vendredi 28 avril 2017

25 ESCALES AUX PHILIPPINES - chap. 1

DE MICRONESIE AUX PHILIPPINES


Jeudi 5 janvier 2017

11 heures du matin.
Je quitte Yap par la passe d’Entrance Rock.

La prise de contact est brutale. La mer est formée, le vent souffle de l’Est Nord-est à 20 nœuds.
Sous foc et avec deux ris dans la grand-voile, je file à 9 nœuds.


La route vers l’Ouest est dégagée de tout danger.
780 miles pour atteindre l'archipel des Philippines : une distance moyenne pour cet immense Océan Pacifique.
Vendredi 6 janvier


Le vent est monté à 25 nœuds pendant la nuit. Le capitaine m’a roulé mon foc et mis sur une route presque plein vent arrière.

Il a pu passer une bonne nuit.


160 miles de midi à midi.
Avec un vent soufflant à plus de 25 nœuds, ma vitesse est bien modérée. Mais c’est l'attitude de sagesse pour voyager loin.

L’île de Palau est laissé à 130 miles dans le sud.
Samedi 7 janvier - Le vent reste soutenu et le ciel est nuageux.
Il y a eu des grains de pluie pendant la nuit. Ma distance sur 24 heures augmente : 180 miles sous une voilure réduite et à une allure proche du vent arrière.

Je fais la course avec les vagues : parfois elles me passent par-dessous, parfois j’arrive à les semer dans mes sillages.
A 21 heures, un grain à 40 nœuds m'assaille : le capitaine réduit ma grand-voile au troisième ris.
A 23 heures, le vent monte brutalement à 56 nœuds et bascule sud-est. La température chute et la pluie se déchaine.  Ma grand-voile est affalée et le foc est réduit à 2 m².



Dimanche 8 janvier

Le vent souffle encore fort toute la journée, toujours du Sud-est.

30 nœuds le matin, faiblissant 25 nœuds l’après-midi.
Le capitaine observe et me laisse avancer sous foc seul en grande partie roulé.

Il pleut : un dimanche à rester à la maison.


Lundi 9 janvier

Le vent reste au Sud-est mais modéré : la tempête est passée.

Le pare-brise du bimini n’a pas résisté aux rafales de vent, il sera à remplacer.



Le soleil revient dans la matinée : le capitaine fait le ménage dans le carré et met à sécher paillasson, tee-shirt et serpillère.

Je me sens mieux avec un intérieur sec.



Avant de renvoyer la grand-voile, il faut démêler la drisse qui a profité de sa liberté lors de l’affalage au début du coup de vent.

Elle a réussi, avec la complicité du vent et des vagues, à s’accrocher aux échelons de mat repliables entre les barres de flèche et le capelage.

Nous sommes à 100 miles des côtes.

Vers 16 heures, un bateau de pêche vient vers nous. Il a le look asiatique : c’est un trimaran et des petites bankas sont saisies sur les bras de liaison des flotteurs.

Elles sont l'équivalent des doris des morutiers des bancs de Terre-Neuve.


Il met trois bankas à l'eau.

Très rapides et très manouvrantes, elles viennent le long de mon bord pour échanger poissons contre cigarettes.


Mardi 10 janvier

Nous arrivons pour aujourd’hui.

Le capitaine mémorise au maximum les atterrages et recherche la meilleure route pour cette arrivée dans le gros temps.

Nous allons contourner la pointe Nord de l’île de Dinagat.
Le vent d’Est oscille entre 20 et 25 nœuds. Mes derniers miles dans l’Océan Pacifique se font sous grand-voile à trois ris et foc roulé au 2ème point.



A 13h30, après deux empannages, la Pointe Désolation est doublée ainsi que les deux îlots Kayasa.

La mer est moins forte mais le vent monte à 30 nœuds.
Ma grand-voile est affalée et je file à 10 nœuds avec les 2 m² de foc.



L’approche finale vers Loreto se fait aux moteurs, vent de face.

La visibilité varie de faible à nulle suivant les grains.



A 14h20, je suis mouillé devant Loreto, face à la rivière Kanbinlio qui déverse ses eaux boueuses dans la mer.


La pluie continue de tomber et le vent de souffler.

Le capitaine est ravi d’en finir avec cette traversée musclée.

Il m’a fallu 5 jours et 5 heures pour couvrir les 780 miles depuis Yap.



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AU REVOIR OCEAN PACIFIQUE

L’Océan Pacifique est derrière nous.

En deux ans et demi, j'y ai mouillé mon ancre 80 fois. Mes sillages l'ont marqué sur 13100 miles pendant l’équivalent de 95 jours de mer.




Depuis la Grande Motte, ma trace à la surface de la mer est de 30 000 miles : c'est plus qu'un tour du monde par les trois caps ! En 210 jours, je suis loin des records.
       
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PHILIPPINES – ILE DE DINAGAT – LORETO



La pluie cesse et permet de découvrir le paysage qui nous entoure.

Loreto est un petit village ; une partie des maisons du quartier où nous sommes est sur pilotis.


Les embarcations locales sont des trimarans choyés par leurs propriétaires :  mis au sec pour les repos prolongés, coque et flotteurs peints.



La rue du quartier de Loreto où le capitaine débarque n’a pas de revêtement ; vélos et piétons slaloment entre les flaques d’eau.




Il y a un lieu de rassemblement par quartier. Devant un commerce, une planche suffit pour le confort des jeunes et des anciens

Yves est pris sous l’aile protectrice de Paul et Rex : ils tiennent une boutique / restaurant de presque 10 m², construit par Paul dans le jardin.

Grillade tous les soirs : c’est l’attraction du quartier.








A moto, ils emmènent mon capitaine visiter.


Ici à Black Beach, où le 6ème bataillon de ranger américain débarqua le 17 octobre 1944.




En retour, Yves fait visiter le bord.


Pour les enfants comme pour les adultes, c'est la première fois qu'ils montent sur un voilier.




Mon trampoline inquiète toujours au début. Très vite, il se transforme en sautoir.





Puis je deviens un simple plongeoir.

Une petite banka qui ramenait deux ouvriers du chantier de l’île Puyo a coulé.
Une seconde banka plus grande récupère hommes, matériel et bateau.

Le temps est rarement au beau : janvier c’est encore la saison des pluies dans l’Est des Philippines.
De mauvaises langues disent qu’à Dinagat, la saison des pluies dure toute l’année.


Après dix jours d’escale, nous quittons Loreto à regret.

Ce premier contact avec les philippins fait chaud au cœur.
Mais il faut continuer vers un port où il sera possible de faire l’entrée administrative dans le pays.


Nous longeons la côte Ouest de Dinagat presque sans la voir.

Des rafales soufflent jusqu’à 30 nœuds : je porte la grand-voile à trois ris et le foc. Navigation au portant, cap au sud.

Le vent se calme en début d’après-midi


Un élève français dessine la carte de France dans un hexagone. Pour un élève philippin, l'exercice est plus compliqué.

Voici ma route au travers cet archipel.
Dans l’ovale, la zone objet de notre propos.



 
ILE DE DINAGAT - NONOC


6 heures plus tard, j’entre dans la baie de Nonoc.

Je me faufile dans l’étroit chenal entre les pièges à poissons. La vue satellite de la passe permet au capitaine d’éviter les bancs de sable.

J’ai avalé les 42 miles depuis Dinagat à 7 nœuds de moyenne.



Je suis dans un mouillage très calme, classé trou à cyclone.

Le ciel se dégage : le beau temps existe toujours sur terre.


Le capitaine me laisse seul et prend la banka de 7 heures du matin pour aller à Surigao faire les formalités d’entrée aux Philippines.
La ville est très active : des véhicules en tout genre se croisent, transportant personnes ou marchandises.

Visite aux douanes : une demi-heure plus tard, les papiers sont en ordre pour 6 euros, café compris. Visite à l’immigration : une demi-heure plus tard, le passeport est tamponné pour 0 euro, sourire compris.
Qui a dit que les formalités aux Philippines étaient longues et couteuses ? 

Quelques semaines plus tard, Surigao sera durement touché par un tremblement de terre




Retour à Nonoc à midi.

La banka est chargée : les gens vont faire leurs courses à Surigao et reviennent avec plein de sac plastique.
La civilisation caddie est en route.








Plus aucun doute, nous sommes en Asie …








… les chapeaux chinois se portent toujours.





Ils ne font pas encore parti du folklore comme les chapeaux bretons.




Dimanche 22 janvier : je passe devant le village de Nonoc et nous mettons en route vers Maasin.





Navigation entre les îles …


… et les bateaux.

Le trafic est intense et la veille doit être permanente.


Navigation sportive avec une alternance de calmes et de grains.

Les ris sont pris puis largués ; un grain à 28 nœuds oblige le capitaine à affaler complètement la grand-voile.








ILE DE LEITE  - MAASIN


Après 8 heures de route et 50 miles plus loin, mon ancre tombe par 8 mètres de fond devant Maasin.

D’où je suis, je vois le supermarché et des antennes bardées de transmetteurs en tout genre qui permettent l'accès Internet jusqu'à mon bord.
Nous sommes de retour dans le monde civilisé.




Les rues de la ville sont sillonnées par les tricycles, motorisés ou non.



Places ombragées, petits et grands commerces : la ville de Maasin est plaisante.


Mais le mouillage sans réel protection est agité.

Nous repartons dès le mardi vers l’île de Lapinin, au nord de la grande île de Bohol.







ILE DE LAPININ - PITOGO 




Un vent de 18 nœuds m’a poussé vers l’Est.

Nous avons débordé la pointe Tugas par le nord, puis l’île Budlaam.

Mon ancre tombe avant 13 heures dans la passe de Lapinin, devant le port de Pitogo.

 




La banka est le moyen de transport majeur pour ce peuple insulaire.

Je suis mouillé un peu à l’écart du quai pour ne pas les gêner dans leur manœuvre d’accostage.


Le trafic portuaire est intense le matin et le soir pour les passagers, journée et nuit pour les marchandises.

Les grandes bankas accostent au môle, les petites se contentent de la plage.

Mon annexe est acceptée sur le môle.




Le village de Pitogo, c’est principalement une rue qui monte à partir du port, sa raison d’être.



De chaque côté, commerces, églises, écoles, salle communale.

Les motos et des tricycles sont les acteurs d’une circulation sans embouteillage.



Au bout de la rue, après 10 minutes de marche, la campagne est là.




Rizières …






… buffles …








… maison de bambou …






… et panneaux de basquet


composent un paysage pastoral très serein.



J’ai parfois la visite d’un voilier.


Les laizes de cette voile sont ordonnées autour de la toile d'un parapluie.




Celle-ci est composée du tissus de robes sans doute passées de mode.





Les enfants viennent se divertir autour de moi sans tenter le passage entre les coques.
Mais l'idée a germée dans ces cerveaux en ébulition.


Mardi 24 janvier : nous quittons Pitogo pour Cebu.

Le vent n’est pas au rendez-vous et la fumée des cuisinières stagne sur le village.




Il faut tout d’abord traversé un lagon de plus de 10 miles de large.

La pêche aux crabes y est intense. Les bras des flotteurs sont couverts de casiers.
Le pêcheur jette ses casiers avec le geste ample du semeur.




Je sors du lagon par la passe Nord-Est puis je file au près le long de la barrière de corail.

Je double la Baie Magellan, au nord de Mactan, sous génaker.



Il faut ensuite affaler la toile pour naviguer sans risque de collision parmi une foule de navires de commerce qui bouchent tout l’horizon.



Un peu avant 15 heures, je suis mouillé à l’ouest du Yacht Club de Cebu.


Magellan y a fait sa dernière escale il y a 496 ans : à l’époque, le Yacht Club n’existait pas.






A suivre …














dimanche 9 avril 2017

LA MICRONESIE : YAP

DE NOUVELLE IRLANDE A YAP



Dimanche 4 décembre 2016

Nous quittons la Papouasie - Nouvelle Guinée à 8 heures du matin, une heure après Hélios en route lui aussi vers Yap.

La préséance veut que le multicoque précède le monocoque : très vite, je passe donc devant lui.




Peu à pas de vent, soleil, nuages d’orage sur l’horizon : aucun doute possible, nous sommes dans le poteau noir (d'ailleurs bien visible sur la photo).

1150 miles séparent Kavieng de Yap, en Micronésie.
L’équateur est sur notre route ainsi que les inévitables calmes qu’ils l’entourent.

La stratégie du capitaine : franchir cette zone de calme par le plus court chemin, c’est-à-dire cap au nord, puis obliquer vers l’ouest à partir du 5ème parallèle nord où nous devrions toucher les alizés du nord-est.



Le moteur m’a permis d’avancer toute la journée.

Au coucher du soleil, un vent du sud à 5 nœuds me permet d’avancer sous genaker : c’est plus silencieux et plus élégant


Lundi 5 décembre

Le genaker est remplacé par le spi au lever du jour.

J’avance à 4 nœuds poussé par un vent de sud-est de 7 nœuds : difficile de faire mieux.



La retenue de bôme est gréée pour stabiliser la grand-voile : elle a tendance à écouter les sollicitations de la houle plus que la pression du vent.





Les grains se suivent et se ressemblent : pluie abondante et vent absent.


A 21 heures, nous franchissons l’équateur dans le sens sud-nord.

Nous sommes à 7860 miles de l’endroit où nous l’avions franchi dans le sens nord-sud, de l’autre côté de l’Océan Pacifique.


Mardi 6 décembre


Il n’y a pas plus de vent dans l’hémisphère nord que dans l’hémisphère sud.

Le soleil se lève toujours à l’est des deux  côtés de l’équateur, mais maintenant les couleurs sont automnales et non plus printanières comme hier



Rencontre originale en milieu d’après-midi : une embarcation en bois flotté armée pour la haute-mer et menée un équipage de trois volatiles marin.

Celui qui est en haut sur la passerelle est le capitaine, à moins que ce ne soit l’officier de quart.



Mercredi 7 décembre

Depuis hier, j’avance soit au près avec du vent variable suivant les grains, soit au moteur quand le vent, toujours faible, est face à ma route.



Un oiseau est tombé sur le pont vers midi.

Il jouait avec ma tête de mat et a heurté la girouette.
Blessé à l'aile, il ne peut pas repartir. Il ne verra pas le jour se lever.


Jeudi 8 décembre

Toujours cap au nord nord-ouest en attendant de toucher l’alizé.

Depuis mardi, les distances journalières sont inférieures à 100 miles malgré la participation active des moteurs. Nous approchons du 4ème parallèle nord et nous sommes toujours parmi les poteaux noirs.
Chaque risée est mise à profit pour que je progresse à la voile.
Mes voiles d’avant restent parées à intervenir : foc, génaker et spi se relaient en fonction de la force et de la direction du vent, qui est lui-même soumis aux caprices des nuages.
La nuit dernière, un grain est monté à 27 nœuds : le capitaine m’a mis sous foc roulé et grand-voile arrisée




Parfois, soit pour m’assurer une meilleure vitesse, soit pour le repos du pilote automatique, soit pour s’occuper, le capitaine met la main à la barre.

Comme cette après-midi avec un vent d’ouest à 13 nœuds : le touché de ma barre reste un plaisir.


Vendredi 9 décembre

La nuit a été calme : pas de grain ni de pluie … ni de vent.

Le capitaine a pu dormir sur une oreille, l’autre restant à l’écoute de mes carènes.




Le 5ème parallèle nord est franchi.

Le vent de nord-est n’est pas encore établi mais le cap est mis sur Yap : c’est bon pour le moral.
Et puis il faut parfois forcer la main de l'Autorité Supérieure.




Les distances journalières sont maintenant au-dessus des 120 miles : nous arriverons certainement avant Noël.


Samedi 10 décembre


Cette nuit, Lantle Reef est doublé. Ce haut-fond à moins de 4 mètres est le premier rempart de Micronésie.

Nous sommes à 480 miles de Yap.




Le vent souffle de plus en plus souvent du secteur Est.

Le capitaine jongle jour et nuit avec ma voilure pour me permettre des vitesses honorables.



Le ciel change, le vent varie, la mer est confuse.

... Parfois, cela mérite une photo.
Dimanche 11 décembre : deuxième semaine en mer. 
C’est le jour du Seigneur : je m’habille de mon spi qui conserve forme et couleurs comme le jour de sa sortie de la voilerie.




Le capitaine s’habille le dimanche comme tous les autres jours de la semaine. Sa toilette n’inclue pas le rasage.

Nous doublons Ifalik par le sud, puis passons entre Wolea et Eauripik. Pas d’arrêt dans ces petits atolls : nous ne pouvons pas y faire l’entrée administrative dans les Etats fédérés de Micronésie.

Dommage, ils ne doivent pas avoir beaucoup de visite.


La nuit dernière, un navire a croisé dans notre sud. Cet après-midi, c’est un minéralier qui passe devant. En fin de journée, un bateau chargé de grumes.
Nous traversons des routes maritimes qui mènent au Japon.

Le radar sonne l’alarme à chaque bateau. Jusqu’à présent il n’a pas été nécessaire de nous dérouter.


Lundi 12 décembre 

Il reste 200 miles pour Yap : le capitaine a le moral d’un cheval qui sent l’écurie.

Le vent n’est pas très fort mais il reste accroché au secteur Est.
Génaker et spi se relaient pour me rapprocher du but.


Mardi 13 décembre

Dixième jour de mer et sans doute le dernier de cette traversée.
Le vent a soufflé jusqu’à 20 nœuds cette nuit. Moi aussi je sens l’écurie : de midi à midi j’ai parcouru 185 miles.


En fin d’après-midi, je longe la barrière de corail de Yap.

A 17 heures, les voiles sont amenées et le capitaine m’engage dans le long couloir qui coupe le récif vers Tamil Harbor, à Colonia.

La passe s’appelle "Entrance Rock" : tout un programme !


Nous sommes au milieu de ce couloir bordé de récifs affleurant quand un grain escamote tous les repères.

Heureusement, la carte électronique est exacte et nous poursuivons la route aux instruments.


Port Tamil surgit derrière le grain.

A 17h40, je suis mouillé au fond du port.

Lente traversée : 1155 miles en 9 jours et 10 heures. La moyenne de 5 nœuds a été atteinte avec l’appui des moteurs pendant 76 heures.






La lune est pleine. Elle prend le relais du soleil mais cette nuit, le capitaine n’aura pas besoin de surveiller mes voiles et le ciel.

Le(s) petit(s) verre(s) de l’arrivée a (ont) un gout bien mérité(s).










                                                                              YAP





Je suis seul au mouillage dans le port .

Un coté du bassin est urbanisé comme une zone portuaire …





… l’autre est géré par la nature.

Mais des habitations se cachent derrière le rideau végétal.




Urbanisé ou pas, le tour du bassin est l’aire des jeux aquatiques des jeunes : ce sont de vrais insulaires et ils restent dans l'eau plusieurs heures.
Colonia est la capitale de la République de Yap, membre des Etats fédérés de Micronésie.
C’est un tout petit état. Cependant les formalités sont inversement proportionnelles à la taille du pays. Une dizaine de représentant de cinq administrations assaillent mon capitaine deux heures durant dans les bureaux du port.
Ambiance tendue au début : en arrivant, il n’a pas contacté les autorités par VHF. De plus l’email envoyé depuis Kavieng n’est pas arrivé dans le bon bureau !





11376 habitants sur 118 km² justifient la présence d’une Cour Suprême disposant d’un joli jardin …



… et de nombreuses églises serties dans la végétation.


Le capitaine part à pied le long des routes.

Il se sent seul sur le bas-côté : ici la voiture est reine.
Héritage de la colonisation américaine ?




La traversée de l’île se fait sans user la semelle des tong :  cinq kilomètres à peine et il faut s’arrêter ... ou plonger dans le lagon.




Yap, c’était l’île à la monnaie de pierre. Les pièces ressemblent à un sous percé d'environ un mètre de diamètre.



Pour être voleur à la tire, il fallait passer de longues heures en salle de musculation.

David Douillet a-t-il collecté ces pièces grises avant les pièces jaunes ?


Cette monnaie est la fierté de l’île : les plaques des voitures le rappellent.






La morphologie des habitants rappelle celle des polynésiens : grand, fort et entouré d’une couche de graisse protectrice.




Hélios m’a rejoint dans le bassin à Colonia.

Il y a largement de la place pour deux bateaux. 
D'être mouillé proche l'un de l'autre, cela permet aux capitaines de s'inviter puis de se renvoyer des invitations à l’apéritifs sans avoir recours au téléphone ou à la VHF.


Le 21 décembre, nous partons nous mettre à l’abri. Nock-Ten, 26ème système cyclonique et 13ème typhon de la saison 2016 pour le Pacifique Nord-Ouest fait route vers Yap.

Nous nous retrouvons dans l’étroit chenal en même temps que le porte-conteneurs hebdomadaire.



Je suis mouillé dans un bras de mer entouré de mangrove, près de Rumlug.

Le soleil se couche. C'est la veillée d’arme avant un probable combat contre les éléments.
Le lendemain en fin d’après-midi, le vent se lève fort … juste dans l’axe de la baie où nous nous trouvons.

Le capitaine décide de quitter ce faux refuge. Remonter mon ancre n’est pas facile, surtout avec le récif de corail juste derrière. J’en suis quitte pour une touchette de la dérive tribord.



Moteurs à fond, nous remontons dans le vent sans aucune visibilité : les pluies diluviennes sont les compagnes des cyclones.

Nous remouillons dans la baie voisine, face à Dugor. Nous sommes protégés par la pointe sud de la baie.

En début de nuit, le baromètre remonte et le vent se calme : le danger s’éloigne.



Nock-Ten est passé au sud de Yap.

Il continue se course vers les Philippines où il va faire des victimes et d'importants dégâts.


Retour au port de Tamil.

Nous y passons Noël, en compagnie de Hélios.

Puis Quisas arrivent de Kavieng : nous sommes trois voiliers et trois pavillons français pour le nouvel an à Yap.


Le 5 janvier 2017, les formalités de sortie sont faites en début de matinée.

Je quitte le mouillage et à 10h45, la passe est franchie : cap plein ouest vers les Philippines.