mercredi 31 octobre 2018

CONSTRUCTION NAVALE EN MER DE FLORES


LEMBATA – BONERATE

Nous sommes partis ce matin de Lembata. Après avoir navigué au moteur dans le détroit de Bolong, je suis sous voile depuis 11 heures, poussé par un vent d’E-NE à 12 nœuds.



Prochaine escale : Bonerate, à 160 miles dans l’Est Nord-est.

Puis nous nous arrêterons à l’île de Pulasi et à Benteng sur l’île de Selayar.


Je suis presque vent arrière toute la nuit, sous génaker.


Nuit tranquille : seuls trois bateaux de pêche ont perturbés le sommeil du capitaine.



La navigation sera courte : le filet à fruits et légumes n'est pas plein.
Le génaker me tire toujours, dans un vent qui plafonne à 8 nœuds.





Dans la matinée, nous laissons les îles de Madu et de Kalaotao à 5 miles dans notre nord.
 




 
BONERATE



13 heures : je suis en rade de Bonerate.

Nous longeons le récif à la cherche de fond de moins de 30 mètres.


Le capitaine trouve un endroit à 20 mètres, mais la place est prise par un pinisi.

Nous mouillons près de lui …



… et à quelques encablures du quai.


Une digue de 600 mètres relie le quai à la terre ferme.

En allant à terre, le capitaine a un premier aperçu de l’activité économique de la ville.



Un bateau est en finition : ses superstructures sont en bois, reine des matières ici.




Au bout de la digue, le porche d’accueil de la ville.



Et juste sur la gauche, la mosquée fraichement peinte.

Les mosquées que nous avons vues en Indonésie sont toujours fraichement peintes.


Derrière le porche, les guides locaux improvisés et très volontaires ouvrent la route au capitaine tels les motards de la garde républicaine.



D’autres prennent le relai quelques centaines de mètres plus loin : à chacun son quartier.



Toutes sortes d’embarcations sont mouillées le long de la plage.


Point commun : toutes sont en bois et leurs peintures aussi soignées que celles de la mosquée.




Puis des bateaux en cours de finition …



… ou de rénovation.

Dans tous les cas, le charpentier se protège et protège le bateau du soleil




Il y en a à tous les stades de finition.

Le stade embryonnaire : deux planches sont forcées en torsion et deviendrons le brion.


Elles sont chevillées sur le bois de quille, puis d’autres planches de bordé sont fixées sur la tranche  toujours par des chevilles.

Le stade embryonnaire est déjà dépassé.

Une fois le bordé terminé, les lignes d’eau du bateau sont affinées avec des calles poussant depuis le sol.
Les couples sont ajustés à la forme intérieure de la coque.

Le poste de travail du charpentier de marine indonésien est très différent de celui de ses confrères bretons. 



C’est le couple qui est ajusté au bordé et non l’inverse, comme dans les constructions traditionnelles de chez nous.



Ils sont ensuite chevillés au bordé.



Le même procédé est utilisé pour les bateaux de taille moyenne.



Pour les très grand, le capitaine n’a pas pu voir : les coques en chantier sont bordées et les couples sont posés.

Le bois de plusieurs grands navires est blanchi.
Le chantier est à l’arrêt depuis "longtemps" (impossible d’être plus précis) en attendant que l’armateur puisse payer.



Le nombre de chevilles est impressionnant.

Elles sont taillées à la machette sur place.



Le capitaine fait le tour du village : partout, du bois sèche et des bateaux naissent.


Les maisons sont également en bois et leur ossature est assemblée par des chevilles comme pour les bateaux.

Elles sont sans doute adaptées pour résister au tremblement de terre et au tsunami.



Sous la maison, le bois et le linge sèchent.

Sous la surveillance d’humains endormis.


Après cette longue visite, Alwi est monté décrocher quelques noix de coco pour étancher la soif de mon capitaine.

Depuis, ils sont amis … sur Face Book.



Retour à l’annexe, accompagné par ce qu’il convient maintenant d’appeler un fan club.

Les neuf grands navires en chantier sont visibles du bord.

La mise à l’eau et la traversée du lagon doivent être un autre tour de force de ces constructeurs.
 




 
BONERATE – SELAYAR

Vendredi 24 aout 6h25
Nous remontons le mouillage par vent nul et mer d’huile. Un gros travail pour mon guindeau : 20 mètres de chaine de 10 plus 33 kilos d'ancre.



Nous empruntons le passage entre les îles de Bonerate et Kalao.

C’est de Kalao que vient le bois de construction des bateaux.
Mon passage ne perturbe pas le petit déjeuner de quelques gros poissons.



Le vent souffle toujours à 10 nœuds de l’Est Sud-est.

Sous grand-voile haute et génaker, je file gaillardement au portant.


Des caboteurs croisent ma route.

A 14 heures, le vent tombe et les machines prennent le relais des voiles.

16h10 : nous virons la pointe sud de l’île de Pulasi.

Vu d’ici, l’île ressemble à un énorme sous-marin nucléaire.


Nous longeons sa côte ouest sur deux miles.
 
Le capitaine affale la grand-voile et … les billes du chariot de la latte n°2 tombent en pluie sur le pont avant de rouler à la mer.
Mon ancre tombe en baie d’Ujung : une plage, pas de maison et donc certainement pas de shipchandler.
C’est dans mon atelier que le chariot est remis en état.
La pièce qui retient les billes est cassée : le capitaine fait une nouvelle pièce en aluminium.

N’ayant pas de billes en réserve, des crayons les remplacent provisoirement.



A 9 heures, nous repartons grand-voile haute et foc au vent de travers.




Puis le vent refuse et je me retrouve au près serré mais sur la route.


Le vent est faible, la mer est plate : je ne souffre pas.


A 14h30, je vire la pointe nord de l’île de Pasi.

Les antennes katgé de Benteng sur l’île de Selayar sont visibles.

Il y en a beaucoup, la ville doit être importante.


30 minutes plus tard, je suis au mouillage, face au phare, au minaret et à l’antenne.
 








BENTENG - ILE DE SELAYAR




Un quai puis une plage : c’est la configuration habituelle de mon paysage dans ces îles.





La ville : un petit centre animé …





… puis des rues commerçantes …



… et des rues résidentielles que les drapeaux de la fête nationales continuent d’égailler.




Parmi les maisons modernes, quelques belles anciennes se maintiennent.




La plage attire la jeune génération …



… pour des jeux sans fin.



Sauf pour un futur architecte naval se mouille entièrement pour faire des essaies de carène et de voile de son multicoque.



Durant nos quatre jours d’escale, les dockers déchargent du matin au soir un pinisi tandis que son équipage redonne une blancheur immaculée au bordé.


Mardi 28 aout

Nous quittons le mouillage à 7h45 pour rallier Lombok à 300 miles d’ici.

Dans le chenal nous croisons petit cargo.

Salutation de la main des capitaines.
Coup de corne de son bord … auquel je ne peux pas répondre : je suis trop petit pour un tel équipement.




A suivre ...