lundi 25 juillet 2016

FIDJI - LE TOUR DE VITI LEVU

DE SUVA A LAUTOKA
 
 

Le mardi 29 mars, nous quittons Suva pour Lautoka, au nord-ouest de Viti Levu.

Depuis deux mois, le capitaine recherche un chantier pour me sortir de l’eau.
A Suva, il n’a obtenu que des refus et ou des devis astronomiques.
Près de Lautoka, il y a une marina. Là-bas peut être je pourrai me mettre au sec …



Le capitaine a prévu au moins deux escales  pour éviter de naviguer de nuit sur cette route côtière.


La première escale est sur Mbengga à 30 miles de Suva.

Petite distance pour la reprise, et un départ reporté de 24 heures : il a fallu changer la drisse de grand-voile, victime des UV.

Un vent d’Est de 14 nœuds nous pousse sous un ciel couvert.


Nous contournons Mbengga pour mouiller en baie de Vaga. Il est 5 heures du soir.

Arriver avant la nuit permet d'éviter les dangers sous-marins et d’apprécier le coucher du soleil.



Le village de Naiseuseu s'anime dès le lever du jour. Les enfants se préparent pour partit à l’école.

Le bateau de ramassage scolaire me salue au passage. Les petits me regardent avec de grand yeux.


Le calme retombe ensuite sur la baie et dans le village.

Les adultes sont plus discrets : ils travaillent.
A 8 heures du matin, le linge est déjà mis à sécher.


Nous partons un peu après. Route directe vers l’Ouest à travers un lagon semé de patates de corail et de quelques îlots inhabités.

Nous sortons par la passe de Thakau Nisithi.

Toute la journée, nous longeons la côte et sa barrière de corail , presque vent arrière sous grand-voile et génaker.

Le vent faiblit et change souvent de direction. Le capitaine enchaine les empannages.
A 18 heures, juste avant le coucher du soleil, nous franchissons la passe de Likuri Harbour.
La mer déferle de chaque côté. Les moteurs prennent le relai des voiles puis l’ancre tombe dans une vaste baie bordée de mangrove. C’est un port  très naturel : pas de quai, pas de grue.

58 miles au loch se soir.

Jeudi, nouvelle journée de navigation. Je n'ai pas le temps de souffler.

Dans le lagon, les pêcheurs se déplacent à la perche. Il faut bien suivre le chenal qui mène à la passe : de chaque côté, il n’y a que quelques centimètres d’eau.

Comme hier, il y a de jolies vagues sur la barrière.
Le même vent d’Est de 10 nœuds nous pousse lentement vers la passe de Navalu.
Nous naviguons ensuite à l’intérieur du grand lagon du nord de Viti Levu : le vent est encore plus faible mais il n'y a plus de vagues pour me freiner.

16 heures : je suis mouillé à l’embouchure de la rivière Dreketi.

Route à la vitesse d’un escargot aujourd’hui : presque 8 heures pour 32 miles. Il faut dire que comme les escargots, j’ai la maison du le dos.
Le lendemain, 1er avril, nous entrons dans la marina de Vuda Point.
Sitôt amarré, le personnel, accompagné d’un guitariste, vient chanter sur le quai devant moi. Il ne manque plus que la couronne de fleurs pour le capitaine.

La marina a une drôle de forme circulaire. Le long des quais, des voiliers de tous les pays se regardent comme des évêques en conclave.

4 jours plus tard, branle-bas de combat : le cyclone Zena est en route vers les Fidji.

Les amarres à terre sont doublées, les pendilles sont triplés, l’entrée de la marina est fermée par un barrage de pneus. Les petits bateaux sont sortis de l’eau.


Sur le terre-plein, tout est sanglé : les bateaux et les jeunes cocotiers.


Finalement Zena nous évite, mais les pluies sont très fortes.




Nous sommes venus ici pour me mettre à terre. Hélas je suis trop large de 50 cm pour le travel-lift.
L’option de la grue mobile est retenue. Une entreprise de levage contactée ; le chef vient me jauger du regard et ne donne plus signe de vie.
Rendez-vous est pris avec une seconde entreprise de levage ; un devis est fait et accepté par le capitaine.
La sortie de l’eau est prévu pour le lendemain.

Le lendemain, mon gruttage est repoussée au jour suivant. 
Le capitaine visite les environs : la marina est implantée en rase campagne, dans la partie de l’île peuplée de familles venus d’Inde au siècle dernier pour cultiver la canne à sucre.

 


La communauté indienne domine aujourd’hui l’activité économique de l’île.

Fidjiens de souche et Indiens immigrés vivent côte à côte dans une tolérance nonchalante. Les cultures ne se diluent pas.

En attendant, Yves m’installe un nouveau pilote. C'est un modèle dit "intelligent". Tout ce que j'attend de lui, c'est qu'il garde le cap et qu'il ne se déclare pas hors service.

 
 
LE RETOUR : DE LAUTOKA A SUVA
 
 
L’entreprise de levage donne une excuse différente chaque jour pour expliquer de l’absence de la grue. Au bout d’une semaine, nous quittons la marina de Vuda Point : ce n’est pas ici que ma carène sera repeinte.                      
Premier mouillage 5 miles plus loin, à Saweni Bay. L’endroit ressemble à une de couverture des livres de navigateur autour du monde.
 


Le capitaine décide d’un retour à Suva en contournant Viti Levu par le nord. Pour voir d’autre paysages mais aussi pour remonter face au vent dans le lagon plutôt qu'en mer ouverte. Il m'économise.


Un deuxième saut de puce de 4 miles nous amène à Lautoka. Je suis mouillé à l’entrée du port de commerce.
Le trafic n’est pas intense : Lautoka n’est pas Rotterdam. Yves fait les vivres en ville.
Dimanche 24 avril à midi, nous partons  de Lautoka au portant sous grand-voile et génaker.
Il fallait d’en douter : 2 heures plus tard, je tire des bords de près dans un vent d’Est de 20 nœuds.

Le foc donne de grave signe de vieillesse : le tissus se délamine sur la chute et part en lambeaux.


De nombreux virements de bord marquent la journée.

Le capitaine attend d’être au ras du platier récifal pour virer. Il économise ses forces et optimise le nombre de bord. La mer est plate et le manque à virer n’est pas à craindre.






Treize virements plus tard, je suis mouillé à Vatia, protégé par l’île Nukuivovo et le plateau corallien de Tavuca.






Le lendemain matin, nous appareillons de bonne heure pour profiter des vents maniables du début de journée.

A midi, il faut prendre un ris.














Le plaisir de naviguer à vue entre île et îlots …

… et les dangers isolés, à fleur d'eau, qui jalonnent le parcourt.

Pour ce type de navigation, cuisine et couchettes sont inutiles.




Le soir nous arrivons à Navuniivi.

La pointe nord de Viti Levu est doublée. Encore un peu de route vers l'Est et je retrouve les allures portantes.

48 miles sur le fond aujourd'hui pour faire 38 miles sur la route directe.






Ici, le cyclone Winston a laissé des traces : les arbres sont dénudés et la nature semble en désordre.




Mardi 26 avril : après une matinée au près entre les récifs de Vatu-i-ra et de Malakati, le vent faiblit et c’est au moteur que nous doublons l’îlot de Naingani.


Dans le lagon Est à de l’île de Ovalau, les arbres autour des villages côtiers n'ont plus que leurs grosses branches. A côté des maisons, des tentes de camping.



Winston a frappé très fort ici : un navire est toujours à la côte.

17 heures, je suis mouillé dans le port de Levuka, face à l’église, aux commerces et à proximité du groupe électrogène.

45 miles depuis Navutiivi à petite vitesse : 4,5 nœuds de moyenne.


Levuka est l’ancienne capitale administrative des Fidji. La ville conserve avec soin le style et l'architecture de son glorieux passé.


Des bâtiments, certainement plus récents, n’ont pas résisté à Winston.

Sur le port, plusieurs sont à terre.


Le capitaine a mis ses chaussures de marche et pris la route qui suit la côte.
C’est la seule route de l’île. Quand on regarde vers l’intérieur, la pente est raide.


Pour faire plus court que la route, les lignes électriques coupent à travers les baies.


Comment ne pas confondre un pêcheur à pieds et un électricien qui tire des lignes.

Et comme les ramasseurs de coquillages, les poseurs de lignes électriques travaillent à marée basse.

Un homme fait du trapèze en haut du poteau positionné sur la pointe : pas de doute, c'est un électricien.

Dans une semaine, il y aura de la lumière au village.


Partout les habitants travaillent à la reconstruction : tout est à refaire.

Des familles vivent encore sous le tente plus de deux mois après le passage de Winston.
 

Le quotidien est toujours à assurer : après la cuisine, le ménage et la lessive, des femmes s’occupent du piège à poissons.
Deux jours plus tard, nous sommes en route pour Suva.
Au près jusqu’au phare de Syria, nous abattons ensuite pour débouler à 9 nœuds vers la passe de Levu.

A 15 heures, je suis mouillé devant le Royal Yacht Club de Suva.
Le tour de Viti Levu a ajouté 315 miles à mon compteur.


Les bords de près ont révélés des faiblesses matérielles. Cinq mois passés dans la chaleur et l’humidité laissent des traces.
Les caisses à outils sont de sortie pendant deux semaines. La chute du foc est consolidée. Le plein de vivres et de carburant est fait. La clearance est à bord.



A midi de lundi 16 mai, c’est le départ pour les Vanuatu.

Cinq mois d'escale aux Fidji : il faut bien s'arrêter pour laisser passer la saison cyclonique.



jeudi 21 juillet 2016

DE BORA BORA AUX FIDJI

BORA BORA - TONGA

Le mercredi 18 novembre 2015 à midi,
nous quittons Bora Bora pour le Royaume des Tonga : 1250 miles vers l’Ouest. 
Le capitaine a décidé d'aller passer la saison cyclonique à Neiafu (île de Vava'u). La période à risque commence en novembre et il pense que la probabilité de prendre un cyclone en novembre est faible. Y croit-il vraiment ? Je ne suis pas associé à ses décisions.
Le vent souffle de l’Est à 20 nœuds. Je suis sous grand-voile seule à deux ris : le capitaine n’a pas le courage de me toiler plus. Ce qui ne m’empêche pas de doubler Maupiti à 18 heures.
Sous cette voilure réduite, le score est de 130 miles en 24 heures lorsque nous laissons Maupihaa à 5 miles dans le sud.
En fin de journée, toujours plein vent arrière, mon génaker est envoyé et ma grand-voile affalée. Pas très orthodoxe comme configuration pour un catamaran, mais très confortable. 
Sans changer ma voilure et sous un ciel alizéen, le capitaine m’annonce 140 miles de midi à midi le vendredi 20 novembre dans un vent de 10 nœuds. Le lendemain, 120 miles : une promenade de santé qui permet à Yves de récupérer ses forces dispersées dans les îles polynésiennes.


Dimanche 22 novembre
Le pilote tombe en panne ; le pilote de secours prend du service. Il ne faut pas qu’il nous lâche celui-là : c’est le dernier.

Sur la photo, que du noir. J’en suis désolé mais il n’y a plus de photos de cette traversée. Je vous dirai pourquoi plus loin. Dommage, c'est la plus épique depuis le départ de France



Je mets quelques photos pour colorier mon discours, mais ce sont des photos d’une autre traversée avec la même route vers l’Ouest là où le soleil se couche.
Lundi 23 novembre
En milieu de journée, nous doublons Palmerston à 12 miles dans son nord.
Ma moyenne journalière progresse : 130 dimanche, 150 aujourd’hui.
Le vent oscille maintenant autour de 30 nœuds. Je suis tiré seulement par mon foc, parfois complet, parfois partiellement roulé quand le vent fraichit.


Mardi 24 à midi : les fichiers météo prévoient un vent très fort pour jeudi. Vava’u, l’îles des Tonga où nous avons prévu de faire escale, est encore à 450 miles et nous n'avons plus le temps d'y arriver avant la tempête.

Le capitaine décide de modifier mon cap de quelques degrés vers le sud pour relâcher à Niue. Nous regarderons passer le mauvais temps à l’abri. Le vent se maintient à 30 nœuds avec des rafales à 35 nœuds la nuit dernière. 167 miles en 24 heures.

Yves tente de réparer le pilote en panne : il ne veut rien savoir et reste en grève : il ne faudrait pas que le second, qui est le plus agé, suive le mouvement
Mercredi 25 novembre.
Le vent est toujours fort, 30 à 35 nœuds. Après quelques jours de ciel couvert, les robinets se sont ouvert et la pluie rince maintenant mon pont. Ce matin nous passons à 15 miles dans le sud d'Antaiope Reef.
A midi, nous sommes à 45 miles de Niue. Les fichiers météo montrent maintenant que le vent s’enroule autour d’un centre dépressionnaire qui se dirige vers … Niue.
Cette île n’a pas de lagon et le mouillage sera exposé au vent au passage de la dépression. L’escale est annulée et le cap remis sur les Tonga. Nous passons à 10 miles dans le nord de Niue.


Jeudi 26 novembre.
Le coup de vent se confirme : l'anémomètre oscille entre 35 et 40 nœuds. La mer est forte : une vague indisciplinée remplit mon cockpit jusqu'au seuil de la porte.
J’avance sous la pluie à une vitesse allant de 8 à 12 nœuds tiré par 3 m² de foc.
Le capitaine m’a fait empanner ce matin pour passer au sud du haut-fond Capricorn Seamont.


A 15h30, la ligne de changement de date est coupée, ce qui permet de supprimer le vendredi 27 novembre du livre de bord. En fin de journée, les rafales passent les 45 nœuds.


Dans la nuit, nous approchons des caps Matautuliki et Matakiniua au nord de Vava’u. Le vent et les vagues m'arrive en plein sur l’arrière. Il va falloir lofer pour enrouler le nord de l’île et à ce moment là prendre la mer par le travers.

Passer près de la pointe pour être vite à l’abri, ou plus au large pour éviter les grosses vagues que peut générer un cap ?
Entre les grains, la pleine lune éclaire la côte qui est maintenant visible.
Finalement, passons à 1 miles des caps. La mer se calme rapidement et le vent tombe à 30 nœuds.

Samedi 28 novembre au lever du jour, nous entrons dans le dédale des îlots qui entoure Vava’u. A 6 heures, mon ancre est mouillée au fond de la baie de Neiafu.
                     1310 miles depuis Bora Bora, presque 9 jours de mer.



Au mouillage, le capitaine "apprend" par la radio locale que nous sommes en alerte.
Le cyclone d’appelle Tuni et il est de catégorie 1.

La photo satellite montre que si nous nous étions arrêté à Niue, nous aurions été en route collision Tuni. A éviter tant pour les hommes que pour les bateaux.





TONGA - FIDJI


L’escale aux Tonga est courte. Le Capitaine a visité l’île et a admiré les paysages. Mais l’ambiance lui a déplu : beaucoup moins de couleurs, de fleurs, de sourires, de musiques qu’en Polynésie.

Le samedi 12 décembre, nous mettons cap à l’Ouest vers l’île de Viti Levu aux Fidji.

Poussé par un vent d’Est de 17 nœuds, nous laissons en milieu d’après-midi l’île de Late dans notre sud.


Devant, le Groupe Lau coupe la route vers les Fidji. Nous emprunterons le Passage Oneata large de 4.5 miles entre les îles de Cakau Lekaleka et de Oneata.


Dimanche 13 décembre

Le vent vient de l’Est Sud-est et souffle autour de 20 nœuds.
A 18 heures, nous sommes à 20 miles du Passage Oneata : il sera donc franchi de nuit.
Par sécurité, le capitaine active nos deux systèmes de cartographie, Open CPN et SAS Planet. Chacune sur un ordinateur différent et avec des GPS distincts.



Lundi 14 décembre

Le passage Oneata est dans le sillage. Le vent faiblit et se stabilise autour de 12 nœuds.



Je porte grand-voile haute et génaker pour …
 … franchir l’antiméridien.

Le « W » est remplacé par un « E » sur le GPS et le chiffre de longitude diminue au lieu d’augmenter.

Ce voyage commence à ressembler à un tout du monde.

Mardi 15 décembre

Au matin, le côte de Viti Levu est visible et à midi, nous sommes dans la Passe Levu. Le vent a disparu à l'approche de l'île.


Devant moi, un grand port et une grande ville.
Le capitaine reçoit à bord les différentes autorités pour faire notre entrée aux Fidji.



Le soir, tout est en règle et le soleil se couche en fanfare pour notre première nuit fidjienne.







SUVA - FIDJI - ILE DE VETI LEVU

 


Je suis mouillé face au Royal Suva Yacht Club, dans la partie nord du port de Suva.
La barrière de corail est à 1,5 miles dans l'ouest.


Il y a n’y a qu’un voilier de passage ici :
Alain navigue avec sa fille Violeta de 8 ans. 

Hasard des rencontres : il est originaire de Saint-Nazaire. C’est encore plus simple pour le dialogue.




Un catamaran arrive des Salomon. C’est l’homme de Cro-Magnon des catamarans.
Son annexe est de la même époque.


Dernière nous, des bateaux de pêche au repos sont agglutinés autour d'un seul coffre. je ne sais pas si ils attendent une nouvelle saison de pêche où des jours meilleurs.


Le débarquement en annexe se fait tout au fond de la marina du Royal Yacht Club.
Là toutes les facilités attendent les équipages : eau douce, sanitaire, bar et restaurant. Les places au ponton sont occupées par les sociétaires qui pratiquent surtout la pêche en mer.


Le soir du 31 janvier, c’est la fête tant au club qu’en ville.
Le capitaine participe aux festivités de la nouvelle année. 

Quand il rentre au petit matin, il constate que ma porte a été forcée. Tous les équipements informatiques ont disparu, ainsi que les jumelles, les tenues de plongés, les maillots de bain, le sac de survie. La cambuse est également vide. Drôle de début d’année.

Avec l’informatique ont disparu les photos prise depuis Bora Bora. Dommage pour les vues de ma navigation dans le cyclone et des paysages des Tonga.


Le lendemain, nous levons l’ancre pour Numbulekaleka Bay, également appelé Trade Bay.Le cyclone Ula se promène sur la région.

Numbulekaleka Bay est un "trou à cyclone" situé à moins de trois miles du mouillage.


De nombreux bateaux locaux y viennent  passer la saison cyclonique dans ce petit abri naturel.


Le ciel est menaçant et le capitaine ne dispose plus des informations diffusées sur Internet.
Le seul moyen dont il dispose maintenant pour suivre Ula est la radio locale.
Alain complète ces informations par la VHF.



Finalement, après bien des hésitation, Ula nous contourne par le sud et nous pouvons retourner au mouillage de Suva.

Nous retournons nous mettre en sécurité à Numbulekaleka Bay lorsque Victor sera en errance non loin des Fidji.

La saison cyclonique, c’est aussi un temps chaud et humide. La mer est à 28° et l’air au delà de 30° de jour comme de nuit.
Ceci n’empêche pas le capitaine d’entreprendre une série de travaux pour me maintenir en bonne santé, voire pour m’améliorer.

Les tableaux de commandes moteurs étaient dégradés par le soleil. Un nouveau tableau en plexiglass, protégé par un panneau étanche, est fabriqué, monté et testé avec succès.
Le design s'inspire du tableau de bord des avion de chasse de la guerre 39/45.



Les charnières en inox des panneaux ouvrants des coques avaient rongé les cadres en aluminium.

Les anciens petits panneaux de pont ont pris leurs places. Leur forme rectangulaire allonge ma ligne et ma beauté en est améliorée.





 Depuis que le bimini est à poste, le grand coffre au pied de la cloison n’avait plus sa raison d’être.

Il est supprimé et la survie est maintenant accessible sans risquer de se bloquer le dos.

Je crois que mon cockpit peut prendre le nom de "salon de pont". Il ne manque que les transats.
Quant à la peinture, le capitaine s'y attelle dès que les pluies se feront plus rares.



Les haubans montés à Saint-Martin montraient des signes de faiblesse : un sertissage avait été remplacé en Equateur.

Ils sont remplacés par des câbles "haute-résistance" et des embouts à visser.

Jeudi 18 février,  nous retournons pour la 4ème fois à Numbulekaleka Bay.
Un nouveau cyclone approche.

Il s’appelle Winston et il semble avoir l’intention de monter en catégorie.
Le capitaine fait une reconnaissance en annexe dans la rivière Veisari. Il y a un seuil à l'entré franchissable à pleine mer. L'endroit lui parait idéal pour encaisser un cyclone.



Le vendredi, beaucoup de bateaux viennent prendre un coffre ou mouiller dans le baie.

Les bateaux en acier, dit « de travail », sont dans la baie voisine. Ils s'amarrent directement aux arbres.

Samedi matin, le capitaine pensait entrer dans la rivière Veisari.
Mais Winston arrive plus tôt que prévu et il n’est plus possible de s'en approcher quand la marée est haute. La mer fume déjà.
Devant mon étrave tribord, un voilier hollandais commence à chasser sur son ancre : c’est le seul qui n’ait rien préparer pour encaisser le cyclone.
Yves me manœuvre aux moteurs pour l’éviter.
Il passe et termine sa course dans la mangrove. Son équipage n’a rien tenté.
Je suis agrippé par 60 mètres de chaine à mon ancre Rocna de 33 kg. Elle tient bon.


A midi, le vent est très fort. La salle de restaurant flottante du Novotel voisin largue ses amarres et va se placer face aux chambres.
Pour sauver cette structure flottante, les personnels de l’ hôtel sont devenus lamaneurs pendant une heure.

La mer fume à quelques centaines de mètres de nous. Si le vent tourne, nous nous trouverons en très mauvaise posture.



Dans les rafales, le vent passe maintenant les 50 nœuds à l'intérieur de la baie. A l’extérieur je ne sais pas mais je ne voudrai pas y être.

A 20 heures, le vent faiblit et est quasiment nul à 22 heures : il vient maintenant du nord et nous sommes à l'abri sous la côte sud.
Dimanche matin, concert de marteaux sur la tôle ondulée : les habitants alentour réparent leur toit.
Ici, presque tous les arbres sont debout. Par la radio, nous apprenons que Winston est passé un peu plus au nord que prévu, sur Vanua Levu, à 50 miles d'ici.
Là-bas, les dégâts sont importants ainsi que sur la côte nord-est de Viti Levu. Il y a des victimes. Beaucoup de bateaux au mouillage ou sur coffre à Savu Savu sont endommagés voir détruits.


Le voilier hollandais, le Lay Lady Lay, est arraché de la mangrove et retourne au mouillage sans avarie.


Deux jours plus tard, nous retournons à Suva.

Des bateaux restés sur rade ont fait côte.



Chacun reprend sa place sur le mouillage, au calme après la tempête.

Nous mesurons la chance que nous avons eu : Winston aurait pu passer par ici plutôt que sur Savu Savu.



                               
                              A suivre très bientôt ...