samedi 18 mai 2019

L'OCEAN INDIEN EN DIAGONALE


LE CALME BLANC
 
 
 
 
Samedi 13 avril 2019
 
Nous sommes en route pour l’île Maurice.
 
Cette île est de l’autre côté de l’océan Indien, et dans l’hémisphère sud.


 
Calme plat, calme blanc, pétole ...au choix.
 
Dans tous les cas, c'est le moteur qui me fait avancer.
 



Nous avons rendez-vous avec l’alizé du sud-est au 8ème parallèle sud.
 
Le capitaine sait qu’avant, nous aurons des vents nuls, faibles et variables.

 
 
Nous croisons la route des cargos qui vont du détroit de Malaka vers le canal de Suez.
 
Ils sont très nombreux, et dans les deux sens.

 
 
 
 
 
 
 
Du coucher au …

 
 
 
… lever du soleil ...

 
 
 
 
… et inversement : le calme blanc à perte de vue.



Le capitaine descend dans le compartiment moteur tribord pour chercher l’origine de la panne.
Il trouve : le MDI (boitier électronique) est hors service.
 
Il se souvient alors d’un email reçu du concessionnaire Volvo-Penta l’informant d’une campagne de rattrapage concernant ce boitier. Trop tard !





Et toujours pas le moindre souffle de vent.




Les nuages dans le ciel …






… sont un signe. Mais un signe de quoi ?





Les rares et éphémères risées sont à 4 nœuds, de face.



Le moteur bâbord tourne jour et nuit.

Le capitaine fait des calculs : il faut 0.27 litre de gas-oil pour faire un mile.
Le 8ème parallèle sud est encore à 600 miles : il n’y a pas suffisamment de carburant à bord pour l’atteindre.
Il faudra bien que le vent se montre.
 
  


LA MOUSSON DE SUD-OUEST
 

Mardi 16 avril – 4ème jour de mer.

Il y a eu un peu de vent cette nuit. Contraire certes mais du vent.

Il a faibli ce matin et nous marchons à voile et à vapeur.

La température de l’air chute de 1 ou 2 degrés.
En fin d’après-midi, un grain nous prend. 







Il monte jusqu’à 30 nœuds et dure jusqu’à minuit.





La forte pluie qui l’accompagne n’affecte pas la curiosité des oiseaux marins.



Ma trace électronique sur la carte de l’océan Indien reflète les conditions rencontrées. Vent variable en force et direction, mais toujours globalement opposé à la route.


Virement de bord, prise de ris, … le capitaine est en permanence à la manœuvre pendant 24 heures.





Il enfile de ciré jaune, sans bloquer aucune route maritime.





Enfin, nous naviguons à la voile.




Mais parmi les grains …




… et sous un ciel de « poteaux noirs ».




Nous progressons beaucoup moins vite que prévue.


Le capitaine fait l’inventaire des vivres …




… et établit les menus pour les 3 semaines à venir, en fonction de ce qui reste dans la cambuse.

Il ne devra pas y avoir de famine à bord.




Il est clair maintenant que nous sommes face à la mousson de sud-ouest.

La route du Sri Lanka vers Diego Garcia est aussi sud-ouest !
Maldonne.




Notre route change : le capitaine met cap plein sud pour toucher l’alizé plus rapidement.

Nous sommes toujours au près serré.




L’équateur est franchi dans la nuit 17 au 18, par 77° 13’ Est.

C’est la 7ème fois depuis le début du voyage que nous coupons cette ligne imaginaire.



La mousson du sud-est est attendue en Asie pour arroser la terre.



Elle transporte des nuages chargés d’eau …




… qui parfois se lâchent sur nous. Il y a souvent des pertes au cours de transport.




Malgré la concentration du capitaine, la progression vers le sud est lente …




… et les changements de voilure sont fréquents.





La vie domestique s'organise avec une lessive hebdomadaire …



… et des conversations en fin de journée avec les oiseaux de passage.




J’ai le réservoir de gas-oil tribord plein et le bâbord vide : c’est de ce côté que le moteur fonctionne.





Le capitaine fait le transfert à l’aide des jerrycans.

Il ajournait cette opération depuis un moment : maintenant c’est fait.





Immuables, les couchers de soleil sont suivis …



… des levers de soleil.


Ils rythment la vie à bord puisque nous n'avons pas le JT.



Les grains se dirigent vers moi, me couvrent …



… puis continuent leur route vers le nord-est.
Mes étraves fendent la vague …
 





… puis donnent naissances aux sillages qui laissent leurs traces éphémères à la surface de l’Océan Indien.
 
 
 
 
 
OU EST L’ALIZE DU SUD-EST ? 
 

Mercredi 24 avril – 12ème jour de mer


Aujourd’hui, nous coupons le 8ème parallèle sud.

Les livres et les fichiers météo disent que c’est ici que commence l’alizé.

Une hirondelle ne fait pas le printemps, et une frégate ne fait pas l’alizé.


Mon capitaine me met cap à l’ouest sur le 8ème parallèle : c’est là que nous avons rendez-vous avec le vent de sud-est, il doit venir ici.



Un navire passe à l’horizon et poursuit sa route, indifférent à la direction du vent.

Chacun sont truc



Au coucher du soleil, le capitaine me remet cap au sud.

Le ciel ne ressemble pas à un ciel d’alizé.



Au lever du jour, changement de décors : soleil …

…et ciel bleu.


Cela faisait 6 jours que nous étions sous les nuages.
Grande séance de séchage.

La durée de la traversée vers à l’île Maurice s’allonge.

Nouvel inventaire de la cambuse et nouvelle liste des menus, avec cette fois une estimation d’arrivée au 8 mai.

Le boulon que tient le vit de mulet se desserre sans arrêt.

Par sécurité, un brelage est fait pour que la bôme reste solidaire du mat.




Le capitaine regarde ma girouette …




… et scrute le ciel.




Je suis toujours au près serré et le 10ème parallèle approche.




Le vent vient toujours du Sud-sud-ouest et nous tirons bord sur bord pour profiter de la moindre variation.



Ce soir, le ciel n’a vraiment plus rien d’un ciel de mousson : il ne transporte plus d’eau.




Le vent reste sud-ouest mais il faiblit.




Chaque changement du ciel ou du vent est un signe que le capitaine essaie d’interpréter.




Au coucher du soleil, je suis toujours au près serré mais sur le cap de l’île Maurice.
 
 
 
 
 
 
 
  ALIZE DU SUD-EST
 


Samedi 27 mai 



Depuis le milieu de la nuit, je suis au vent de travers.





Le capitaine soigne les réglages de mes voiles …




… nous avons touché l’alizé, au 15ème jour de mer.





Les écoutes sont choquées …





… je peux foncer.
La houle m’arrive du trois quart arrière ou par le travers : elle est plutôt désordonnée.
 





Mon  capitaine est satisfait de mes moyennes journalières qui passent non seulement sont au-dessus de 100 miles par jour, mais elles flirtent avec les 200.





Ma voilure est souvent réduite : foc roulé jusqu’au 2ème point et grand-voile avec 3 ris de pris.


L’alizé souffle entre 18 et 20 nœuds.
Et sous voilure réduite, au vent de travers, c’est quand même le grand chahut à bord.






Le lever et le coucher du soleil ponctue toujours les journées : 6 h AM - 6 h PM





Après 6 jours de vent de travers musclé, le capitaine se réjouit d’arriver prévue pour demain.





Au lever du soleil, le 3 mai, nous avons déjà doublé les îlots situés au nord de l’île Maurice.





Le long de la côte, l’inévitable barque de pêche nous souhaite la bienvenue.





Port Louis est maintenant bien visible au pied des montagnes …


 




… et à  9 heures 30, nous entrons dans le port. Le 21ème jour de mer se passera à terre.




La traversée fut laborieuse : 20 jours de navigation, 2316 miles de parcourus pour 2100 miles de route initialement prévue.

Les deux premières semaines, hormis les deux premiers jours avec 124 et 128 miles au moteur, les distances de midi à midi sont de 89, 72, 72, 97, 75, 64, 80, 95, 88, 111, 90 miles.

Les six jours dans l’alizé du Sud-est : 136, 178, 168, 163, 196, 193 miles.

Christophe Colomb savait un voilier avance bien aux allures portantes : rien n’a changé sous le soleil des tropiques. 
 
Je peux maintenant rejoindre le petit club des voiliers qui ont traversés les trois océans de notre planète.