jeudi 28 mars 2013

République Dominicaine : Saint Domingue et autour de Saint Domingue

De Bayahibe à Boca Chica

Lundi 4 février, 8 heures du matin, l’ancre est sur la poutre : cap sur Boca Chica. Mon spi est à poste et mes sillages se tracent sur une mer calme.

Les 45 miles qui séparent Bayahibe de Boca Chica sont couverts par un petit vent portant de 6 nœuds.

A 16 heures, nous entrons dans la baie de San Andrès et 45 minutes plus tard, nous franchissons la passe du lagon de Boca Chica.

Prise d’un coffre face la plage …

… et derrière la barrière de corail nous protège de la houle.

Marina « tout confort » juste à côté. Le prix de la place à quai est en rapport avec le confort ; la langue usuelle au bar – restaurant est l’anglais.

D’où je suis, je vois des enfants chatouillent les coquillages …

… ou suivent sagement maman.

En ville, les Dominicains s’affairent à leur rythme.

Commerces en tout genre dans la rue principale.

A partir d’un certain âge, on peut bloquer le passage sur le trottoir

… en regardant la sortie des classes.

L’escale ne présentait pas beaucoup d’intérêt pour mon capitaine et surtout, payer 20 dollars par jour n’incite pas à s’éterniser. Le jeudi 7 février à 11 heures, le coffre est largué.


SAINT DOMINGUE

Une navigation de 25 miles bouclée en 5 heures sous genaker : beau temps belle mer pour rejoindre la capitale. 

A 15 heures, nous approchons de Saint Domingue : l’horizon est couvert d’immeubles .3 300 000 habitants, ça prend de la place !

C’est ici que Bartolomeo Colomb (petit frère de Christophe) a décidé de s’implanter en 1493. Depuis, les statues ont poussées.


C’est un port de commerce actif. Y aura-t-il une place pour moi, navire de plaisance sans but lucratif ?

La ville est bien protégée : trois lignes de défenses. La muraille de conteneurs doit être contemporaine. Résistera-t-elle si Sir Francis Drake revient ?

Nous remontons le fleuve Ozama jusqu’au premier pont. La verdure vient à nous.

Enfin, il y a un quai pour la plaisance avec un barrage flottant pour ne pas être envahi par les herbes à la dérive. Je suis le seul bateau étranger.

Mais dès sa première sortie en ville, le capitaine détecte un grand danger :

Je suis amarré dans la ligne de mire d’un canon, ancien certainement, mais il me vise et le feu rejaillit bien d’un ancien volcan.

Yves me déplace de 200 mètres vers l’amont et je peux dormir tranquille. De ma tête de mat, je vois toute la ville …

.. et bien sûr Christophe Colomb qui occupe sa retraite en montrant le chemin aux pigeons.

Saint Domingue et plus particulièrement la « zone coloniale », regorge de monuments historiques et de musées

 Certains monuments ont échappés de peu à une disparition totale (là c’était la douane et la douane n’est pas prête de disparaitre),

D’autres ont un besoin urgent de travaux,

Et puis beaucoup sont hors d’eau et habités : bureaux, musées.

Les églises traversent bien les siècles. Il faut du solide pour la foi.

La demeure du XVI siècle où vécu Cortès est aujourd’hui l’Ambassade de France. Tiens, il est bientôt onze heures et demi, et il  y en a un qui n’est pas encore arrivée au travail : la quille le trahit !

Une autre rue de la ville historique,

Une placette,

Le tout est placé sous la surveillance permanente de la police touristique. C’est une police en chemise blanche, facile à repérer.

Saint Domingue, c’est aussi des maisons à l’architecture espagnole

Il y a une rue piétonne, Calle Conde. Très pratique pour jouer aux dominos sans gêner les voitures.

Les Dominicains de la capitale ont le même sourire que ceux du reste de l’île.

Un galion espagnol de passage. Il n’est pas le premier à venir à Saint Domingue, mais peut être le dernier !

Celui-ci est plus récent : c’est un ancien voilier école de la République Dominicaine.

J’ai vu passer pendant notre escale deux voiliers battant pavillon français : celui-ci, le « Club Méditerranée 2 » …

… et puis celui-là, Marie Morgane. Il y a sept différences entre ces deux voiliers français. Cherchez bien. La différence de couleur ne compte pas pour ne pas handicaper ceux qui ont un écran en noir et blanc.

27 février, jour de la fête nationale. Le défilé militaire.



C’est carnaval dans tout le pays sauf à Saint Domingue puisqu’il y a le défilé militaire. Le carnaval aura lieu le samedi suivant. Bon, ça n’empêche pas certain de se déguiser.

Mon capitaine a revêtu sa tenue du dimanche pour l’occasion, et moi j’ai mis le pavillon national.

Toutes les familles descendent sur la Malecon, la plus longue avenue de la capitale, le long de la mer

Les commerçants sont sur le pied de guerre.

Le défilé militaire, c’est une bonne opportunité pour chercher un mari avec une situation stable à défaut d’être bien rémunérée.

Un mot aux p’tits gars. Ils sont grands quand même ces petits gars !

Personne ne saura ce qu’elles ont dit aux hommes de troupe, mais elles sont très contentes d’elles.
Pour certain, c’est du travail à perte de vue. Le chiffre d’affaires du mois sans doute.

Des vocations naitront de la parade ?


Peut-être, mais c’est mieux en moto, non ?


 Allez, les choses sérieuses commencent. Non seulement les humains défilent …
… mais nous autres bateaux avons aussi nos représentants.

Retour à la vie dominicaine et à une activité de la jeunesse dominicaine : le cerf-volant

Il est fait maison en général : baguette de bois, sac plastique, fil récupéré sur un vêtement, bobine en bouteille plastique.

Toujours un pied négligeant sur l’engin pour éviter un départ intempestif du dispositif.

Les luttes dans le ciel sont sans merci …

… et les fils électriques ont généralement le dernier mot.

Retour sur le fleuve Ozama qui traverse la ville …

… et haut lieu du recyclage du scooter de mer. Il y a sept points communs entre ce « bateau de pêche » et un chalutier de Fécamp (en dehors de la couleur, bien sûr). Lesquels ?

Revenons à nos moutons, ou plutôt à Free-Lance. L’escale de Saint Domingue est également une escale technique, de la cale à la tête de mat.

Pour la cale, c’est la révision des moteurs : il faut bien y plonger de temps en temps. La spéléo, ça change de la plongée.

En tête de mat, c’est la mise en place d’un système fiable pour que la drisse de grand-voile ne se coince plus. Plusieurs ascensions seront nécessaires pour atteindre cet objectif.


L’intérieur de l'île
Après tant de travail, mon capitaine est parti en vacances, au volant d’une « jeepeta ». Il m’a raconté en rentrant.
Il a d’abord faut route sur San Pedro de Macoris. C’est sur la côte et il y a bien entendu un Malecon.

Sur les places les enfants jouent sans la surveillance des parents. Pays de rêve pour les moins de 10 ans.

Dans les faubourgs où chacun fait pousser ses bananes, pas de problème de stationnement.

Comme dans toute la République Dominicaine, la musique est omni présente et « à fond ». Quitte à sacrifier un véhicule.

Passage d’une manifestation de soutien à un chanteur en délicatesse avec la police : il a eu les cheveux coupés courts.

Manifester c’est bien, mais pas à pieds quand même !

Et puis ça permet aux enfants de suivre.

Route sur Santiago de los Caballeros, au centre du pays, à 150 km au nord de Saint Domingue.

Ville avec son monument aux héros de la patrie.

Qui a dit que les héros fatiguent ?

Comme dans toutes les villes du pays, le petit commerce de rue est roi

Passage par les plaines fertiles : ici les rizières dans la région de Cotui.

Puis un peu de montagne près de Jarabacoa.

La cordillère centrale de l’île comprend le point culminant des Caraïbes : le Pico Duarte, 3098 mètres. Yves s’est arrêté au pied et n’a pas mis sa tête dans les nuages.

Des paysages arides …

Des paysages verdoyants : il faut de tout pour faire une île.

Etendue d’eau … sans bateau : trop haut sans doute.

Arbres et arbustes en tout genre.

L’herbe est aussi verte dans ce pré que dans le champ d’à côté.

Taureau noir comme en Camargue,

Vache blanche comme en Normandie.

Le cheval lui ne passe pas ses journées dans les prés à manger de l’herbe : il assure les liaisons inter-fermes. Mais sans horaires.

Et puis dans la campagne, il y a les fermes. Sans elles la campagne seraient la brousse.

Attention, un bananier peut cacher un caféier tout pousse.

Retour à Saint Domingue par l’autoroute. Ici, la bande d’arrêt d’urgence est utilisée par des commerces en tout genre. Les véhicules lents roulent sur la voie de gauche, c’est plus prudent.

Retour à bord. L’escale dure depuis un mois et demi. Il est temps de pointer mes étraves vers ailleurs. Le 20 mars, nous mettons le cap sur la sortie du port puis vers l’Ouest.


dimanche 17 février 2013

République Dominicaine : côte sud-est

De Santa Barbara de Samana à Bayahibe

Lundi 21 janvier 2013, 8h30 du matin heure locale, début des manœuvres d’appareillage pour rallier Bayahibe sur la côte sud de la République Dominicaine.

Tout dessus, nous tirons des bords face à un vent d’Est Sud-est de 10 nœuds pour sortir de la baie de Samana.



Nous allons faire le tour de la pointe sud de l’île d’Hispaniola.
150 miles et aucunes escales au programme.


Le vent est monté en début d’après-midi et il a fallu prendre un ris. En fin de journée, nous sommes devant la pointe Nisibon et le vent se calme. Toute la grand-voile est renvoyé ... la drisse semble un peu dur sur la fin !



Mardi 22 janvier 

Nous sommes passés au large de Punta Cana et du Cap Engano pendant la nuit. C’est dans ces eaux que se trouve l’épave de l’El Dorado, navire amiral de Bodadilla (vous savez, c’est lui qui a renvoyé Christophe Colomb enchainé en Espagne). Bon, dans la nuit, je n’ai pas vu l’épave.

Au lever du jour apparait l’île de Saona que nous contournons avant de mettre cap au nord.

Arrivée devant Bayahibe, rébellion  de la grand-voile qui refuse de descendre de manière franche et définitive. La drisse est coincée en tête de mat, 17 mètres au-dessus du pont. Nous mouillons l'ancre un peu à l’écart grand-voile haute.
Yves part à terre chercher de l’aide pour monter au mat. Il revient avec José, seul pêcheur présent sur la plage à 2 heures de l’après-midi.
José n’a jamais vu de winch, qu’il soit à une ou deux vitesses ; il n’a jamais vu non plus de bloqueur de drisse. Une rapide formation et il monte mon capitaine en tête de mat. Le couteau a raison de la drisse et je me retrouve enfin avec ma grand-voile dans le lazybag.

Bayahibe



Nous mouillons dans la baie de Bayahibe après avoir choisi un fond sableux entre les zones de corail.
Très vite, les oiseaux viennent voir les possibilités de logement et accompagner la musique locale.




Je me sens en famille ici, voir en communauté : il y a plus de 30 catamarans qui vivent ici.


Tous les matins, entre 9 et 10 heures, ils font le plein de passagers pour l’île de Saona.



Les trampolines et les nacelles se couvrent d’Américains, de Canadiens, de Français, d’Italiens, …
Ils reviennent vers 4 heures de l’après-midi, beaucoup plus bruyants que le matin : à cause du rhum ou de la musique ou des deux ?






Tous les jours également mais un peu plus tard, ce voilier rentre au port après une journée de travail plus traditionnelle.




Les rues du village de Bayahibe : un autre monde que le bord de mer …





… fait de tranquillité.



Une aire d’entrainement pour les futurs champions de baseball.



L’agressivité commerciale des conducteurs de motoconcho est au diapason.







Casa de Campo




Escale de deux jours à la marina de Casa de Campo, située deux miles dans l’Ouest de Bayahibe. Je suis tout petit et d’un autre monde avec mon mat.


Marina de très haut standing où s’alignent les gros bateaux à moteur. Après une journée à sillonner la mer propulsée par tes moteurs diesels, tu montes dans ta voiture électrique pour préserver l’environnement !
Yves est parti se promener à pied dans Casa de Campo. Une promenade dans un jardin de 7000 ha parfaitement entretenu.




Julio Iglesias, Bill Clinton, … et bien d’autres de leurs amis y ont une villa.



C’est la revue « Maisons et Jardins » en 3D et à l’échelle 1 …




… tant pour les maisons que pour les jardins.



Entre les maisons les terrains de golf : il y en a 3 (de terrains de golf, pas de maisons).



Un habitant ! Non, un jardinier. Ce sont les seules personnes croisées au cours d’une après-midi de marche. Pablo très fière de Casa de Campo qu'il "cultive" depuis 15 ans.




Une route pour les résidents et leurs voitures électriques ; une autre pour les Dominicains et leurs camions.

Yves a profité des eaux calmes de la marina pour monter en tête de mât et me repasser ma drisse de grand-voile. Il y aura quelque chose à faire plus tard pour que ce type d’incident ne se reproduise plus.





Retour à Bayahibe : ici il y a des enfants dans la rue.


Visite de la famille. Eve et de son mari Sébastien, en pleine lune de miel (c'est effectivement la pleine lune) à Punta Cana. Ils ont apprécié pendant une journée l’eau claire qui entoure mes coques.


Deux semaines d’escale à Bayahibe : le temps passe vite quand on regarde les bateaux qui partent le matin, puis qui reviennent le soir.
Et ce tous les jours de la semaine.