dimanche 9 avril 2017

LA MICRONESIE : YAP

DE NOUVELLE IRLANDE A YAP



Dimanche 4 décembre 2016

Nous quittons la Papouasie - Nouvelle Guinée à 8 heures du matin, une heure après Hélios en route lui aussi vers Yap.

La préséance veut que le multicoque précède le monocoque : très vite, je passe donc devant lui.




Peu à pas de vent, soleil, nuages d’orage sur l’horizon : aucun doute possible, nous sommes dans le poteau noir (d'ailleurs bien visible sur la photo).

1150 miles séparent Kavieng de Yap, en Micronésie.
L’équateur est sur notre route ainsi que les inévitables calmes qu’ils l’entourent.

La stratégie du capitaine : franchir cette zone de calme par le plus court chemin, c’est-à-dire cap au nord, puis obliquer vers l’ouest à partir du 5ème parallèle nord où nous devrions toucher les alizés du nord-est.



Le moteur m’a permis d’avancer toute la journée.

Au coucher du soleil, un vent du sud à 5 nœuds me permet d’avancer sous genaker : c’est plus silencieux et plus élégant


Lundi 5 décembre

Le genaker est remplacé par le spi au lever du jour.

J’avance à 4 nœuds poussé par un vent de sud-est de 7 nœuds : difficile de faire mieux.



La retenue de bôme est gréée pour stabiliser la grand-voile : elle a tendance à écouter les sollicitations de la houle plus que la pression du vent.





Les grains se suivent et se ressemblent : pluie abondante et vent absent.


A 21 heures, nous franchissons l’équateur dans le sens sud-nord.

Nous sommes à 7860 miles de l’endroit où nous l’avions franchi dans le sens nord-sud, de l’autre côté de l’Océan Pacifique.


Mardi 6 décembre


Il n’y a pas plus de vent dans l’hémisphère nord que dans l’hémisphère sud.

Le soleil se lève toujours à l’est des deux  côtés de l’équateur, mais maintenant les couleurs sont automnales et non plus printanières comme hier



Rencontre originale en milieu d’après-midi : une embarcation en bois flotté armée pour la haute-mer et menée un équipage de trois volatiles marin.

Celui qui est en haut sur la passerelle est le capitaine, à moins que ce ne soit l’officier de quart.



Mercredi 7 décembre

Depuis hier, j’avance soit au près avec du vent variable suivant les grains, soit au moteur quand le vent, toujours faible, est face à ma route.



Un oiseau est tombé sur le pont vers midi.

Il jouait avec ma tête de mat et a heurté la girouette.
Blessé à l'aile, il ne peut pas repartir. Il ne verra pas le jour se lever.


Jeudi 8 décembre

Toujours cap au nord nord-ouest en attendant de toucher l’alizé.

Depuis mardi, les distances journalières sont inférieures à 100 miles malgré la participation active des moteurs. Nous approchons du 4ème parallèle nord et nous sommes toujours parmi les poteaux noirs.
Chaque risée est mise à profit pour que je progresse à la voile.
Mes voiles d’avant restent parées à intervenir : foc, génaker et spi se relaient en fonction de la force et de la direction du vent, qui est lui-même soumis aux caprices des nuages.
La nuit dernière, un grain est monté à 27 nœuds : le capitaine m’a mis sous foc roulé et grand-voile arrisée




Parfois, soit pour m’assurer une meilleure vitesse, soit pour le repos du pilote automatique, soit pour s’occuper, le capitaine met la main à la barre.

Comme cette après-midi avec un vent d’ouest à 13 nœuds : le touché de ma barre reste un plaisir.


Vendredi 9 décembre

La nuit a été calme : pas de grain ni de pluie … ni de vent.

Le capitaine a pu dormir sur une oreille, l’autre restant à l’écoute de mes carènes.




Le 5ème parallèle nord est franchi.

Le vent de nord-est n’est pas encore établi mais le cap est mis sur Yap : c’est bon pour le moral.
Et puis il faut parfois forcer la main de l'Autorité Supérieure.




Les distances journalières sont maintenant au-dessus des 120 miles : nous arriverons certainement avant Noël.


Samedi 10 décembre


Cette nuit, Lantle Reef est doublé. Ce haut-fond à moins de 4 mètres est le premier rempart de Micronésie.

Nous sommes à 480 miles de Yap.




Le vent souffle de plus en plus souvent du secteur Est.

Le capitaine jongle jour et nuit avec ma voilure pour me permettre des vitesses honorables.



Le ciel change, le vent varie, la mer est confuse.

... Parfois, cela mérite une photo.
Dimanche 11 décembre : deuxième semaine en mer. 
C’est le jour du Seigneur : je m’habille de mon spi qui conserve forme et couleurs comme le jour de sa sortie de la voilerie.




Le capitaine s’habille le dimanche comme tous les autres jours de la semaine. Sa toilette n’inclue pas le rasage.

Nous doublons Ifalik par le sud, puis passons entre Wolea et Eauripik. Pas d’arrêt dans ces petits atolls : nous ne pouvons pas y faire l’entrée administrative dans les Etats fédérés de Micronésie.

Dommage, ils ne doivent pas avoir beaucoup de visite.


La nuit dernière, un navire a croisé dans notre sud. Cet après-midi, c’est un minéralier qui passe devant. En fin de journée, un bateau chargé de grumes.
Nous traversons des routes maritimes qui mènent au Japon.

Le radar sonne l’alarme à chaque bateau. Jusqu’à présent il n’a pas été nécessaire de nous dérouter.


Lundi 12 décembre 

Il reste 200 miles pour Yap : le capitaine a le moral d’un cheval qui sent l’écurie.

Le vent n’est pas très fort mais il reste accroché au secteur Est.
Génaker et spi se relaient pour me rapprocher du but.


Mardi 13 décembre

Dixième jour de mer et sans doute le dernier de cette traversée.
Le vent a soufflé jusqu’à 20 nœuds cette nuit. Moi aussi je sens l’écurie : de midi à midi j’ai parcouru 185 miles.


En fin d’après-midi, je longe la barrière de corail de Yap.

A 17 heures, les voiles sont amenées et le capitaine m’engage dans le long couloir qui coupe le récif vers Tamil Harbor, à Colonia.

La passe s’appelle "Entrance Rock" : tout un programme !


Nous sommes au milieu de ce couloir bordé de récifs affleurant quand un grain escamote tous les repères.

Heureusement, la carte électronique est exacte et nous poursuivons la route aux instruments.


Port Tamil surgit derrière le grain.

A 17h40, je suis mouillé au fond du port.

Lente traversée : 1155 miles en 9 jours et 10 heures. La moyenne de 5 nœuds a été atteinte avec l’appui des moteurs pendant 76 heures.






La lune est pleine. Elle prend le relais du soleil mais cette nuit, le capitaine n’aura pas besoin de surveiller mes voiles et le ciel.

Le(s) petit(s) verre(s) de l’arrivée a (ont) un gout bien mérité(s).










                                                                              YAP





Je suis seul au mouillage dans le port .

Un coté du bassin est urbanisé comme une zone portuaire …





… l’autre est géré par la nature.

Mais des habitations se cachent derrière le rideau végétal.




Urbanisé ou pas, le tour du bassin est l’aire des jeux aquatiques des jeunes : ce sont de vrais insulaires et ils restent dans l'eau plusieurs heures.
Colonia est la capitale de la République de Yap, membre des Etats fédérés de Micronésie.
C’est un tout petit état. Cependant les formalités sont inversement proportionnelles à la taille du pays. Une dizaine de représentant de cinq administrations assaillent mon capitaine deux heures durant dans les bureaux du port.
Ambiance tendue au début : en arrivant, il n’a pas contacté les autorités par VHF. De plus l’email envoyé depuis Kavieng n’est pas arrivé dans le bon bureau !





11376 habitants sur 118 km² justifient la présence d’une Cour Suprême disposant d’un joli jardin …



… et de nombreuses églises serties dans la végétation.


Le capitaine part à pied le long des routes.

Il se sent seul sur le bas-côté : ici la voiture est reine.
Héritage de la colonisation américaine ?




La traversée de l’île se fait sans user la semelle des tong :  cinq kilomètres à peine et il faut s’arrêter ... ou plonger dans le lagon.




Yap, c’était l’île à la monnaie de pierre. Les pièces ressemblent à un sous percé d'environ un mètre de diamètre.



Pour être voleur à la tire, il fallait passer de longues heures en salle de musculation.

David Douillet a-t-il collecté ces pièces grises avant les pièces jaunes ?


Cette monnaie est la fierté de l’île : les plaques des voitures le rappellent.






La morphologie des habitants rappelle celle des polynésiens : grand, fort et entouré d’une couche de graisse protectrice.




Hélios m’a rejoint dans le bassin à Colonia.

Il y a largement de la place pour deux bateaux. 
D'être mouillé proche l'un de l'autre, cela permet aux capitaines de s'inviter puis de se renvoyer des invitations à l’apéritifs sans avoir recours au téléphone ou à la VHF.


Le 21 décembre, nous partons nous mettre à l’abri. Nock-Ten, 26ème système cyclonique et 13ème typhon de la saison 2016 pour le Pacifique Nord-Ouest fait route vers Yap.

Nous nous retrouvons dans l’étroit chenal en même temps que le porte-conteneurs hebdomadaire.



Je suis mouillé dans un bras de mer entouré de mangrove, près de Rumlug.

Le soleil se couche. C'est la veillée d’arme avant un probable combat contre les éléments.
Le lendemain en fin d’après-midi, le vent se lève fort … juste dans l’axe de la baie où nous nous trouvons.

Le capitaine décide de quitter ce faux refuge. Remonter mon ancre n’est pas facile, surtout avec le récif de corail juste derrière. J’en suis quitte pour une touchette de la dérive tribord.



Moteurs à fond, nous remontons dans le vent sans aucune visibilité : les pluies diluviennes sont les compagnes des cyclones.

Nous remouillons dans la baie voisine, face à Dugor. Nous sommes protégés par la pointe sud de la baie.

En début de nuit, le baromètre remonte et le vent se calme : le danger s’éloigne.



Nock-Ten est passé au sud de Yap.

Il continue se course vers les Philippines où il va faire des victimes et d'importants dégâts.


Retour au port de Tamil.

Nous y passons Noël, en compagnie de Hélios.

Puis Quisas arrivent de Kavieng : nous sommes trois voiliers et trois pavillons français pour le nouvel an à Yap.


Le 5 janvier 2017, les formalités de sortie sont faites en début de matinée.

Je quitte le mouillage et à 10h45, la passe est franchie : cap plein ouest vers les Philippines.


















mardi 31 janvier 2017

PAPOUASIE NOUVELLE GUINEE


DES SALOMON EN PAPOUASIE NOUVELLE-GUINEE



Samedi 22 octobre 2016

L’île de Gizo s’enfonce sous l’horizon, protégée du soleil par ses nuages.

Un vent de 6 nœuds que je reçois par le travers me pousse doucement mais surement vers le nord.



Cette route de 140 miles vers le nord-ouest  nous fera changer de pays.

La frontière entre les Salomon en Papouasie Nouvelle Guinée (PNG pour faire branché) serpente quelque part dans le dédale d’îlots entre Choiseul et Bougainville.



Au coucher du soleil, nous sommes à l’extrémité nord de l’île de Choiseul près de la Pointe Kondakanimboko.
Impossible de confondre ce cap avec la Pointe du Raz : 14 lettres contre 3.


Dimanche 23 octobre  


Lorsque le soleil se lève, l’île de Bougainville est en vue.

Le détroit du même nom a été franchi lentement pendant la nuit : pas ou peu de vent pour gonfler mes voiles.




Les moteurs travaillent toute la matinée. Sans eux, nous serions toujours à cheval entre Salomon et PNG.




Petite fantaisie du capitaine : puisque le vent est absent et que le temps est au beau, autant faire route à l’intérieur du lagon.

La barrière de corail nous coupe la houle résiduelle ce qui facilite la tache pour le pilote et les moteurs.




Sous les monts Kupara et Sugarloaf, la plage. Invisible entre les deux, la piste de l’aéroport.




Ma première rencontre avec un bateau papou.

Une famille rentre d’un piquenique sur les îlots Zeune, un bouquet de fleur solidement amarré à l’étrave.



A 18 heures, je suis à l’ancre dans le port de Kieta.

Mon seul voisin est un bateau de pêche coréen sous séquestre : nous nous sentons un peu seul.




ARAWA - ILE DE BOUGAINVILLE

Le lendemain matin le capitaine prend le bus pour Arawa. Il n’a pas d’argent : le chauffeur lui fait confiance, il paiera plus tard.
Avec l’aide de quelques habitants d’Arawa, il trouve le douanier dans la ville : il n'y a plus de bureau des douanes ni d'immigration. Les formalités d’entrée sont faites.
Le douanier guide  ensuite Yves pour changer de l’argent, acheter une carte SIM, visiter la ville et commenter son histoire récente.


Dès son retour à bord, il relève mon ancre. Nous allons contourner la péninsule de Kieta et mouiller en baie de d’Arawa.





Passage entre l’île d’Arovo et la pointe Marowa : le paysage devient plus riant.





De ce côté de la péninsule, les pirogues sont plus nombreuses.
Les poissons et les humains doivent habiter par ici.




La baie de Kobuan est laissée sur bâbord : elle semble bien abritée mais le capitaine préfère se rapprocher de la ville pour économiser ses tongs.



Je suis maintenant mouillé à 200 mètres de la plage, par 5 mètres de fond, derrière la pointe Pankama.

Je peux éviter sur mon ancre comme je veux, sans déranger qui que ce soit en dehors des crabes et des poissons.


Ma présence attire les enfants naturellement curieux de tout.

La pirogue prolonge les jeux de la plage sur l’eau. La présence d’un adulte canalise un peu leurs ardeurs de découverte du nouveau venu.




La plage de sable noir est également le chemin des écoliers.
Un chemin de 3 kilomètres que le capitaine prend chaque jour pour se rendre en ville.


Arawa était la capitale de Bougainville avant la guerre d’indépendance de 1989 ; Buka, au nord de l’île, est la nouvelle capitale.

Entre des bâtiments désaffectés portant toujours la trace des combats de la guerre d'indépendance, il ne lui reste aujourd’hui que les larges avenues où les voitures sont rares.









La circulation se fait sur les trottoirs …



… et les habitants regardent ce vide à l’ombre des arbres : la vie trépidante de la ville appartient au passé.


Comme aux Salomon et aux Vanuatu, le marché, abrité du soleil, est le lieu de rassemblement.
Son architecture est très basique. Il n’y a pas eu de « Plan Marshal » pour aider à la reconstruction de Bougainville.



La mine de Panguna, qui fut à l’origine du conflit, est là-haut derrière la montagne.

Il y a une heure de voiture du port à la mine : le capitaine est monté la voir avec Johan, guide occasionnel.



Le trou laissé par ce qui fut la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert du monde (d’après le guide) est impressionnant : une montagne a été transformée en cratère !






Les restes des installations d’exploitation se dressent toujours …



… mais la nature y reprend ses droits.


Pendant l’embargo décidé par le gouvernement de PNG, ces équipements furent une source d’approvisionnement en matériaux pour l’île.

Les nuages et la pluie donnent une allure sinistre aux squelettes du supermarché, de l’église et des logements du personnel la Bougainville Copper Limited (BLC pour les intimes).

Vous trouverez l’histoire de cette guerre et l’embargo qui a suivi sur Internet.
Essayer « Coconut Revolution » sur Google.


Une semaine plus tard, nous repartons.

Dernière visite de mon plus fidèle admirateur : il est venu me voir tous les jours, matin et soir.
Un jour il a rapporté un gros billet de banque qu’Yves avait semé sur la plage.




C’est au moteur que le capitaine dirige mes étraves vers la passe : à croire qu'il y a un embargo sur le vent ?









DE ARAWA A NISSAN





Prochaine escale : l’île de Nissan à 150 miles au nord.

Le capitaine prévoit de bien arrondir la route pour nous écarter de Bougainville et peut-être trouver plus de vent au large.



Toutes la journée, les grains succèdent aux grains.

Pluies,  vents tournant inférieurs à 5 nœuds : cette première journée de navigation ne sera pas marquée d’une vague blanche dans les anales.



En milieu de nuit, les grains s’espacent : grand-voile et génaker me tirent enfin comme un voilier.

Ce plaisir dure jusqu’à midi.



A 13 heures, la passe sud de Nissan est franchie.
Le fond est heureusement bien visible sous le soleil : la carte, peu précise, n'est d'aucune aide pour franchir cette passe étroite.






NISSAN

 

Le capitaine me mouille devant le village de Yotchicol, à moins d’un mile dans sud-est de la passe.

A la pointe, le Nissan Island Yacht Club (NIYC pour les yachtmen) : derrière cette appellation ronflante, il n’y a ni bière fraiche ni de salon feutré mais de l’eau de coco et des grands sourires.



Arriver un dimanche en début d’après-midi, c’est le succès assuré : nous recevons la visite de jeunes, …



… de moins jeunes, des anciens, des familles.

Le rituel de présentation est immuable :
- d'où tu viens,
- où tu vas,
- comment tu t'appelles,
- où est ta famille.





Il n’y a pas suffisamment de pirogue pour tous les curieux : un grand tronc de cocotier est armé par un groupe d’une vingtaine de jeunes.

C’est l’embarcation semi-submersible la plus joyeuse que j’ai vu.
Les jours suivants, nous reverrons ces visiteurs, la force du vent et l’état de la mer dans le lagon ne les intimident pas. Cet équipage comprend un capitaine (le plus âgé à l’arrière), son second à l’avant et un mousse (le plus jeune) au centre pour écoper.





Yotchicol se cache derrière le rideau uni de végétation. La vue imprenable sur le lagon n’est pas de mise ici.



Le capitaine se présente au chef Patrick, écrit un petit mot sur le livre d’or, puis obtient bien entendu la liberté de circuler dans toute l’île.

La rue principale du village est presque aussi large que les Champs Elysées et l'accès aux contre-allées est direct.
Chacun recueil la précieuse eau de pluie. Les maisons sont faites de végétaux, mais le stockage de l’eau bénéficie de citerne plastique.
Il n’y a aucun de magasin dans le village : les jardins et la mer fournissent l’essentiel pour vivre.

Chaque jour, des pirogues viennent le long de mon bordé pour faire du troc. La valeur dépend du besoin de chacun et quand Yves échange une langouste contre 1 kg de riz, les deux parties sont ravies et c’est ce qui compte.



La route qui ceinture Nissan a été tracé par les Américains durant la seconde guerre mondiale.
Elle est toujours entretenue pour les cinq voitures circulant dans l’île.

Information sans importance : aucun de ces véhicules n’est de la marque Nissan.
 


Tout au long de cette route se succèdent des habitations et des familles. Après le sourire timide de la première minute de rencontre, les enfants se transforment spontanément en accompagnateurs sur 1 ou 2 km.
 




Visite d’une classe (elle est vide, nous sommes dimanche) de l’école primaire, ventilée par ses murs à clairevoie ...





 … puis démonstration de plongeons dans un petit lac caché dans une faille du corail, juste derrière l’école.
Il doit y avoir affluence les jours d'école !
 


Retour à bord en contournant cette coupe de champagne corallienne pleine à ras bord de végétation.
 

Le calme du lagon est une bonne opportunité pour effectuer les travaux sous mes coques.

La barre est de plus en plus dur : les paliers d’étambot doivent être ajustés.
Le capitaine démonte mes safrans pour limer ces paliers, avec l’aide bienvenue ces deux hommes.
 


Pour effectuer cette opération, je suis mouillé par 3 mètres de fond. Des aussières sont portées sur des cocotiers.

Les enfants en profitent pour m’utiliser comme plongeoir.
 
L’hélice bâbord qui a pris du jeu.
Je suis de nouveau amarré aux arbres mais plus près de la plage, par un mètre de fond.
Yves démonte l’hélice efficacement assisté de ces quatre solides gaillards qui restent longtemps sous l’eau soit pour travailler soit pour regarder celui qui travaille.

L’arbre d'hélice est enduit de colle Epiglue. Remontage, serrage, polymérisation dans l’eau. Depuis, il n’y a plus de jeu.
 





Sur la carte, Nissan ressemble à un ballon de rugby de 15 km de long sur 6 de large.

Au centre un îlot inhabité, comme l’île des Evens au milieu de la baie de La Baule.
 



Des pirogues sillonnent le lagon toute la journée, d’un village à l’autre ou d’une maison à l’autre.
 



Le capitaine décide de visiter l’île de la même manière, par le lagon.

La voile est gréée sur l’annexe : à la rame, l’exercice serait trop long.
 

Tout l’anneau de Nissan est habité. Dès que l’on aperçoit une pirogue sur la berge, la maison est derrière, plus ou moins visible.
Entre la passe sud et celle du milieu se trouve l’île de Barathun, suivi de l’île de Bion puis de l’île de Sirot.

Dès l’accostage sur chacune d’entre elles, les gens apparaissent comme par enchantement. 

Ensuite, tout le monde s'assied et commente ... où bien il entraine le capitaine pour une visite de leur îlot.
 
 
 
Plus de 20 miles ont été parcourus par l'annexe en trois expéditions : une vers le nord, une vers le sud …
 
 
… puis une dernière vers l’est, là où se trouve l’école secondaire.

L’établissement emploie des enseignants venus d’autres régions de PNG. Il y a un magasin qui propose tous les produits de base : c'est suffisant pour le style de vie d’ici.
  




En fin de journée, le vent se couche tôt. Lorsqu’il s’attarde, le capitaine effectue les derniers miles du retour à la rame.
 
 
 
 
 

 
DE NISSAN A KAVIENG



Mardi 15 novembre, 7h40

Après plus de deux semaines d’escale dans cette île attachante, nous partons pour Kavieng, en Nouvelle Irlande.

Une route de 270 miles dans le nord-ouest
 


Dès 9 heures du matin, le ton de la croisière est donné : vent de nord-est, puis de nord-ouest.

Je fais donc du près serré sous la pluie : tout le contraire de la navigation au portant dans l’alizé. En fin d’après-midi, les îles Feni sont doublées par l’est.
 
Mercredi 16 novembre.

Au lever du soleil, nous sommes à 5 miles de l’île de Boang.

Jusqu’à 3 heures du matin, le vent s’est maintenu nord-ouest à 10 nœuds. Puis il a faibli, a hésité dans son choix d’un point cardinal ; la pluie elle a choisi de tomber d’en haut.

Vous avez vu mes nouvelles écoutes de grand-voile, une rouge à bâbord, une verte à tribord. Les chariots de barre d’écoute sont bloqués, les renvois d’écoutes sont supprimés.
Le capitaine est ravi de cette nouvelle configuration qui supprime beaucoup de renvoi et donc de perte d’énergie.
 




Dans l’après-midi, je n’ai avancé que de 10 miles sur la route, face à un vent de 5 nœuds. Les îles de Lihir et de Masahet me regardent depuis ce matin.
Un peu énervant, non ?
 
Jeudi 17 novembre

Le vent reste fidèlement au nord-ouest et à 5 nœuds.
La lune le surveille mais entre 2 heures et 5 heures cette nuit, il s’est absenté. Résultat, j’ai fait une marche arrière de 2 miles et demi sur la route.
Ce qui confirme les informations des Pilot Charts : le courant est allié au vent contre nous !





Ce vent faible permet au capitaine de vivre sa vie comme au mouillage : le bol de café au lait bien rempli sans faire de tache sur le set de table.


Au point de midi, ma progression sur la route est de 48 miles en 24 heures.

A 14 heures, le capitaine lance un moteur : le vent est certainement parti souffler ailleurs et il n'a pas dit quand il reviendra.



18 heures : les îles Tabar sont visibles devant nous.

Ma route passe juste entre l’île de Simberi et l’île de Tatau. La nuit est claire, le vent faible : nous empruntons le passage entre ces îles avec l'aide indispensable du GPS.
Vendredi 18 novembre
Pour se mettre à l’abri du courant contraire, nous tirons un long bord vers la côte de Nouvelle-Irlande. La route se poursuit à la voile et au moteur.
Il n’y a plus aucun doute maintenant, nous sommes bien dans la zone intertropicale de convergence (ZIC pour les spécialistes).

Les anciens l'appelaient le « Pot au noir ». Le véritable orthographe est « Poteau noir ». Regardez sur la photo ces colonnes noires qui supportent les nuages.
Il peut entrer à l'Académie Française mon capitaine ?

A 16 heures 30, je suis mouillé face à un bar-hôtel-restaurant.
Le port de Kavieng est l’espace protégé par les îles de Nusa et Nusalik : une plage de sable doré remplace le quai en granit gris.

Une traversée laborieuse depuis Nissan :
3,8 nœuds de moyenne grâce aux 30 heures de moteur sur 80 heures de route.



KAVIENG – NOUVELLE-IRLANDE.
 


Le lendemain Hélios mouille près de moi. Il arrive de Rabaul.

Nous étions ensemble au Fidji en début d’année. Depuis chacun a suivi sa route et nos vagabondages convergent de nouveau.




Le capitaine suit le rivage pour aller en ville pour visiter le douanier, le marché et les commerces.
Il y a un quai pour les navires marchands plus loin, mais le trafic avec les autres îles se fait à partir de la plage.




Kavieng est animé pendant la journée : c’est la capitale de la Nouvelle Irlande.
Animation n'est pas cohue : New York et Tokyo sont loin d'ici.




Petite capitale donc : en allant à pieds du centre aux quartiers périphériques, vous n’user pas vos tongs.

La circulation automobile reste très discrète : vous ne serez par interrompu si vous tenez conversation au milieu de la rue.

Qui dit Irlande dit pomme de terre.

Elle est cultivée ici et elle est excellente.

Le capitaine se fait des orgies de ce légume rare sous les tropiques. Il faut d’ailleurs être très présent sur le marché pour pouvoir en acheter : les jours et les heures d’arrivage sont un grand mystère.



Qui dit Irlande dit verte prairie.

Eh bien non : la Nouvelle Irlande est à moins de 300 km de l’équateur.

La campagne est certes verte mais très touffue : la nature n’autorise pas les prairies …



… et le vert n’est pas la seule couleur en vogue.

Ces deux garçons regardent vers le nord, au-delà de la barrière de corail.

Mon capitaine regarde aussi dans cette direction. La météo persiste depuis une dizaine de jour à n’annoncer que des vents faibles à nuls sur la route que nous devons prendre vers la Micronésie.

Il faudra bien pourtant un jour les traverser ces calmes équatoriaux.



Le dimanche 4 décembre au matin

Mon ancre est arrachée du fond du port de Kavieng ; le cap est mis au nord pour couper l’équateur et rejoindre Yap en Micronésie.







Pendant ces 6 semaines d’escale en Papouasie Nouvelle Guinée, nous avons visité trois îles dans l’est de la mer de Bismarck : que de très belles et très sympathiques escales.
Au revoir Papoue.