lundi 22 janvier 2018

EN ROUTE POUR LA THAILANDE

DE KUDAT A LABUAN



Vendredi 17 novembre 2017

6 heures 30 du matin, nous quittons le port de Kudat sous un ciel bas.

Pas de vent, mais les moteurs neufs sont là.

Avec quelques escales, le capitaine veut rejoindre la côte Est de la péninsule de Thaïlande, qui se trouve à 1150 miles dans notre Ouest.

L’objectif est d’y arriver pour Noël. 
Et puis son visa en Malaisie expire le 19 décembre.


Dans la matinée, un grain l’oblige à prendre deux ris dans ma grand-voile. Puis le vent faiblit de nouveau.

A 17h, je suis mouillé devant le village de Teluk Ambong.
J’ai parcouru 67 miles pour cette journée de reprise.

Samedi matin, nous repartons dès 6 heures. Un vent de sud-est à 12 nœuds nous oblige à tirer des bords.

A 10 heures, le vent souffle entre 18 et 20 nœuds. Un arrêt à l’île Gaya est décidé, devant Kota Kinabalu : ce fort vent contraire ne doit pas durer plus d’une journée.
Nous entrons dans Polish Bay à 12h30.

Pour me faire virer face au vent avant de mouiller, le capitaine met un moteur en avant et l’autre en arrière … et je ne vire pas ! Problème de transmission ?
Non : mon hélice bâbord a disparu, peut-être avalée par un monstre de la mer de Chine.

Pour être plus sérieux, l’hypothèse d’un serrage insuffisant au montage est retenu.

Nous repartons très top le lendemain : les nuages n’enveloppent pas encore le sommet du Mont Kinabalu.

Hier après-midi le capitaine a monté en plongée une des anciennes hélices à la place de celle qui a déserté.

Dommage, elle était neuve.


Le vent reste faible toute la journée. 
Parfois, il est même totalement absent.

La propulsion mécanique nous fait progresser.


A 16 heures, le Chenal Est de Labuan est embouqué.

Il faut veiller aux ferries qui relient l’île au petit continent qu’est l’île de Bornéo.








LABUAN


Je retrouve la marina de Labuan avant la nuit. Cette fois, je suis à un poste éloigné des bars.

Le capitaine passe commande d’une nouvelle hélice. Elle vient de Suède et son voyage doit durer 3 semaines.
Nous l’attendrons plus loin dans le sud, à Miri.


Une semaine plus tard, le plein de mon bar est fait en duty-free.

Nous quittons Labuan à 14h30 ce lundi 27 novembre.








De LABUAN à MIRI




La rade est toujours aussi encombrée des supplies en attente : le prix du baril de pétrole est bas et l’activité pétrolière vit au ralenti.


Ce navire de commerce met les bouchées doubles pour faire monter la consommation de l’or noir …


… sous l’œil éteint des plateformes au chômage.

Nous nous éloignons au vent de travers : la brise souffle à 12 nœuds et je file à 8 nœuds. Un plaisir.


Toute la nuit, nous naviguons à une dizaine de miles de la côte du Brunei. Le vent oscille autour de 6 nœuds.

Il y a beaucoup de plateformes pétrolières en exploitation et nous croisons la route de nombreux navires de services.

Au matin, nous doublons la Pointe de Baram, entre le Brunei et le Sarawak.



Un peu avant midi, je présente mes étraves face à l’entrée de la marina de Miri.

L’eau change de couleur à l’approche de la côte.







MIRI



Ce n’est pas un monstre marin qui garde l’entrée, c’est juste le phare de la marina.

Impossible de la confondre avec le phare du port du Pouliguen.

Je suis au bout du ponton où une petite demi-douzaine de voiliers anglo-saxons sont amarrés.

Ils organisent une vie sociale autour de la sortie au restaurant le mercredi soir et du BBQ le samedi soir.



Miri est une grande ville, la seconde du Sarawak. Elle a donc ses embouteillages, …




… ses bâtiments administratifs …



… plus ou moins récents.



Le centre-ville est bien pourvu en commerces.






Stationner se voiture est un problème …






… surtout que les « aubergines » veillent.




Ce qui n’empêche pas la population de Miri de remplir les restaurants du matin au soir.



Le quartier de la marina est récent et fait partie d’un vaste projet urbain.


Les accès sont majestueux et un peu vides …
… jusqu’au ponton.


Les distances sont importantes et le capitaine y laisse beaucoup de la gomme des pneus de son vélo.

L’hélice est arrivée à bord.

Un dernier passage au marché et au supermarché puis ne repassons sous le phare de la marina de Miri.







De BORNEO en THAILANDE

Mercredi 13 décembre 2017 - 1er jour


Un vent de SSW à 8 nœuds nous accueille à la sortie du port. 

C’est au près bon plein que j’attaque cette traversée de 820 miles.



Deux changements de cap s’imposent pour éviter des plateformes pétrolières : les pauvres, elles sont clouées au fond.



Le vent faiblit en cours de journée et les moteurs sont à l'ouvrage.

Les nuages restent bas.

Jeudi 14 décembre – 2ème jour


Le vent s’est absenté pendant la nuit et ma progression doit tout aux moteurs.

Ce matin, le vent est dans l’axe de notre route. L’option Ouest est privilégiée pour passer dans le sud des haut-fonds Luconia et Stigant.



Puis virement de bord avec un cap nord nord-ouest.


Je suis abonné au près serré.
De midi à midi, 92 miles : nous avons connus mieux.
Le vent souffle entre 10 et 12 nœuds. La mer n’est pas formée : je trace une route honnête, sans trop fatiguer ma carcasse et sans trop secouer mon capitaine.



17 heures. Vent de nord nord-ouest 12 nœuds.

Virement de bord et cap au 230 ; au près serré bien sûr.

Vendredi 15 décembre – 3ème jour


Toute la nuit, il y a eu beaucoup de bateaux de pêche autour de nous.

Au lever du jour, je suis stoppé par un filet maintenu en surface par des bouteilles d’eau vides.


Coincé dans ce filet, le capitaine ne réussit pas me mettre face au vent pour affaler ma grand-voile.

Elle s’accroche à un bout du lazy-bag et se déchire. 

Après deux heures de couture, il me remet en route.
La journée se passe au près serré, ponctuée par deux virements de bord pour rester sur un bord rapprochant. Parfois, un bateau de pêche m’accompagne un bout de chemin.

Rotation du vent dans l’après-midi : je suis enfin sur la route directe vers la Thaïlande !  Il souffle maintenant à 18 nœuds : le foc est roulé au 1er point et la grand-voile est sous deux ris. Une frégate vient jouer autour des voiles en fin de journée.

Samedi 16 décembre – 4ème jour.
Après un début de nuit relativement calme, les grains se sont ensuite succédés faisant varier le vent de 8 à 20 nœuds.
Les bateaux de pêche sont toujours nombreux sur notre route : les nuits du capitaine sont hachées menues.

La pluie est suffisamment puissante pour écraser les vagues. Moi je suis pris en sandwich entre les deux.
 
 


Dans l’après-midi, un gros morceau de filet abandonné se prend dans la coque bâbord.

Mes voiles sont affalées. A l’aide des moteurs et d’un couteau, le capitaine met une heure à me libérer.


Dimanche 17 décembre – 5ème jour.


Après une nuit de slalom entre les bateaux de pêche, le capitaine a sa tête des jours difficiles.


Le vent souffle maintenant autour de 30 nœuds.

Je reçois les vagues par le travers et elles sont fortes.
C'est aussi violent qu'un massage thaïlandais.


Une vague plus musclée que les autres me casse une cloison et l’oméga de refort de la coque tribord.


L’allure n’est plus tenable.


A 11 heures, le capitaine affale la grand-voile, abat de plusieurs dizaines de degrés. 


 
Changement de cap. Je continue sous foc seul ... vers la Malaisie.
 
Le foc est roulé jusqu’au 2ème point et je courre entre 6 et 8 nœuds sur le dos des vagues.



Le capitaine prend ses repas directement dans la casserole ; le gout est le même et il y a moins de vaisselle à faire … mais ça manque de classe.
Lundi 18 décembre – 6ème jour.


Le vent a faibli un peu pendant la nuit.

Je suis toujours un cap plein Ouest : le soleil se lève dans mes sillages.




Le capitaine doit continuer la veille pour éviter …
… les navires de commerce et les supplies …





… les plateformes pétrolières et autres installations liées au pétrole …



… les bateaux de pêche au repos ou au travail.



Le vent est maintenant orienté un peu plus sud, ce qui permet de faire route de nouveau vers la Thaïlande.
Ma vitesse est toujours bonne, malgré ma voilure réduite. J’ai couvert 150 miles sur les derniers 24 heures


Mardi 19 décembre – 7ème jour.


La nuit passe tranquillement. Les flottilles de pêche ne nous ont pas obligées à changer de route.
Le vent souffle maintenant autour de 10 nœuds. La mer se calme : le capitaine peut de nouveau prendre son café dans un bol … avec quand même une bonne marge de sécurité pour ne pas tacher le napperon antidérapant.




Le ciré est rangé. Il y a comme un air de vacances à bord.
J’avance toujours vite. Ce cargo en route vers Bangkok met toute la puissance de ses chaudières pour péniblement me doubler .




Les horloges, montres et chronomètres du bord ont été retardées d’une heure.

Je cours plein ouest nord-ouest, cap sur le port de Songkhla dans le sud de la Thaïlande.


Mercredi 20 décembre – 8ème jour.


La dernière nuit est la copie des précédentes : bateaux de pêche et navires de commerce sont sur notre route.


Le vent souffle autour de 15 nœuds mais le capitaine me laisse sous trois ris : j’ai assez souffert pour cette traversée.




Mes haubans sont chargés de sel …



… et le rouge du pavillon national a été dilué dans le vent.



Nous naviguons maintenant dans des fonds de 20 mètres alors que la côte est encore à plus de 10 miles.




A 11h30, mes voiles sont affalées et nous prenons le chenal.




L’eau change de couleur, la mer se calme.

Nous apercevons des cargos à quai. Nous sommes arrivées à Songkhla en Thaïlande.







       Une traversée mouvementés de 890 miles à la vitesse moyenne de 5.1 nœuds.