bien manger et de bien dormir.






Devant nous, un nouveau monde est à découvrir : la Polynésie, paradis des marins.




A suivre ...