dimanche 20 août 2017

25 ESCALES AUX PHILIPPINES - chap 3


      Lundi 27 février 2017

Nous venons de quitter Masbate, cap au nord-ouest.

Dans la matinée, le vent oscille du NE au SE, passe de 5 nœuds à 18 nœuds.
Ma voilure passe du foc au génaker, puis retour sous foc avec un ris dans la grand-voile.

Le capitaine ne chôme pas.

Il faut dire que nous naviguons entre des îles. Le vent est malmené par les collines, les vallées, les pics et autres caractéristiques du relief.

Yves a placé une marque "Homme à la mer" sur l'île de Boracay. Notre route contourne ce point à plus de 100 miles. Pourquoi ?


BAIE DE GUINDUGANAN



Tout l’après-midi, nous longeons la côte ouest de l'île de Burias.

A 17 heures, mon ancre tombe en baie de Guindugana, au nord de cette île.
57 miles depuis Masbate : c'est une performance honnête  dans ces vent variable.




Rien n’est visible ou presque.

Des embarcations et de la fumée attestent d’une présence humaine.
Le capitaine ne débarque pas : il se repose.



Le lendemain matin à l’aube, nous mettons le cap à l’Est.
Nous doublons la pointe Bondok qui est sur la grande île de Luzon.
Le vent passe de 9 à 18 nœuds, puis revient à 12 nœuds. Manœuvres fréquentes sur mon pont.



Beaucoup de trafic : des petites bankas très rapides, avec un seul homme d’équipage, sillonnent la mer entre les îles. L'oreille est plus utile que l'œil pour les repérer. Quelques une font le détour pour voir le yacht qui avance à la voile dans ce monde motorisé.
BUYABUD
 


Nous passons entre l’île de Santa Cruz et l’île de Marinduque.

Journée de navigation rapide avec une vitesse moyenne de 6,5 nœuds sur les 65 miles parcourus.



                                                                    
Après avoir touché délicatement le fond du chenal de ma dérive tribord, le capitaine mouille mon ancre avant 17 heures dans le port de Buyabud.

Le port est à plus d’une heure de marche du village. Cela fait les affaires des tricycles qui pratiquent des tarifs digne d'une station balnéaire..
Mon capitaine n'apprécie pas et …

… décide de repartir le lendemain.

Nous suivons une banka cette fois.
Le chenal n’est emprunté que par des habitués et  le balisage n'intéresse personne.



Nous entamons une vrai navigation côtière pour contourner l’île de Marinduque par le nord.




Nous naviguons à moins de 2 miles de cette côte accidentée : un plaisir pour les yeux.



Pour éviter la monotonie, une petite place est faite parfois pour une plage de sable blanc.







BALANACAN

 


Après avoir embouqué le goulet, nous virons la Sainte Vierge Marie posée sur l’îlot Salvaria.

Nous mouillons derrière elle, forcement bien à l’abri de tout danger.



Lorsque le capitaine tourne le dos à la Sainte Vierge, il voit un pilonne bardé de transmetteurs en tout genre qui émerge des cocotiers.
Nous serons bien servi en liaison Internet, l'autre dieu de ce siècle.



Le débarquement se fait sur le plage.

Puis il faut traverser un quartier sans rue, mais avec des passage entre les maisons.



Balanacan est le port principal de l'île de Marinduque. C’est ici que relâchent les ferries pour Manille.

C'est donc ici aussi que tricycles et jeepney prennent le relai des navires.



Pour faire quelques achats, le capitaine a pris un jeepney jusqu’à Boac.  

C’est la capitale de Marinduque : grand marché de produits frais et un supermarché de la taille ... d’une supérette.




Le tricycle est ici aussi le vecteur de transport majeur.

Aucune étiquette ne mentionne la charge maximale autorisée.



Au mouillage, je vois autour de moi le quotidien aquatique des Philippins d'ici.


Pêche en famille : bébé apprend et ensuite il pêchera comme Papa.



Il y a aussi le passage de petites bankas les matins où il y a école.



En fin d’après-midi, c'est le retour des petites têtes pleines de chiffres et de lettres.



Le 7 mars, Yves fait ses adieux à ses amis de Balacan.

Au passage, il salue chapeau bas la Notre Dame d’ici. 
Sous foc et grand-voile, j’allonge la foulée dans un vent de 12 nœuds vers Puerto Galera.

 
Le vent adonne et mon génaker est déroulée.
 
Le capitaine assure une veille attentive : il y a des îles flottantes au ras de l’eau que rien ne signalent, mais elles sont entourées de petits bateaux de pêche. Constituées d'un assemblage de troncs d’arbre, les poissons viennent se mettre à l'ombre dessous.
 
 
 
 
Avec les ferries, le jeu est plus simple. Ils sont nombreux et rapides mais sans surprises.
 
 
 
A 16 heures, nous sommes dans la passe Manille, au nord-ouest de Puerto Galera.




 




PUERTO GALERA

 
 
La baie de Muelle, face au village, est saturée de voiliers.
Le capitaine choisit de me mouiller dans la baie voisine où je peux éviter en toute tranquillité.
 
 
 
 
Je fais face à un hôtel et à une langue de sable qui me protège de la houle et laisse passer un petit vent rafraichissant.
 
 
 
Un catamaran volant est tombé amoureux de moi.
Il arrive chaque matin à heure fixe et passe me saluer ...
 
 
 
… puis il s’amarre à un ponton quelques instants. Des passagers descendent, d'autres montent.
 
Quelques minutes plus tard, il revient me voir, frimant avec ses moteurs à fond.
 
Après m’avoir aspergé d’embrun, il monte et passe au dessus des collines et disparaît jusqu'au lendemain.
 
Je sais qu'il existe des catamarans volant sur des foils. Mais lui il est beaucoup plus fort : il vole sans foils !
 
 


Entre temps, son ponton est libre.

Le capitaine en profite pour se l'approprier pour le plus grand bonheur de l'annexe.


Les deux voiliers qui étaient avec nous à Yap, Helios et Quisas,  sont mouillés près de moi.

Je pense que les capitaines avaient dû rêver ensemble de Puerto Galera.


Régulièrement, un de nos cockpits devient salon vers six heures du soir.

Je ne suis pas autorisé à rapporter ce qui se dit lors de ces causeries informelles ... et c’est préférable.




A une encablure de mes étraves, une belle plage au jolie nom de Sandbar (barre de sable, pas café de sable)





Tout est parfaitement entretenu et fleuri




Les bankas sont alignées au cordeau pour la nuit.



De l’autre côté de la langue de sable, la mer est ouverte sur le large. 

Une famille retourne à son domicile vers le soleil couchant.


Depuis quelques jours, le capitaine nettoie et range et astique l’intérieur de la coque bâbord réservé aux invités. Nous allons de la visite.


Sylvie embarque …


… accompagné de son frère Fred.


Le voyage est long depuis Montpellier. Mais dès le descente de la banka, la San Miguel sait faire oublier la fatigue et les péripéties.



Le village Puerto Galera dispose d’un feu tricolore : c’est le premier que voit le capitaine depuis Papeete !

Là, il est vert.

Là il est rouge. 

Mais mieux vaut se dépêcher de traverser la rue parce qu'il va redevenir vert.




Derrière la rue principale, après les petits commerces, il y a le marché.




Propre, ventilé, ...

... bien achalandé, bien organisé : bref c'est un plaisir que d’y aller tous les jours ou presque.

Et il y a le sourire de la crémière, de la charcutières, de la marchande de légumes, de la marchande de fruits, et bien d'autres encore.


Des jeepney assurent la liaison avec Sabang,

C'est un lieu de perdition pour les marins et les hommes seuls en général comme savent faire les Philippins.
Heureusement Sabang Beach est à plusieurs kilomètres de mon mouillage.

Fred rentre en France.
Le premier moyen de transport est une banka.
Après il y aura des bus, des avions, des trains jusqu'à Montpellier. Mais sans ce bateau, la suite est inutile. Peut-on affirmer que nous les bateaux sommes la graine d'origine du transport ?



Beaucoup de fruits et de légumes sont passés des étales du marché à mon filet sous les panneaux solaires: le départ est proche.



Ce sera pour demain.

Un dernier couché de soleil derrière Sandbar (en un seul mot).

Jeudi 23 mars.


Nous sommes partis du mouillage.

Puerto Galera est notre plus longue escale aux Philippines : plus de deux semaines !


Mes étraves se présentent face à la passe Manille à 7 h 30. Mais nous n'irons pas à Manille.
C’est ici que ma route vers le nord se termine : les prochaines escales seront vers le sud en direction de Palawan.