jeudi 2 mai 2013

Cuba


SANTIAGO DE CUBA




Nous voilà à Cuba, mouillé dans l’Ensenada Gaspar, devant la marina de Santiago.  Arrivé après 17 heures, il faudra attendre le lendemain matin pour avoir l’autorisation d’aller à quai pour y effectuer les formalités d’entrée.


Le quai de la marina a été fraichement remis en état : toute la région a souffert du passage de cyclone Sandy et la marina était aux premières loges. Un des quais a été emporté.

Visite des autorités : elles sont très efficaces. En deux heures nous avons fait notre entrée à Cuba : 9 personnes et un chien (qui perd ses poiles) sont venues à bord : immigration, douanes, médecin, trois vétérinaires, garde-côtes, autorités portuaires, lutte contre les stupéfiants. Le tout avec la sourire et en prenant garde de ne rien salir.




Une belle collection de document, renseignés à la main, copie carbone, tampons. Maintenant, il est possible de fouler le sol Cubain.
Les navires de commerce passent juste à côté de moi : ils remontent la baie jusqu’à Santiago. C’est interdit pour nous les navires de plaisance.




Les traces du cyclone sont bien visibles à terre. Les remises en état de quelques maisons sont encore en cours.




Beaucoup d’arbre ont perdu la tête, des maisons leur murs.



La ville est loin de la marina : il faut prendre un bus, une moto ou un taxi pour aller voir le monde urbain.




Santiago est grand, mais mon capitaine visite à pied : entrainement pour les futures randonnées



Il y a beaucoup à voir dans une société organisée de manière très différente de la nôtre : peu de voitures, des magasins discrets, pas de publicité ni d’enseignes envahissantes. Parfois, c’est un peu dur de trouver ce que l’on cherche. Mais il suffit de demander.


Tous les gens marchent : les jambes sont un moyen de transport très utilisées par les cubains. Yves est souvent parti pour la ville : il y retrouve Alain, un nazairien qui vit à Cuba depuis une quinzaine d’année et qui lui fait profiter de son expérience du pays, entre deux bières.



Et puis la marche à pied, ça permet de connaitre et de  discuter avec plein de gens.

LA SIERRA MAESTRA


La Sierra Maestra est proche de Santiago. J’ai vu Yves partir avec son sac à dos et ses chaussures de marche. Mais il a commencé son périple à bord d’une Dodge de 1948. La voiture a souffert sur la fin du parcourt, quand il a fallu attaquer les premiers contreforts. Ce n’est plus de son âge les routes qui montent et qui descendent.


Quelques haltes sur la route de Bayamo pour reposer la voiture et boire des jus de canne. Après une nuit à Santo Domingo (celui de la Sierra Maestra) et le voilà à pied d’œuvre. Vraiment à pied.



Là-haut, à 1974 mètres, le Pico Turquino : le ciel est sans nuages alors en route.




Guide obligatoire : il monte sans faiblir, répond aux questions, ne s’arrête que sur demande ou pour fumer une cigarette.




Fidel Castro et ses compagnons de lutte ont vécu tout prêt d’ici, en 1958, pour préparer la révolution cubaine.




Passage par la communauté de Platanita, caché au fond d’une vallée. Yves s’y fait un copain.




Le chemin est presque toujours à l’ombre sous la végétation. Les premiers nuages commencent à se former en altitude.




Nature généreuse : en regardant bien, il est souvent possible de se nourrir en cours de route.


Le refuge d’Aguada Del Joaquin, à 1364 mètres d’altitude. Derrière le banc, il y a plein de fraises. Si vous passez par-là, servez-vous : ils en restent quelques une.
La pluie a commencée à tomber en fin d’après-midi. Il a plu toute la nuit. Le lendemain matin, le sommet du Pico Turquino était dans les nuages.




En milieu de matinée, il a fallu se faire une raison et redescendre dans la plaine. Il n’y a pas que pour les bateaux que les conditions météorologiques dictent leurs lois




Après la montagne, la mer de nouveau. Les  formalités de départ sont terminées à 8h30. Nous nous dirigeons vers la sortie de la baie.




Passage sous la forteresse : elle est toujours là, immobile




Un dernier coup d’œil sur la Sierra Maestra et le Pico Turquino : aujourd’hui, il est libre de tout nuage !


Mon capitaine a décidé de partir vers la côte Nord de Cuba. Le prochain port sera Baracoa. Avant il faut doubler la Punta Maisi, pointe la plus à l’Est de Cuba. Elle est à 100 miles dans la direction des vents dominants.
Dès 10 heures, le vent se lève, juste dans l’axe de la route. J’attaque au près serré, contre une mer qui se forme très vite. Nous longeons la Sierra Larga. Le vent est de 18 nœuds et le premier ris est pris dans ma grand-voile.

Le vent monte à 25 nœuds. Grand-voile au 2ème ris et foc roulé au 2ème point, nous nous approchons de Guantanamo. Une nuit au calme serait la bienvenue : derrière la zone US, il y a un port de pêche cubain. Mais il faut traverser le « territoire » nord-américain. Nous pénétrons par l’Ouest, à deux miles de la côte, dans la zone dite de sécurité. Elle s’étend à 6 miles au large. Très vite, une canonnière vient à notre rencontre et sans comprendre un mot d’anglais, il est évident qu’il faut s’écarter et que nous passerons la nuit en mer. Les tentatives du capitaine pour négocier par VHF sont infructueuses. Une deuxième canonnière arrive : comme la précédente, il y a un homme à la mitrailleuse à l’avant (il se fait tremper celui-là), un autre à l’arrière, un à la barre, un qui regarde et le chef. Ils sont tous casqués, gilet pare-barre et gilet de sauvetage, des gadgets plein le ceinturon. Ils nous escortent jusqu’à la sorte de la zone : c’est un peu long pour eux parce que mon capitaine a refusé d’abattre en grand pour ressortir : on ne va pas pendre ce que l’on a eu du mal à gagner contre le vent rien que pour faire plaisir à Barack Obama, non mais !

Mer et vent forts toute la nuit. Au matin, ça ne faiblit pas. Maintenant nous savons pourquoi les anciens ont appelé cet endroit le Wind Ward Passage. Nous tirons des bords toutes la journée. Il y aura des rafales à 30 nœuds.



La pointe est doublée entre 5 et 6 heures de l’après-midi. Il était temps : le capitaine et moi-même commencions à fatiguer. Nous passons au ras de la côte pour ne pas entrer dans le rail de séparation du trafic. Nous sommes devant Baracoa à 8 heures du soir : la nuit est tombée. C’est ce moment-là que cède la ferrure qui relie la barre au pilote automatique. Le vent souffle entre 28 et 30 nœuds. Les conditions pour entrer de nuit, sans carte de détail, dans ce port inconnu sont mauvaises. Le capitaine décide de mettre le cap au large, vers le Nord. Après avoir traversé le rail des cargos, il peut aller se reposer.




Le lendemain, retour vers Baracoa. Nouvelle traversée du rail et nous nous présentons devant le port à 8 heures. Le ciel est couvert ; la mer est forte …



… la passe n’est pas large et il y a des déferlantes tout autour : heureusement que nous n’avons pas tenté d’entrée de nuit.




L’épave à l’entrée du port conforte à posteriori le choix du capitaine.





  BARACOA


Une demi-heure après avoir mouillé, visite des gardes-frontières. Nous ne pouvons pas rester dans ce port ! Négociation et une journée d’escale est autorisé pour me remettre en état de naviguer. Interdiction d’aller à terre. 




Dommage, il a l’air sympathique ce petit port.




Et le danger à terre n’a pas l’air de perturber les habitants.

24 heures plus tard, Yves explique aux autorités que nous ne pouvons pas repartir parce que la batterie de l’ordinateur est vide : il lui faut absolument aller à terre pour la recharger. 
Autorisation exceptionnelle du commandant de la place, après information sur les dangers potentiels de laisser un bateau seul au mouillage. Non mais, je ne suis pas assez grand ? Ville très tranquille ou chacun lave devant sa porte.





Les veilles américaines brillent de tous leurs chromes.
Elles font l’objet de plus d’attention que certaines façades de maison.





La place de l’église, haut lieu de palabre même en plein midi.



La visite est rapide, dommage. L’impression de vie tranquille était bien agréable. A revoir peut être une autre fois ?


Il faut partir. A 5h du soir les voiles sont envoyées. Prudent ou traumatisé, le capitaine avait pris le 3ème  ris. Il est rapidement largué. Un vent de 15 nœuds nous pousse au portant le long de la côte nord de Cuba.


Les phares disséminés tout le long de cette côte nous ont tenu compagnie pendant la nuit. Le trafic des navires de commerce est actif : nous avons croisé huit bateaux depuis Baracoa.




Toute sorte de navire, dont celui-ci qui transporte un cirque.



A 13h30, les voiles sont affalées et je présente mes étraves dans la baie de Najanra. Nous n’irons pas très loin : accès interdit, obligation d’aller à la marina de Vita. Rien n’est négociable !





A 15h30, nous entrons dans la baie de Vita.




Il faut suivre un long labyrinthe très bien balisé avant d’atteindre le port. La houle ne risque pas d’entrer
Après un passage à quai, je me retrouve mouillé à proximité immédiate du ponton. Que ce soit au quai ou au mouillage, il a y des droits à acquitter. Il est interdit de mouiller ailleurs. C’est ce jour-là qu’Yves a décidé de mettre fin rapidement à notre séjour en République Cubaine. Nous n’irons pas plus loin vers l’Est.
En sortant de la marina, le village : une rue, ou plutôt la route, qui mène au port. C’est un cul de sac et la circulation ne présente aucun danger pour les enfants.






Un « café » : le Club Social. On s’assied sur le bord de la terrasse.



Une église : c’est une église évangélique et il n’y en a pas d’autre. Voilà, le tour est fait.



Pour acheter des œufs, de la viande, du rhum et de la bière, c’est au Club Social. Pour les fruits et les légumes, il y a des paysans qui passent le matin avec leur charrette à cheval.




Il y en a qui roule en cabriolet. Yves a utilisé ce moyen de transport : ça vous secoue plus que dans une mer formée.




Les chevaux ont toujours leurs mots à dire dans le monde du transport …





… et comme tout moyen de transport, il y a des pannes sur le bord de la route.




Nous ne sommes pas encore à la désertification des campagnes. Il y a des fermes un peu partout.





Palmiers royaux : ils impressionnent toujours le plus blasé des voyageurs.



Une heure de bus et mon Yves est à Holguín, capital de la région et ville la plus proche de la marina.
Une cours d’école : les enfants peuvent jouer à l’ombre.





Des rappels révolutionnaires : il ne faut pas lâcher la pression !




Ceux-là sont trop absorbés par leur partie d’échec pour lire ce qu’il y a d’écrit sur le mur.





Un scoop : le père d’Eddy Mitchell passe sa retraite à Holguín.




Bien entendu, les américaines sont là, rutilantes comme souvent.


Yves est quasiment convaincu maintenant qu’il y a plus de peintre-carrossier que de peintre en bâtiment à Cuba.




Le 1er mai approche : un évènement majeur pour une république communiste. Mon capitaine est fin prêt pour le défilé.
L’évènement est commenté à la radio comme une étape du tour de France.



Le visa d’un mois d’Yves expire le 3 mai. Une fenêtre météo favorable pour une route vers l’Est se présente au même moment. Le jeudi 2 mai en fin de journée, l’officier des garde-frontières nous fait les documents de sortie et nous nous dirigeons vers la sortie de la baie.


Le peuple cubain : des gens accueillants, éduqués, serviables, ouverts et ingénieux.

Nous y repasserons sans doute.






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