jeudi 21 novembre 2013

Venezuela, deuxième visite


LOS TESTIGOS



Ce samedi 6 septembre 2013, le soleil se lève dans mes sillages. Un vent de force 5 m’a poussé toute la nuit. Sept navires de commerce ont croisé notre route : de quoi maintenir le capitaine éveillé.



Les Testigos montent sur l’horizon juste dans mes étraves : la navigation avec un GPS et une carte électronique est vraiment sans surprise.



L’île de Conejo est laissée sur tribord : les 90 miles depuis Grenade ont été fait à 6,5 nœuds de moyenne.


Nous croisons deux peñeros qui foncent entre Testigos Grande et Iguana : aucun doute possible, nous arrivons pour les fêtes de la Virgen Del Valle.


Après un premier mouillage derrière l’Isla de Langoleta, nous allons ancrer sous l’Isla Cabra, devant le village d’Iguana Grande.
Surprise, il y a une connexion internet … via la wifi des garde-côtes.



Sur la plage devant le village, c’est l’effervescence : chargement de l’essence …
… et de la bière pour suivre le bateau de la Vierge. Du carburant, il en faut beaucoup (heureusement il est presque gratuit au Venezuela) : certain peñero ont jusqu’à cinq moteurs hors-bord.



Un zoom sur ces peñeros « de courses » : coque en bois très fine, un banc pour fixer la nourrice d’essence, deux petit banc pour l’équipage, un moteur de 75 cv. Ils volent sur l’eau.



Les familles embarquent avec les provisions pour la journée : la pose déjeuner se fait en face, sur Testigos Grande.



Après quelques allers et retours devant la plage, toutes les embarcations se regroupent pour former la procession flottante.



Je suis un peu à l’écart de cette agitation. Mais quand même bien secoué par les vagues des sillages.




La page se vide pour la journée. Ces dames ont mis leur chapeau comme la Reine d’Angleterre. Mais ici c’est pour se protéger du soleil, pas uniquement pour faire toilette !


Nous ne sommes pas au pays des esquimaux, mais la plage est couverte d’igloo. Demain matin, le sable aura disparu sous les canettes de bière.





En fin d’après-midi, les bateaux reviennent.




En premier les peñeros, moteur(s) à fond.



Puis la lancha de la Virgen Del Valle ; avec elles les personnalités civiles, militaires et religieuses présentent pour la fête.



Tout ce joli monde se croise dans un grand désordre mais sans abordage.
Petit à petit, les embarcations arrivent à la plage ou mouillent juste devant.




La cérémonie religieuse est suivie de la fête païenne : feu d’artifice, bal, … la musique ne s’arrête qu’au lever du jour.

Nous apprendrons quelques jours plus tard que la fête a été endeuillée peu après notre départ par la mort accidentelle d’un marin. Ejecté de son peñero en pleine vitesse, il a été touché par l’hélice.
Il n’avait pas 20 ans. Il repose au cimetière de Testigos Grande.



Nous repartons le lundi en milieu de matinée, cap sur Margarita.
Il y a du monde sur cette route. J’ai fait la moitié du chemin en compagnie de cette lancha, son grand pavois toujours à poste.





Ces deux là sont beaucoup plus rapide que moi.
Le vent est faible mais portant : je mettrais 9 heures pour faire les 50 miles.
 
 



MARGARITA






Arrivée sur Margarita en fin d’après-midi : ici aussi on pavoise pour les fêtes de la Virgen Del Valle


Je mouille à Marina Concorde, au même endroit que l’an passé. J’y retrouve quelques voisins qui n’ont pas bougé. Certain ont quand même un peu vieillis. Pas facile de savoir si l’équipage de pélicans est le même.
Très peu de bateau au mouillage à Porlamar : nous sommes une demi-douzaine.

L’ambiance est lourde : il y a 6 jours (le 3 septembre) le voilier hollandais "Mary Elise" a été attaqué et son capitaine tué. Les bateaux sont mouillés proches les uns des autres : ça donne une illusion de sécurité.

Tous les équipages se connaissent … ou pensent se connaitre. Regardez bien le bateau de 50 pieds au centre de la photo ci-dessus. Dans un mois, il sera arraisonné par la marine française au large de la Martinique avec 400 kilos de cocaïne à son bord. Personne ne s’en doutait. L’équipage de trois hommes avec qui nous buvions des « Polar » dorment (et vivent) maintenant à l’ombre … mais pas des cocotiers.


Une semaine plus tard, nous appareillons pour Chacachacare : l’antifouling de l’an passé n’est plus qu’un lointain souvenir. Je dois sortir de l’eau pour me faire une beauté.




J’ai bénéficié d’un massage de toutes mes carènes.



L’ancien antifouling n’était plus efficace mais ne voulait pas partir : ils ont dû s’y mettre à deux pour me l’arracher des œuvres vives.
Yves a renforcé ma baille à mouillage : le nouveau guindeau, très puissant, la faisant plier. Dans la foulée, les garcettes qui tiennent les trampolines ont été changées (il était temps).
Quelques retouche de gel-coat sur les œuvres mortes, pose des derniers échelons de mat (il manquait ceux du haut), … La liste des travaux est longue.
Sur l’aire de carénage ou je me trouve, le capitaine est soumis au code du travail vénézuélien. Que de contraintes :
- Interdiction de vendre et de consommer des boissons alcoolisées, des stupéfiants et des psychotropes,
- Interdiction d’ouvrir un casino et une maison close
- Interdiction de porter des armes.



Malgré l’aspect paisible du chantier, aucun item de cette règlementation n’est respecté !
Mais bon, le travailleur sait ce qui est interdit.




... et le travail de se fait : il y a des bateaux qui naissent ...




… d’autre qui ressuscitent.




Après trois semaines de soins attentifs et des litres de sueurs absorbés par la terre battue, je suis prêt à retourner à l’eau.




Le travel-lift se met en place puis tout s’arrête.

Plus de gas-oil. Le plein est fait et la machine reprend son mouvement.



Petite promenade parmi les autres bateaux. Il ne faut pas que je prenne des hanches, sinon je ne rentrerai plus dans mon travel-lift.


Nouvel imprévu au moment de me remettre à l’eau : la darse est occupée par une lancha ! Elle n’en a pas pour longtemps, bien sûr … mais le temps est une matière très élastique près de l’équateur. Enfin, elle a un beau tableau arrière cette lancha.




Ca y est, je flotte. Les voiles sont envoyées et j’embouque le canal de Margarita d’est en ouest pour la cinquième fois.
Le vent est toujours de face, mais maintenant le capitaine sait ou tirer ses bords pour profiter des adonnantes et limiter les effets du courant.
En six heures, j’avale les 25 miles dans l'axe du vent et du courant : la grande forme.




De retour au mouillage de Marina Concorde à Porlamar : nous ne sommes plus que quatre voiliers de passage. Il y en avait 150 il y a 5 ans.




Yves est parti visiter l’intérieur de l’île avec son taxi attitré.



Il y a des collines, des petites montagnes …




… mais la mer n’est jamais bien loin.




Punta Arenas, tout à l’ouest. Des peñeros, des baigneurs …


… des restaurants de plage …






… un môle …



… sur le môle, de jeunes amoureux cachés derrière le filet.

Fin d’une escale de six semaines : nous partons en milieu d’après-midi  le mardi 22 octobre pour l’archipel des Roques. Les formalités se sont éternisées, surtout dans l’attente de la visite du chien anti-drogue. Le capitaine s’est finalement lassé d’attendre et nous avons levé l’ancre avant qu’il n’arrive.
Les 200 miles jusqu’au Roques sont fait en 1 jours et 4 heures : le plaisir du vent portant, pas trop faible, pas trop fort. Nous sommes arrivés de nuit par la passe Ouest de Gran Roque : mieux vaut éviter les passes Est et Nord-est qui sont très étroites et bordées de corail.

Mon ancre a décidé de n’en faire qu’à sa tête sous prétexte que le vent souffle fort. Après trois essais non transformés, nous mouillons finalement à Madrisqui, mieux protégé du vent et du clapot.
 
ARCHIPEL DES ROQUES 




De jour et vu d’en haut, on comprend pourquoi le capitaine n’est pas rentré par ces passes encombrées de hauts fonds.




On comprend aussi pourquoi il a été mouillé à Madrisqui, l’île qui est en haut sur la photo : un vaste banc de sable nous accueille.


Le lendemain, retour sur Gran Roque pour faire les formalités d’entrée dans le parc national des Roques et s’acquitter des taxes du parc.



Nous sommes hors saison ; les trois bateaux de charter ne lèvent l’ancre que le week-end.




Yves est monté jusqu’au phare, histoire de faire croire à ses tongs qu’elles sont des chaussures de haute montagne.



Mouillage à Francisqui, puis à Crasqui : que des lieux visités l’an passé.




Les habitants n’ont pas pris un cheveu blanc.



Le 26 octobre, la plage est entièrement disponible pour envoyer une carte d’anniversaire à Yann. D’ici un an, ces mots auront sans doute disparus et il faudra recommencer.



Nous sommes descendus jusqu’à la passe de Sébastopol au sud-est de l’archipel et dès qu’une fenêtre météo s’est présentée, nous avons mis le cas sur Puerto la Cruz.
Navigation au près jusqu’à midi, puis le vent adonne et nous poursuivons au vent de travers. A 10 heures du soir nous sommes par le travers des Testigos. Pour la suite de la nuit, je vais trop vite : nous allons arriver de nuit à Puerto La Cruz. Yves me bride au maximum : foc à contre, grand-voile à trois ris. 




Au lever du jour, le vent tombe, la pluie tombe elle aussi. Accompagné d’un supertanker, nous passons l’île Borrachas et entrons en rade de Puerto la Cruz.
 


PUERTO LA CRUZ




Par VHF, Marina Redonda nous annonce que le port est plein : pas de place pour moi. Yves joue l’incruste et m’amarre au premier ponton, juste face à l’entrée.



Visite au Commodore, palabre, et à midi, il a l’autorisation de rester là où je suis. Comme quoi, avec de la patience et des sourires, on peut déplacer des montagnes.



Mais c’est vrai : il y a beaucoup de bateaux dans la marina.



Puerto la Cruz, côté ouest, c’est une vaste cité lacustre de luxe.


Yves se rend en annexe jusqu’au super marché : une heure pour aller, autant pour revenir, parmi toutes ces maisons.



Des maisons dignes de  « Maisons et Jardins » sauf qu’elles n’ont pas toutes de jardin.



Un vrai labyrinthe jusqu’à la Plaza Major. Sortie du canal principal, il faut demander son chemin et passer sous des petits ponts pareil à ceux de Venise.



Villa avec jardin et cocotiers ...



 ... aussi grande qu’un manoir



Cet immeuble a-t-il dérivé depuis la Grande Motte ?





Liberté de style …





… liberté de couleur.



Pour rendre visite aux voisins, le pneumatique.



Dans cet univers de bateaux à moteur, un seul voilier a été aperçu devant une maison.


Le vendredi 8 novembre (eh oui un vendredi : il a fallu patienter plusieurs jours pour obtenir la clearance), départ au petit matin.



En rade de Puerto la Cruz, slalom entre les tankers au mouillage.
 
Un dernier pétrolier sur la route pour saluer notre départ du 4ème pays producteur de pétrole.
Cap sur Curaçao, 270 miles à l’Est.

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