samedi 3 mai 2014

LES SAN BLAS



LE PANAMA





Le 12 février 2014, en milieu d’après-midi, je pénètre dans la baie de Portobelo, mon premier port au Panama.



L'équipe s'étoffe encore. 

Michel est ravi d’embarquer à mon bord.

Il arrive de Perros-Guirec, avec escales : la ligne directe avec la Bretagne n’est pas encore établie.


Le trio qui a donné naissance à trois Flot 18 (Distilled, Blended et Bottled in Leon) se retrouve au complet. Une amitié qui remonte à une époque où nous autre catamaran de croisière n’existions que par les Wharam et des Snowgoose.



Des soins me sont nécessaires avant de repartir. Les coutures de la bande UV du foc sont usées, la bordure du genaker s’effiloche : ma garde-robe accuse les miles.






Le plein de vivre est fait au village chez le chinois ou auprès des pirogues.





Le 17 février, le filet gonflé de fruits et de légumes, mes sillages tracent la route.

Je tire des bords vers Isla Grande, distante d’une quinzaine de miles vers l’Est.






Nous entrons par Cayo Cabra pour mouiller entre Isla Grande et la côte.





L’endroit est ouvert et il y a plus d’épaves que de bateaux au mouillage. Après un moment d’hésitation, ils me font faire demi-tour pour passer derrière Isla Linton.



Pas de doute, c’est bien ici le mouillage. Nous ne sommes pas le premier voilier : la zone est un vrai village flottant : il ne manque que le clocher.




Un mot d’ordre dans le carré : toute traversée mérite sa bière. Sans doute un très très vieux proverbe celte. Ensuite, mon équipage goute d’un repos mérité après cette mise en jambe contre le vent. 










ARCHIPEL DES SAN BLAS - NUIDUP




Le lendemain, après quelques bords pour se dégager, c’est au près que commence la route. Puis le vent adonne et après 8 heures de navigation nous atteignons  l’île de Nuidup dans l’ouest des San Blas. Rançon de la gloire pour cet archipel, de plus en plus de bateaux parcourent ces îles depuis une dizaine d’années. Les mouillages sont vastes, même pour nous catamarans qui évitent large.





Enfin face aux îles dites de rêves …





… plages de sable fin et cocotiers. L’histoire de la carte postale.



Cet îlot est parfois envahi en fin d’après-midi : la communauté navigante américaine joue à la pétanque. Ils sont aussi bruyants que des Marseillais mais les bruits sont différents.





Les San Blas, c’est le pays des Indiens Kuna. 





Ils pêchent à bord de pirogues taillées dans des troncs venus des montagnes, comme depuis toujours.





Ce qui change depuis peu, c’est qu’il y a des gringos comme clients. Mes marins se laissent tenter par les jolis crustacés.





Il reste à cuire ces prises et à faire monter la mayonnaise. 





Comme il n’y a pratiquement aucun commerce dans les San Blas et que les voiliers sont nombreux, des panaméens sillonnent l’archipel avec des lancha-épiceries. Pas besoin de pousser un caddy.






MIRIADUP






Ils ont voulu voir un peu plus loin : 7 miles vers l’Est et me voilà mouillé à Miriadup. 

Il n’y a pas d’autre bateau à ce mouillage.




Sur l’île, la cocoteraie entretenues comme toujours semble-t-il en pays Kuna




La mer est généreuse envers ce peuple insulaire. Outre le poisson et les voyageurs …





… elle apporte le bois, pour construire ou pour cuisiner.





La mer dépose aussi des navires. Et un peu de sacs plastiques.






Visite en pirogue des gens de Miriadiadup, l’île qui est juste à côté.








Mon cockpit devient pour quelques instants une étale.






Ils palabrent. Tous les requins ne sont peut-être pas dans la mer ?







Ce molas devient le dessous de plat du bord.









MIRIADIADUP





L'artisan marchand vient de Miriadiadup. Il a laissé son téléphone portable en charge à mon bord, il faut le lui rapporter puisqu'il semble l'avoir oublié, ou bien il n'y a pas d'urgence ici. 



Cinq minutes en annexe et les trois compères arrivent à Miriadiadup. A défaut de circuit 24, deux morceaux de bois et un de tissus font un merveilleux prao.





A remonter la pirogue pour la nuit : c’est lourd une pirogue quand elle est sortie de l’eau.





Le sol de la cocoteraie est entretenu comme le pont d'un bateau.




La maison de la famille et l’atelier de production des molas. L’innovation est présente : les deux derniers produits sont le sac à main et le sac-distributeur de poches plastiques de supermarché. Qui dira que le peuple Kuna est isolé du monde ?




Visite complète de l’île. A l’autre extrémité, atteinte après une marche harassante de plus de 4 minutes Une hutte inhabitée et devant elle un caisse de bière vide. C’est beau l’exploration !








THE POOL





Suite de la navigation dans les San Blas. Départ pour le mouillage suivant distant d’une 6 de miles toujours vers l’Est. A noter que les barbes de mes aventuriers poussent chaque jour un peu plus.






Une pirogue passe. Le trapèze est-il une invention Kuna ?





Pour trouver la passe pour atteindre « The Pool », l’observation de la couleur de l’eau remplace carte et GPS.






Ceci réclame une attention extrême de tous les instants à l’équipage.




Nous sommes plusieurs au mouillage, mais il reste beaucoup de place. L’île s’appelle BBQ et le mouillage s’appelle The Pool. Ces noms ne ressemblent pas à du langage Kuna (Kuna Lingus en latin) !




Une grande barrière de corail qui protège l’archipel de la houle d’Est mais laisse passer le vent. Un climat idéal.





Visite d’une autre famille pour proposer de nouveau des molas. Désolé, mes cales sont déjà pleines.





Et la vie à bord du trio ? Elle est parfois très laborieuse. Informatique, couture … 



… puis apéritifs (une occupation nécessaire le temps de cuisiner) …


… repas, découverte des dernières technologies. Là le capitaine découvre les dernières avancées technologiques.





Note : je vous raconte tout ce que j'ai vu. 

Et non ce que j'ai entendu dans le carré. 
Trois raisons à cela : 
1 : ça ne fait pas parti de mon contrat, 
2 : ce serai beaucoup trop long,
3 : nous autres bateaux sommes tenu à un devoir de discrétion et de réserve. Sinon, la face du monde pourrait en être changée.





BANEDUP







Retour vers l’ouest et mon ancre tombe devant Banedup






Cette fois-ci je suis mouillé tout près de l’île qui …




… supporte un café avec terrasse directement sur la plage. Comme en Corse ou à La Grande Motte sauf qu’ici il reste installé toute l’année et que ça ne s’appelle pas « paillotte ».





Je peux surveiller le capitaine et son équipage : ils se sentent bien sur cette plage.






L’accueil Kuna est très souriant.





Le Coca Cola est frais. Mais y aurait-il du rhum dans ce Coca ?





Sans doute. D'ailleurs il fait rigoler les consommateurs.





Les couchers de soleil se suivent, toujours superbes.







Michel a fait des photos de ce qu'il voit sous mes coques : 




Coraux et poissons

Poissons et coraux




Des langoustes aussi (en fait, celle qui arrivent à bord viennent des pirogues).

Rencontre de Dolfing Song. Nos routes s’étaient croisées aux Roques puis aux Aves (Venezuela) en 2012. Le bateau est aujourd’hui vendu. Franck et Jo vivent à terre, sur l'île de Morro de Sao Paulo au Brésil depuis 15 jours ...
... Ils veulent déjà reprendre la mer.





Nous nous arrachons de Banedup et faisons route vers l’ouest : Dog Island …





… Iskartup …




… celle-ci, j’en ai oublié le nom. La dernière syllabe est sans doute "up". 








WICHUBHUALA





Passage par la « ville » pour voir s’il est possible de faire de l’avitaillement.




Le mètre carré disponible est aussi rare que sur le Rocher de Monaco. Et comme dans la Principauté, il faut gagner sur la mer.





C’est le seul point commun avec Monte Carlo. Ici il n’y a point de casino.







Très détendu mes explorateurs dans le dédale de « ruelles ». 




La grand-place du village est propre et nette comme une cocoterai. La seule publicité : les drapeaux des partis politiques fleurissent à l'approche des élections.




Les femmes s’affairent, les enfants jouent, le tout à l’ombre. La place au soleil est pour les molas sèchent en attendant l’acheteur.




Les jeunes filles Kuna sont des filles d’aujourd’hui : le portable est accroché à l’oreille pour raconter des choses qui font rire les copines. Des histoires de garçons ?






Au bout de la rue principale, quelques commerces. 






Sur les murs, des fresques à la gloire des luttes Kuna.





En 1925, la croix gammée était très à la mode. Elle est toujours la bannière Kuna, puisqu’ils ont gagné.




A la suite cette révolution, les Kuna ont conservé le droit à une certaine autonomie qui leur permet de continuer à vivre comme leurs ancêtres. Ils vont toujours à la pêche en pirogue.







PORTOBELO





Retour sur Portobelo. Navigation vent portant : mon spi met de la couleur sur la mer. Ici au passage des Farallones.






L’équipage reprend pieds sur les trottoirs de la civilisation.

Portobelo est riche d’histoire. Ce fût une des villes les plus importantes d'Amérique durant l'époque coloniale. Derrière les bateaux au mouillage, on apperçoit la batiment des douanes.




Ville fortifiée … du XVI au XVIII siècle, ce fut l'un des principaux ports pour l'exportation de l'argent de Nouvelle Grenade.





C'est ici qu'en janvier 1596 s’est éteint Sir Francis Drake, vaincu par un ennemi redoutable : la fièvre jaune.





Alain et Michel ont été voir les bus. 

Ils les ont trouvés beaux …


… et un matin, ils sont monté dans celui-ci pour retourner en Bretagne. 

Comme à l’époque des diligences, il y aura des relais : jamais de tels véhicules n’ont été vus sur le quai à Camaret.


Le capitaine a sorti la caisse à outils pour terminer mon bimini. Les panneaux solaires ont quittés les bossoirs pour venir faire de l’ombre au cockpit (l’ombre est un sous-produit de l’électricité qu’ils continuent de produire).





Cette ombre est d’ailleurs squattée par le filet à fruits et légumes.






Autre nouveauté : comme tous les Outremer 40/43, je suis enfin pourvu de sièges de barre. Modernes et confortables.






Déjà un mois que nous sommes dans ce havre de paix : je commence à avoir des fourmis dans les safrans.




Le 8 avril au matin, nous passons devant l’île où a été immergée le corps de Sir Francis Drake, dans un cercueil de plomb. Il est maintenant peu probable que nous croisions la route de cet homme.







Cap au Nord, vers l’île de San Andrès. Nous croisons la route des navires de commerce qui vont emprunter le canal de Panama.



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