mercredi 15 mai 2013

De Santo Domingo à Santiago de Cuba via Haïti

Départ de Santo Domingo



Mercredi 20 mars 2013, 8 heures du matin : Pallermo et Bernard m’ont largué les amarres qui me reliaient au quai de Santo Domingo. Petit temps sous le vent de l’île : moteur, puis spi, puis genaker … tout y passe pour me faire avancer.


C’est la première étape sur la route de Cuba : 50 miles. Nous longeons la côte sud de la République Dominicaine pour rejoindre Salinas, avec le passage de la Punta Palenque.



Après un dernier empannage, nous virons la Pointe Salinas et entrons dans la baie de las Calderas à 16h30. 

SALINAS

 
 
 
Mouillage devant le ponton d’un hôtel. Un trimaran de course y passe une retraite tranquille : il s’appelait Primagaz.



De mon mouillage, j’entends de la musique qui vient du village : c’est la fête, comme tous les ans à cette époque à Salinas. Nuits blanches en perspectives pour le capitaine.




La rue principale, qui serait l’unique rue si elle n’avait pas eu l’idée de se diviser en deux autour d’un pâté de maison.





Les idées remplacent les moyens : jamais roue de vélo n’aurait imaginé de finir en panier de basket !





Yves explore les alentours : la baie s’appelle Calderas et c’est vrai qu’il y fait chaud





Et le village s’appelle Salinas, eh bien c’est parce qu’il y a des marais salant. Fallait y penser !



La structure de l’usine est en bois : un matériau qui résiste bien à l’agression du sel. Et comme les pluies sont rares ici, la structure dure longtemps.




Le sel est plus blanc que blanc sans être lavé avec Omo. Les paludiers d’ici n’ont pas appris à faire du sel gris comme au Bourg de Batz !



Pas touche : c’est une usine à sel, pas un centre de distribution gratuit. Bien qu’avec un sourire, la réserve de gros sel du bord peut être remise à niveau.


Le lundi suivant, la fête du village étant terminée, plus rien ne nous retient à Salinas. Nous repartons pour une courte traversée de 30 miles vers Barahona.


Marie Morgane d’Alain a quitté le mouillage un peu avant nous. Je le rattrape  poussé par un vent d’Est de 12 nœuds. Nous avions rencontré une première fois Marie Morgane à Margarita, en juillet 2012. Elle était amarrée près de nous à Santo Domingo. Nous la retrouverons à Barahona.
Alain m’a filmé comme une star sur les marches de festival de Cannes : c’est vrai que sous grand-voile haute et genaker, j’ai de l’allure !

J’arriverai trois heures avant lui : à chacun son rythme de croisière.




Il faut dire que le vent portant et des carènes bien propres m’ont permis quelques pointes de vitesses.


Après avoir doublé la Punta Martin Garcia, nous approchons de Barahona : il y a un cargo qui navigue dans les terres ?
BARAHONA




Eh non, il est à quai au fond du port. Juste à côté, le Yacht Club.
 
Je suis mouillé à 30 mètres devant le mastodonte. Très vite, Yves s’aperçoit qu’il décharge du charbon. Attention au changement de direction du vent : pour l’instant, la poussière noire ne tombe pas sur moi. Mais ça ne va pas durée.



Ici, il y a un Malecon, comme dans toutes les villes côtières de la République Dominicaine… … et les familles en profitent.








Jeux pour les enfants, bancs pour les adultes, orchestre pour tous ceux qui le veulent : c’est le Malecon





Le charbon à forte dose n’étant pas le truc du capitaine, nous quittons Barahona le 29 mars après quatre jours d’escale. C’était notre dernier port en République Dominicaine. Les formalités de sortie ont été faites la veille au soir, dans la douleur : l’officier des garde-côtes avait sans doute besoin d’argent pour le week-end de Pâques. 




Comme dans beaucoup de pays, le dernier « au revoir » est pour les pêcheurs au travail dès le lever du jour.
Dès que nous sommes dégagés de la côte, le vent d’Est met toute sa puissance dans mes voiles pour la descente vers l’île Beata, à l’extrême sud-ouest de la République Dominicaine. Au total, 200 miles à courir avant l’île à Vache.

Le foc a remplacé le genaker et Yves a pris 2 ris dans la grand-voile. C’est suffisant pour m’emporter à une vitesse …





… plus qu’honnête pour une navigation de croisière. 16,4 nœuds, c’est dans les surfs : la mer formée.



L’île de Beata est doublée à 15 heures. Aujourd’hui, l’état de la mer ne permettrait pas d’y faire escale.


L’alizée étant fort, mon capitaine met le cap au Nord-Est après Beata pour passer la nuit dans un calme relatif plus près de la côte de Haïti. Vers deux heures du matin, le vent faiblit.


Le vent est très faible à nul toute la matinée, puis revient dans l’après-midi. Premier contact avec un haïtien : il descend sa voile et vient à la rame nous demander de l’eau. Il fait chaud en mer sous les tropiques !



Jusqu’à l’entrée du canal sud de la Baie des Cayes, nous croisons plusieurs barques de pêche, toutes naviguent à la voile et elles sont rapides. C’est le moment que choisi le convertisseur 12 volts / 220 volts pour se mettre en grève.





En fin d’après-midi, nous entrons dans la baie à Féret.

ILE A VACHE EN HAITI

 
 
 
Je suis mouillé au fond de cette baie, qui est un véritable port naturel.


Aussitôt, des haïtiens à bord de pirogues viennent proposer leurs services. Nous repartirons allégés des bouts de toutes les tailles et de toutes les couleurs qui se trouvaient au fond des équipets du bord.




Le lendemain, c’est Pâques. Et ce jour-là, il y a régate ! Départ de la plage : la musique remplace le coup de canon mais tous les bateaux partent au même moment.




Le premier revient trois heures plus tard : l’arrivée est à la plage comme le départ. Tous les bateaux arrivent dans mouchoirs de poche …




… puis se reposent pendant que les équipages refont la régate.





Le village est visible juste derrière la plage : des cases le long des sentiers de sable.





Le chantier naval, comme Saint-Nazaire, mais sans les grues.
L’escale en Haïti était la dernière halte sur la route de Cuba. L’ancre est levée le lundi matin 1er avril à 7 heures. C’est vrai.
Saint-Nazaire a des bateaux-pilotes, ici il y a une pirogue-pilote pour me guider vers le sortie de la baie. Merci et au revoir jeunes navigateurs.
C’est reparti à vive. Grand-voile à deux ris et foc, je fonce vers l’Est. L’île à Vache disparait très vite sous l’Horizon.




Au programme 190 miles pour traverser le WindWard Passage, le Passage du Vent. Allons voir pourquoi les anciens l’ont baptisé de ce nom.


A midi, Pointe à l’Acabou, Pointe Carrefour, Pointe à Gravois sont doublées. Nous sommes devant Port à Piment et nous nous approchons de la baie des Anglais et du village du même nom. Que des jolis noms en français : ça nous change.

La navigation se fait « à l’ancienne » : l’unique appareil dont le bord est équipé pour faire du 220 volts est définitivement hors d’usage. Impossible de recharger l’ordinateur : plus de cartes électroniques et ni de logiciel de navigation. Règle Cras et carte papier prennent position sur la table à carte.


En fin de journée, nous passons entre Navassa Island (une possession Américaine) et le Cap Tiburon, pointe Ouest d’Haïti et d’Hispaniola. Nous croisons la route Panama – Atlantique Nord que prennent les navires de commerce.




Le capitaine veille : je passe, je ne passe pas ? Le cas échéant, il modifie ma route.




En général, il me fait passer derrière. Respect pour les gens qui travaillent.



Je me traine toute la nuit et la journée suivante entre 3 et 5 nœuds. Le vent est tombé pour notre traversée du WindWard Passage.


A 17 heures, nous entrons dans la rade de Santiago de Cuba, gardée par une forteresse : El Castillo del Morro. Construit en 1638, il est inscrit au Patrimoine Mondial de l’Humanité.

2 commentaires:

  1. c est la route du sel que tu fais !!!!!

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    1. Eh oui, le sel fait la même route que moi, celel de la mer, du vent et du soleil.

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