Le 23 mars au matin, Puerto Galera s'éloigne dans mon sillage.
Beau temps, belle mer : un jour pour naviguer.
Nous croisons et saluons un pêcheur qui rentre chez lui après une nuit en mer.
La glacière est-elle pleine de poissons ? Cela est toujours un secret.
Nous nous éloignons un peu de la côte pour toucher du vent et pour arrondir le cap Del Monte, au nord de Mindoro, sous le Mont Calavite.
Le vent souffle à 18 nœuds autour du cap.
Ce sera notre position la plus nord de cette croisière aux Philippines.
Ma route prend la direction du sud. Sur la carte, la bouée de l’homme à la mer est à Boracay.
C’est là que se trouvent les sirènes d’Ulysse. Dans l’Odyssée, Homère donne une position vers la Sicile : personne n’a jamais vu ces créatures dans cette zone !
A Boracay il y a des centaines de sirènes ... J *
Mon capitaine ne pouvant pas s’attacher au mat (qui s’occuperait de moi ?), il a pris l’option d’un contournement à plus de 80 miles de ce lieu de toutes les tentations … et de perdition.
* Interprétation libre de l'histoire n’engageant que moi.
En fin d’après-midi, la Pointe Itbu, le cap Calavite et la Pointe Calinsunga sont doublés.
Le vent faiblit puis tombe vers 16 heures. Il est temps de chercher un endroit pour mouiller avant la nuit.
MAGUIT
Juste après la Pointe Aro, à l’entrée de la baie Paluan, un village se distingue dans les arbres.
Il y a des bateaux sur la plage, dont un pour le moins original qui augmente sa longueur hors tout avec des bambous.
Comme certains petits hommes avec des talonnettes.
D’autres bateaux viennent ici pour la nuit : le choix doit être bon.
Il y a un dicton que n’oublie jamais le capitaine : « Chaque traversée mérite sa bière ».
La traversée peut être de 3 miles ou 330 miles, la bière reste à 33 cl.
Dès le lendemain matin, départ à l’aube pour Apo Reef, à 45 miles en plein dans sud.
Après une heure de voile, les moteurs prennent le relai.
Nous ne sommes plus en petite navigation côtière, les bateaux que nous croisons sont plus gros, …
… voir beaucoup plus gros.
APO REEF
A 14 heures, l’îlot apparaît droit devant.
Un vent de 7 nœuds de sud-ouest me permet de progresser sous voile au près.
L’île d’Apo s’étale lentement sur l’horizon.
Vu de plus près, l’îlot montre son orientation touristique : c’est un paradis pour la plongée sous-marine.
A 15 heures 30, je suis mouillé près de l’aplomb.
Les fonds passent de moins d’un mètre à plus de 100 mètres très rapidement : le fenêtre de tir pour poser l’ancre est étroite.
Comme l’eau est très clair, il est facile de bien viser.
Yves est entré dans ce qu’il croyait être un bar avec un frigo rempli de boissons gazeuses.
Le rêve a fait Pchittttt : il n’y a ni frigo ni boissons. Par contre payer est possible et même obligatoire. C’est le principe d’une zone déclarée parc naturel.
Le capitaine n’a pas voulu payer le droit de respirer l’air de l’île d’Apo en écoutant le groupe électrogène : retour à bord après avoir arraché l’autorisation gracieuse de rester au mouillage pour la nuit.
Le ciel annonce une nuit calme …
… heureusement parce qu’il n’y a pas beaucoup sous mes coques.
Le lendemain matin, c’est par calme plat que nous quittons cette escale toujours cap au sud.
Une navigation entièrement aux moteurs vers Tara Island.
Le calme est contagieux : même les bateaux de pêche restent immobiles et les marins sont à l’ombre du taud.
Ceux qui n’ont pas de taud générateur d’ombre courbe l’échine sous le chapeau.
Ditobay Rocks, au nord de Tara, sont doublés vers 11 heures.
ILE DE TARA
A 11 heures 30, je suis mouillé par 6 mètres de fond, abrité de la mer et du vent par un îlot relié à l’île principale à marée basse.
Je fais face au village …
… et plus précisément à son église.
Le débarquement se fait sur la plage, en jouant des listons entre les flotteurs des bankas.
Tous ces bateaux sont méticuleusement entretenus, et beaucoup ont des petites sculptures en contre-plaqué sur les capots, sur les mats.
Ce veau ne peut même pas imaginer les vertes prairies de Normandie.
Ni même les plages de Normandie.
Retour à bord avant la nuit pour …
… regarder passer les bankas qui elles attendent la nuit pour partir en pêche.
Elles couvrirons l’horizon jusqu’au matin, bien visibles avec leurs puissants projecteurs.
Lundi matin : au travail, comme un lundi.
Nous quittons Tara dès 7 heures.
Puis nous longeons une chaine d’îles et d’îlots aux jolis noms : Lagat, Bantac, Calanhayaun, Lubutglubut, Butulan.
Le vent souffle à 10 nœuds au départ de Tara. Puis il monte jusqu’à 20 nœuds : le capitaine prend un ris dans ma grand-voile.
Le Passage de Coron est devant mes étraves, quelque part dans ce paysage impressionnant.
Je fonce entre 8 et 10 nœuds au vent de travers.
CORON
L’île de Coron est sur bâbord et l’île de Busuanga est sur tribord ainsi que l’îlot Dibatuc.
La ville de Coron se trouve sur l'île de Busuanga et non sir l'île de Coron : tout est fait pour embrouiller le marin !
Ca y est, le capitaine se détend : nous avons embouqué le passage.
Je file au portant. Les bankas que nous croisons peinent face au vent et à la mer
Dans notre sens, pas de problème : c’est du surf ou presque.
La ville de Coron apparaît au fond du passage
L’endroit est mal pavé : le capitaine est de nouveau en alerte maximale.
Il saute des jumelles …
… à la table à carte où Open CPN et ses CM93 dispute la vedette à Navionics : tous mes moyens de lecture de carte sont mis à contribution.
Pour la ville, il n’y a pas de doute : son nom est écrit en grosses lettres en haut sur la colline.
Est-ce ici que le maire d'Hollywood a pris l'idée d'écrire en lettres géantes le nom de sa ville ?
Ou l'inverse ?
Pour naviguer dans la rade, le plus sûr reste la couleur de l’eau : il y a du soleil et il est au zénith.
A 12 heures 30, je suis mouillé tout au bout du port, derrière les bankas.
Le port est ouvert au vent de sud-est qui souffle actuellement
Un clapot désagréable me secoue la plateforme et le reste. Il y a pire certainement ailleurs dans le monde
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