mardi 24 mars 2015

EQUATEUR



Fin 2014 / Début 2015 : EQUATEUR


Je suis mouillé dans le Rio Chone, devant Bahia de Caraquez. 

Nous sommes une douzaine de bateaux de passage à « Puerto Amistad ». Mais ne chercher pas de digue ni de quai : des corps-morts dans la rivière constituent le "port".



Très vite, mon capitaine m’a laissé seul : il a filé à la gare routière prendre un bus et m’a raconté plus tard son périple en terre équatorienne (ou une partie, je ne peux pas savoir ce qu'il me cache). 





MANTA



Trois heures de bus vers le sud et le voilà dans une vrai ville. 

La différence avec Bahia de Caraquez, c’est qu’il faut regarder et patienter avant de traverser une rue.



Manta est un port de pêche …



… même très un grand port de pêche. 

Au mouillage, il y a toute la gamme des bateaux construit pour sortir du poisson de la mer : de la barque au navire-usine. 


Le voyageur égaré n’a qu’à regarder le superbe thon entouré de lanchas au milieu de giratoire pour savoir qu'il est à Manta.





Le poisson nourrit hommes et bêtes : à chacun son morceau.




Les grands comme les petits vont en mer puis reviennent mouiller chacun dans son coin, mais toutes les étraves dans la même direction. Nous sommes bien disciplinés chez les bateaux.



Les petits déchargent sur la plage, pour le plus grand plaisir des pélicans et des frégates affamés.



Le Yacht Club de Manta, à droite sur la photo. Un seul voilier au mouillage : les honoraires des agents maritimes (obligatoires pour effectuer les formalités) sont dissuasifs pour le voilier en escale.





La ville n'a pas de caractère particulier : il y a des trottoirs dans le centre …



… qui disparaissent vite dès que l’on marche plus de 10 minutes vers les quartiers périphériques. 

La périphérie est beaucoup plus étendue que le centre, bien entendu. Une vrai ville en somme.


La vie trépide au rythme équatorien. 

Ce garagiste multimarques passionné de rallie et fan d’Amedée Gordini ne a son cahier de rendez-vous complet pour aujourd’hui.



Mon capitaine pense à moi et un lieu pour mon carénage annuel. Il a donc arpenté le littoral dans ce but. 


C’est ici que les bateaux locaux se font nettoyer et peindre les œuvres vives, le temps d’une marée. 

L’endroit n’est pas approprié pour moi : la sécurité est, parait-il, aléatoire.


Un peu plus loin sur la plage, le grand chantier naval de Manta. Le quartier s'appelle "Playa de Tarqui", le Penhoët d'ici. 



De beaux navires en bois y naissent, construits suivant les méthodes traditionnelles.



D’autres s’y refond une santé : le bois est une proie facile pour les tarets dans les eaux équatoriales.




Le bambou fait le tour mais n’entre pas dans le navire.

Il voit la mer mais ne la prend pas.
L’activité est telle que le sable disparaît sous la sciure : lunettes de protection indispensables les jours de grand vent.

L’engin de mise à l’eau est adapté à ces coques mais pas à celles d’un catamaran. Ce n’est pas ici que je ma referai une beauté sous-marine.





GUAYAQUIL




Quelques heures de bus vers le sud et voilà Yves à Guayaquil, la plus grande ville du pays.


Construite parmi les bras du fleuve Guaya (d'où son nom),  Guayaquil ne reçoit plus de bateaux : ils s’arrêtent en aval de la ville. 




Le cœur de ville : immeubles, voitures … du classique sans charme.



Parfois un arbre irréductible tente de monter sa tête au-dessus des constructions. David contre Goliath.





Les tours et immeubles occupent le centre …



… les maisons individuelles couvrent le restent de la ville. La mairie n’impose pas de couleur pour les façades. Ou bien les propriétaires s’en moquent.



Bien que Guayaquil ne soit pas la capitale, elle a son lot d’hommes héroïques statufiés.

Les équatoriens aiment se retrouver dans les parcs ombragés, …


… autour des bassins (où il est interdit de se baigner, la police vieille), …
… et sur le Malecon 2000, refait à neuf, fierté de la ville.
Il est facile d’engager la conversation dans ces lieux publics : les gens sont dans la rue pour ça.


Il arrive qu’un petit bateau passe sur la rivière. Il y en a même qui arrive des USA.







Au bout du Malecon, El Moro. 



Un long programme de rénovation des maisons par leur propriétaire a réhabilité le quartier autrefois coupe-gorge. 
C’est le seul endroit de Guayaquil qui ait plu à mon capitaine.


Un terrain de basket et de mini-foot s’est immiscé sur la pente. 
Bon courage à celui qui devra récupérer le ballon passé par-dessus de grillage.




Les rues sont des escaliers. 
Les marches de la rue principale sont numérotées …




… aucune discussion possible : il y en a 444. 
Yves a gravis d’un pas alerte, dit-il.

Tout au long de l’escalier et jusqu’en haut, il y a des bars. 

Chapeau bas pour le livreur de bière. 

Ce n’est pas à Guayaquil que je ferais mon carénage : les berges du Guaya sont fangeuses.  

Le capitaine est monté dans un bus, toujours cap au sud, mais cette fois vers l’intérieur des terres.






CUENCA





Quelques heures plus tard, il est à Cuenca la troisième ville d’Equateur.



Ville pleine d’histoire installée dans une vallée au milieu de ses volcans.



Ville de montagne, les maisons sont adossées à la pente …






… et elle est traversée par un torrent, comme Chamonix.


Une partie des rues est impraticable pour les voitures. 

Quand est-ce que Peugeot sort la voiture qui monte et descend les marches ?



Les églises ne manquent pas …




… de couleur brique ou blanche (rien à voir avec la politique) …




… mais toujours de style espagnol.


Les populations des campagnes environnantes viennent y faire leurs achats. 
La couverture est le produit phare : il fait froid en montagne, même sous l’équateur.



Vous reconnaîtrez plus loin d'ou viennent les tissus qui habillent mon carré.



Pas de doute, mon capitaine est en plein pays andin : les chapeaux ne sont plus les mêmes que sur le littoral.


e costume traditionnel n’empêche pas d’apprécier les plaisirs d’aujourd’hui.
    Au sud de Cuenca, c’est le Pérou. Yves a viré de bord, cap vers le nord : il n’allait pas me laisser tout seul en Equateur.
















                                                          
QUITO



Seconde capitale mondiale pour l’altitude, derrière La Paz en Bolivie. 
La hauteur des tours n’y changera rien, elle restera seconde à 2850 mètres au-dessus de la mer … et de moi. 
Pour vous donner une échelle (pas pour y monter), ça fait 168 fois la hauteur de mon mat.



Beaucoup de parcs dans le cœur de cette ville longue de 30 km pour 5 km de large : relief oblige, elle suit la vallée.


Le moderne grignote l’ancien, qui se défend quand même bien. 

Attention Quito, pour ta santé, évite de grignoter.



Le quartier historique est le domaine des grandes églises et …

… de la vie dans la rue sous la surveillance de la police.

Il est interdit de jeter quoi que ce soit par terre sous peine d’amende.

Efficace : le capitaine a arpenté les trottoirs de Quito et ils sont propres. 



Il y a de grands centres commerciaux, des magasins, des boutiques et des marchands ambulants. 
Chacun fait l’investissement correspondant à ses capitaux. Après, il faut trouver le bon coin …



… et sa place à l’ombre.


Echange entre maison mère et succursales où livraison d’un gros client ?



On rentre à la maison avec ses achats (la dame, pas le monsieur).



Qui dit église, dit place de l’église. 
Qui dit place de l’église dit pigeons.


Et le plaisir de les faire s’envoler dès que l'on est en âge de marcher. 







Les vieux monuments, c’est beau mais il faut les entretenir …



… d’autant de San Martin, "libertador" de profession, surveille les travaux.


Baignade dans un bassin au retour de l’école. A 2850 mètres d’altitude, en plein midi sous l’équateur, il peut faire chaud. Surtout quand on a 10 ans.






BAHIA DE CARAQUEZ



Quelques semaines plus tard, Yves rentre à bord : j’étais toujours amarré à mon coffre dans la rivière.
Entre temps, Bahia de Caraquez avait ouvert son premier centre commercial . 
Le XXIème siècle avance, inexorablement.


Sans affecter la vie des pélicans qui continuent à faire leurs emplettes  derrière les lanchas.


Les pirogues qui pêchent à l’épervier ont moins de succès auprès les oiseaux de mer.



Le capitaine fait de la voile à bord de l’annexe : il doit être en manque.




Il passe sous le pont, double l’île Corazon.

Moi mon mât ne passe pas sous le pont.




Il poursuivit la remonté du Rio Chone … jusqu’à ce que le courant de la marée descendante me le ramène.
Je ne vous ai pas encore présenté le village de Bahia de Caraquez. 

Voici son Malecon, face à l’océan Pacifique. Il y a des jours où les vagues arrosent passants et voitures.


Ici, les piétons traversent la rue quand ils veulent, où ils veulent. 
Il faut quand même tendre l’oreille, on ne sait jamais.


Sauf Calle Simon Bolivar, l’artère principale : la mairie a mis des passages piétons et un feu tricolore




Dans les quartiers périphériques, les maisons sont faites de bambou.




Plus on monte, plus c’est pauvre et plus la vue est belle.


Revenons au niveau de la mer. 

Le capitaine m’a enfin mis sur une plage, au cœur de Bahia de Caraquez, face au musée et à l’arrêt de bus (en réalité, les bus s’arrêtent un peu partout quand le voyageur le demande).



La plage a la pente idéale pour que je reste à l'horizontale.


Il a fallu me monter d’une quinzaine de centimètres avec un cric pour mettre des bastaings sous les skegs et sous les étraves. 
Ainsi, le fond de mes coques ne touche plus le sable.



Mes œuvres vives sont nettoyées et rincées.



Puis Ariosto passe trois couches d’antifouling sur ma coque tribord.





Son adjoint en fait autant sur ma coque bâbord.

Yves a profité de mon séjour au sec pour renforcer les fixations de sous-barbes de tangon, faire une évacuation directe du bac de douche, changer les anodes des hélices, refaire les étanchéités des panneaux de survie. 
Bref, quand je suis à la plage, le capitaine ne se dore pas au soleil.


Dès que le coefficient de marée  l’a permis, je suis retourné au mouillage. 
Sur la plage, les fourmis et autres insectes sont montés à bord et y ont élu domicile. Le capitaine n’a pas apprécié et a déclenché une guerre chimique massive contre l’occupant.




Il faut maintenant préparer la traversée du Pacifique Est. 
Vous voyez mon carré : il a pris des couleurs des Andes avec les tissus de Cuenca. 


Le dessalinisateur, en grève perlé depuis un an, a subi plusieurs opérations à cœur ouvert sous les conseils de Roccardo Verde, ingénieur chez Schenker le fabricant italien.

Il fonctionne maintenant comme un neuf.

Trois mois d’escale : des fourmis me démangent de nouveau les dérives. 
Les vivres et le gas-oil sont à bord. Je suis maintenant prêt à mettre cap à l’Ouest pour aller voir les îles qui sont là-bas sous l’horizon, au-delà de la Punta el Derrumbe.



Au revoir Equateur : tes habitants accueillent le voyageur avec beaucoup de curiosité et de gentillesse. Ce fut un plaisir de s’y arrêter.


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