mercredi 9 juillet 2014

GUATEMALA


DE PROVIDENCIA AU GUATEMALA


Regardez tout de suite la carte pour que vous situiez dans quelles eaux mon capitaine a dirigé avec mes étraves : parti le mardi 22 avril de Providencia, au large de la côte du Nicaragua, nous avons mis cap au nord pour contourner les bancs qui s’étendent à plus de 150 miles au large de la côte, puis cap à l’Ouest le long de côtes du Honduras pour terminer au fond du golf du Honduras, à l’embouchure du Rio Dulce.                                             Une croisière de 600 miles.





Le premier jour, je serre le vent pour passer le banc de « Quita Sueno », bien nommé avant l’apparition du GPS. Le vent oscille entre 8 et 10 nœuds toute la nuit. A 6 heures le lendemain matin, nous sommes dégagés des hauts fonds et le capitaine me fait abattre. Mon spi sort de son sac et éblouit les frégates de passage.




J’ai de la compagnie du coté de mes tableaux arrières. Cette daurade a vite réalisé qu’Yves est piètre pêcheur et qu’elle ne risque rien à me fréquenter.




Tous les soirs le soleil se couche dans mes étraves : nous sommes cap à l’Est. Le spi est de service jusqu’à ce moment-là.




Il est ensuite remplacé par le genaker pour la nuit. Sous les étoiles, le capitaine préfère emmagasiner un genaker que d’affaler le spi.

Jeudi, ce n’est plus une daurade qui me suit mais des dauphins qui me précèdent. Ils sont venus nombreux, en famille semble-t-il, nous accompagner un bout de chemin.




Dans la nuit de jeudi à vendredi, le vent a fraichi jusqu’à force 6. Le premier, le deuxième puis le troisième ris sont pris. Ils sont largués dans l’ordre inverse au cours de la matinée. En bref, le capitaine a beaucoup travaillé pendant la nuit et le matin. Nous longeons par le nord l’île de Guanaja puis l’île de Roatan : le Honduras défile à bâbord.






Samedi matin, le vent est encore fort et la mer formée. Puerto Cortez est à 10 miles dans le travers.



Midi, nous doublons le Cabo Très Puntas qui marque l’entrée au Guatemala et doublons également un voilier sous pavillon anglais. Il n’avance pas très vite (l’Anglais, par le cap bien sûr).

A une heure de l’après-midi, les voiles sont affalées et nous nous engageons sur les hauts-fonds de l’estuaire du Rio Dulce. Un seuil à 2,10 mètres est passé, les dérives à moitié remontées et sans blocage vers le bas.
Une heure plus tard , mon ancre croche devant la ville de Livingston. J’ai fait les 590 miles en 4 jours et demi, ce qui me donne une moyenne de 5,7 nœuds. Maintenant, j’espère me reposer un peu. 


GUATEMALA – RIO DULCE





Nous sommes samedi : ce n’est pas le jour idéal pour effectuer  les formalités. Devant la ville, le vent dans un sens et le courant de la rivière dans l’autre sens : position très inconfortable. Le capitaine met mes moteurs en route …



… et c’est parti pour une première remontés du fleuve jusqu’au premier lac, El Golfete, 12 miles en amont.





Nous arrivons de nuit à Texan Bay. Nous découvrons le paysage le lendemain matin : le calme d’un lac, bien sûr.




Texan Bay, c’est un petit étang dans le lac. Plus calme, personne ne sait faire.




Le grand chic ici pour un voilier, c’est d’avoir son ponton, sa maison et les dépendances. Ils sont nombreux à disposer de ces implantations lacustres. 




Nous sommes sur une rivière entrecoupée de lacs. Pas de route ni de voiture : la pirogue est la petite reine …









… et la lancha à moteur sont complément longue distance / lourde charge.
Pour la pêche, c’est la pirogue monté en solo …






… ou en mixte.





Le côté jardin des maisons, c’est le ponton. Les pirogues s’amarrent tout autour.




L’école, avant que les enfants n’arrivent. Il y a de la place autour du ponton, mais pas pour longtemps.



Le chemin des écoliers : très facile à surveiller pour les parents. Les uniformes restent immaculés durant le trajet.





Quand on n’a ni frère ni sœur, il faut pagayer vite et fort pour lancer la pirogue et garder le l’aire le temps d’envoyer un texto aux copines.




Le parvis de l’église est lui aussi liquide. Nous sommes lundi, les fidèles sont au travail.




Le lundi, les administrations sont ouvertes, les fonctionnaires reposés. Nous retournons à Livingston pour faire notre entré au Guatemala : visa d’entrée pour Yves et permis de naviguer pour moi.







Un jeune couple d’oiseau profite de mes filières pour faire le voyage vers la ville.




Les vaches ne regardent plus passer les trains puisqu’il n’y a plus de train au Guatemala. Mais les aigrettes qui regardent passer les bateaux.




En fin de journée, les formalités sont faites, les vivres sont chargées : cap vers l’ouest, vers le village de Fronteras sur le Rio Dulce.




Après la remonté du fleuve et la traversée du lac Golfete aux moteurs, nous atteignons notre but : une marina qui sera mon havre de paix et de tranquillité pendant un mois, à 40 kilomètres dans les terres. Encore un étang sur un lac.



Mon ponton : c’est le mien parce que j’y suis le seul. Le capitaine laisse son savon (il n’utilise pas de champoing, hi hi hi) dans les douches. Bref, nous sommes les seuls locataires de la marina Calypso qui dispose d’une dizaine de place.



Une marina, à Rio Dulce, c’est un ponton en bois planté le long de la berge. Nous sommes loin des hectares de pontons flottants entourés d’enrochement des pays européens.



Il y en a des marinas de toutes les tailles et les bateaux se rassemblent généralement par pavillon de même langue. C’est plus facile pour discuter avec les voisins.




Toutes sortes de bateaux y sont amarrées. Ils ont tous un taud et ce n’est pas pour suivre la mode : soleil et pluie sont sans merci pour nos ponts.




Regardez bien, au fond dans la verdure au-dessus de la cime des arbres, vous apercevrez ma tête de mat. 
Je suis en pleine nature, visité et squatté par les oiseaux (le capitaine ne dit rien) et toutes sortes d’insectes, plus ou moins grands (avec eux le capitaine est plus agressif, armé d’une bombe d’insecticide).
En début de nuit mon pont se couvre de centaines d’insectes de type hanneton. Au lever du jour, des dizaines d’oiseaux viennent les manger. Quand le soleil se lève, mon pont est propre ou presque. Ceux qui restent partent à l’eau et sont manger par les poissons.





Je prends ma douche tous les jours, généralement l’après-midi. Certaine fois, elle dure toute la journée. Ensuite, je sèche rapidement : il fait très chaud ici.







AU PAYS MAYA




Je le sentais venir : mon capitaine a mis quelques vêtements et sa brosse à dents dans son sac à dos. Il m’a dit « au revoir à bientôt » et il est monté dans un bel autobus. 






Les tables collectives des marinas d’autobus ont remplacé la table de mon carré. 





Les chambres avec de jolis murs et le toit en tôles ondulées ont remplacé la couchette du flotteur bâbord. Mais il m’est revenu quelques semaines plus tard et m’a raconté … ce qu’il a bien voulu me dire.




Tout d’abord, il a mis cap vers le nord. Six heures debout dans un bus et le voilà près de Flores, sur les bords du lac Peten Itza. Un endroit où les bateaux disposent d’une petite cabane et d’une balançoire.






Quelques fois, ils ont juste un toit pour s’abriter du soleil. Drôle d’idée que d’avoir un taud fixe et de se glisser dessous.






Encore quelques kilomètres et il est arrivé chez …





… les Mayas, à Tikal.




Un lieu mythique : tous ceux qui ont vu « Star War 2 » reconnaîtront sur cette photo le point de départ vers l’espace. 

Yves a hésité puis il est resté sur terre : il n’y a que sur la planète bleue qu’il y a la mer … d’où son nom ?





Quelques temples Mayas ont été dégagés de la forêt qui avait tout recouvert et qui recouvrent toujours la majorité des édifices.





Un temple, c’est un escalier à gravir. Les marches sont plus hautes que celles des normes occidentales actuelles : bonjour les courbatures aux cuisses le lendemain.






La grande place de Tikal, que les Guatémaltèques entretiennent avec soin constant pour maintenir la forêt à distance. 





Un site impressionnant d’une civilisation disparue … 










… mais le peuple Maya, lui, n’a pas disparu. Et il porte toujours des charges.










Il a la tête sur les épaules, et le sac à dos sur la tête.





Comme un peu partout, chacun balai devant sa porte. Sous la surveillance du petit garçon armé de son lance-pierre. 







Les femmes d’habillent comme leurs mères et grand-mères. 



La marina des autobus de Coban, au centre du pays. 





Nous sommes en mai, les premières pluies de l’année arrivent.






Aujourd’hui dimanche, c’est la fête des mères. Effervescence populaire : tout le monde bouge dans tous les sens… 

 … avec des bagages su la tête ou dans le dos …









… sauf ceux qui réfléchissent avant d’agir.





Yves est reparti, cap sur Huehuetenango.


(OK, faites comme moi, allez voir sur Google Map : on ne nous apprend pas tout à l'école). 






Ils étaient 23 adultes à l’intérieur du minibus, plus quelques dizaines d’enfants entre les adultes.



Eux ils ont voyagé sur le toit du minibus, avec les sacs de maïs. Ces ouvriers agricoles profitent du dimanche pour changer de ferme. Les machettes (derrière eux, appuyées sur le mur) font l’objet de toute leur attention : graissées, emballées, toujours sous surveillance.





Sur la route entre Coban et Huehuetenango, halte dans un village de montagne. Les bus sont devenus des pick-up : l’ensemble ressemble plus à un mouillage forain qu’à une marina.






Ici comme partout au Guatemala, les petits commerces envahissent les rues.





A Huehuetenango, Yves a visité le site Maya de Zaculeu. La forêt a été éloignée au bulldozer, les temples recouverts de ciment ! Triste à voir quand avant on a vu Tikal.




Un autre bus, pour aller à Quetzaltenango. Cette fois-ci, c’est un grand bus sur une route goudronnée. La décoration est à la charge du conducteur, et l’aide de Dieu est largement sollicité pour arriver à bon port.






La marina de bus digne de ce nom. 





Quetzaltenango est proche du Mexique, proche de l’océan Pacifique. Cette ville fût la deuxième du pays, en concurrence avec la capitale.






Aujourd’hui, il lui reste les beaux vestiges d’une gloire passée.





Sur les marches du théâtre, moderne et traditionnel se côtoient. 




Un nouveau bus, cap sur La Antigua. Ces bus ont transporté des générations d’écoliers américains avant d’être repeint aux couleurs locales. Il n’y a jamais assez de place assise pour tous. Regardez l’exploit d’équilibre que fait cette femme debout dans le couloir avec son panier sur la tête. Rien ni personne ne sont tombés dans les virages.






Changement de décors : La Antigua, capitale du pays à l’époque de la colonisation espagnole.






Beaucoup de belles places, de beaux monuments.





Le volcan qui domine la ville, appuyé par des tremblements de terre successifs, a fini par faire fuir les gouvernants vers Guatemala City.




Il reste un haut lieu du tourisme guatémaltèque. Etudiants du monde entier, venez-vous révolter ici : il y a assez de pavés pour tous.




Les temples Maya sont remplacés par les nombrables églises.















Ici ce n’est pas la forêt qui met les édifices à rude épreuve, mais les tremblements de terre.





Manque de vocation ou pas, il serait dangereux d’y célébrer une messe. Qui plus est en plein soleil !











La Antigua aujourd’hui est un site de transfert des dollars de la poche du touriste à la poche du guatémaltèque. Très jeunes, les enfants sont performants en marketing directe.









Retour à la marina des bus. Yves met le cap sur la capitale actuelle : Guatemala City.





Vrai capitale, avec son palais présidentiel,






Ses policiers, 





Son « métro » et ses statuts de héros nationaux,





Ses prédicateurs et ses pigeons (les volatils biens sûrs),






Ses petits marchands,






Ses cathédrales, 








Ses fidèles dans les cathédrales,






Ses écoliers,




Il faut beaucoup d’adultes pour canaliser ses enfants plein de vie.





A 10 minutes à pieds du centre-ville, changement de décors.




Les rues deviennent tortueuses, le terrain est en pente et les toitures ne sont plus de tuiles.






Les églises moins fastueuses … 






… mais plus nombreuses et de confessions très variées. Personne n’a demandé à Yves s’il était de droite ou de gauche … mais tous lui ont demandé à quelle église il appartient.





Ces quartiers s’appellent des colonies. Les terrains généralement ont été acquis  par la force plutôt que chez le notaire.







Dans la rue, il y a parfois un portail …







… qui donne dans une rue plus petite.






C’est dans ces rues que l’on retrouve la vie de la colonie. Au fil des années et des économies que font les « propriétaires », la tôle ondulée est remplacée par les parpaings, les barreaux par des fenêtres.






La rue n’est pas assez large pour qu’une moto puisse faire demi-tour : il faut ouvrir la porte d’une maison pour faire la manœuvre.




Après avoir dit au revoir à ces gens des colonies qui lui ont offert gite et couvert, Yves a pris un dernier bus et est revenu à bord très satisfait de son périple dans les hautes terres.









RETOUR A L’EAU SALEE







Le 26 mai, nous quittons Fronteras pour rejoindre la mer. Traversé du lac de Golfete puis descente du Rio Dulce.






Toujours des pêcheurs en pirogue,







Toujours des déplacements en pirogue,







Toujours des couples en voyage,





Dernier virage et la mer est là. Un arrêt à Livingston pour obtenir le tampon de sortie du capitaine et ma clearance. Puis nous allons mouiller … 






… à 10 miles dans l’Est, de l’autre côté de la baie de Matico.




Bateau et équipage sont très heureux de retrouver la fraîcheur d’un mouillage, face à une plage et ses cocotiers, sous un ciel sans nuages même l’après-midi. Yves plongé sous mes coques, armé d’une paille de fer et d’une spatule. Rien n’a poussé sur le Rio Dulce : j’ai les carènes propres comme une coupe de champagne de l’Elisée avant utilisation.




Le mercredi 28 mai, nous levons l’ancre pour Cuba. Le dernier salut au Guatemala sera pour les pêcheurs, comme toujours.




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