Le CDV
Dakar, baie de Hann, arrivée le 9 janvier.
Le ponton du club évite un débarquement sur la plage et donc d’arriver dans les vagues, de patauger dans les algues, puis de remonter l’annexe.
Le Club de Voile de Dakar (CVD) : une institution à Dakar. Yves est accueilli par Bernard, le président qui lui présente les lieus, les services, le fonctionnement du bar (il faut un carnet pour consommer). Bernard distillera de très bons conseils durant toute l’escale.
D’où je suis, je vois très bien ce qui se passe à terre : difficile d’être plus près du bout du ponton.
Le CVD donc accueille les bateaux de passage, mais aussi les voyageurs terrestres à pieds, à moto, en voiture.
Une navette, à horaire fixe permet d’économiser l’annexe et les muscles.
Le premier objectif d’Yves, c’était de venir au Club de Voile de Dakar pour lire cet extrait de « L’usage du Monde » sur le mur de l’atelier pour savoir pourquoi il était parti.
Elle tourne en rond, cette histoire !
La baie de Hann
En ce début janvier, la chaleur fait tomber les tee-shirts. J’ai mis mon taud de cockpit, mes pare-soleil sur les hublots du roof et tous les hublots des coques sont ouverts.
Grosse activité autour de moi : il semble que le poisson se trouve juste sous mes coques.
… et en cadence.
Les habitants du monde sous-marins sont encerclés.
L’étau se resserre.
La pirogue est bien calée sur son bouchain pour faciliter le travail,
L’écopeur, homme clé sur toutes les pirogues, va avoir du travail. Un travail qui d’ailleurs ne s’arrête jamais.
Changement de temps : l’harmattan se lève et des tonnes de sable du désert s’abattent sur le Sénégal d’une part et sur mon pont d’autre part.
Tout est recouvert d’une poussière ocre jaune. Renseignement fourni pas Titi : cette poussière est composée de micro-organismes fossilisés qui proviennent du Lac Tchad. Au Cap Vert, ces vents chargés de poussière ne nous auront toujours pas quittés.
C’est un véritable brouillard : prudent, l’équipage volatil de mon voisin reste à bord.
Autour de moi, les pirogues des pêcheurs occupent la baie.
Les petites sont remontées sur la plage
Les grandes sont au mouillage. Les peintures des coques pourraient rivaliser avec nos bateaux de course océaniques.
Des rondins en tronc de cocotier servent de charriot de mise au sec.
Sous une grande pirogue, des enfants récupèrent le bois d’une vielle pirogue pour faire du feu. Deux qui travaillent, cinq qui regardent : encore un chantier DDE.
La créativité des peintres qui décorent les pirogues est sans limite. Parfois, j’ai l’impression qu’ils se laissent influencer par les bateaux de passage !
Les grandes pirogues ont des moteurs. Pour les petites, c’est à la pagaie : départ le matin, retour le soir. Un coup d’écope tous les vingt coups de pagaies.
Autour de Dakar
Pour me dégourdir les safrans, nous sommes allés visiter l’île de Gorée. Elle est juste en face du port de Dakar, à cinq miles de la baie de Hann
Le port trop petit pour moi : nous mouillons donc à l’extérieur.
Vous l’avez reconnu ? C’est la Maison des Esclaves.
Et puis à un peu de 30 miles vers le sud, Sali. Un slalom entre les filets pour atteindre cette baie digne d’une carte postale.
C’est la ville touristique du Sénégal. Derrière les palmiers, hôtels, bars et restaurants. Invisible depuis la mer.
Ngor, une île au nord de Dakar, près de l’aéroport. C’est une destination privilégiée des dakarois pour le week-end. Un service de pirogue fait la navette avec le continent.
Urbanisme très libre sur cette petite île. Une de ces maisons appartient à France Gall. Je ne pense pas qu’elle est croisé Yves ; ou bien il n’en a rien dit.
La demeure les pieds dans l’eau (quatre chambres quand même) appartient à un ministre. Je ne sais pas combien il y a de chambre dans le cabanon de ses voisins de gauche, mais il est aussi en première ligne. C’est le seul point commun je crois.
La famille Bouchet.
Rencontre de la famille de Titi (Titi de Sommières, vous connaissez sans doute). Romain au winch … sous haute surveillance.
Il n’aurait pas fallu relâcher la surveillance en fin de repas : ça aurait évité un bain à son père entre la poire et le fromage … pour récupérer l’annexe.
Dans mon carré, à l’heure du déjeuner, l’éternelle litanie : « une cuillérée pour le foc, une cuillérée pour la grand-voile, une cuillérée pour la dérive tribord, … ».
Eh oui Guy, il faut boire le champagne comme tous les ans à cette date pour commémorer ton premier cri sur terre.
Note qui a son importance : Guy est venu rejoindre Yves à Dakar pour l’accompagner jusqu’au Cap Vert. Outre Gorée, ils ont également été ensemble à Saint Louis. Ceci explique le nombre et la qualité des photos qui sont en grande partie à mettre à son crédit.
Revenons à Titi pour suivre la leçon de pêche qu’il donne à son fils.
Premier temps : patience.
Deuxième temps : sortir la bête de l’eau.
Troisième temps : mettre le poisson dans le seau pour le ramener à la maison. C’est simple non ?
Saint Louis du Sénégal.
Changement de tenue pour un voyage terrestre : ils me laissent seul dans la baie de Hann et partent à Saint Louis du Sénégal. Les commentaires, je les ai faits à partir des conversations de carré à leur retour, bien sûr.
En voiture donc, cap au nord. Le plus lent reste la sortie de Dakar. Après, la route est belle.
Le paysage de chaque côté laisse penser la dernière pluie ne date pas d’hier.
Et de temps à autre des baobabs, arbre roi d’Afrique
Bien avant la 2CV, il y a le cheval seul. Et comme le nombre de chevaux est divisé par deux, le nombre de roues l’est également.
Saint Louis, sur le fleuve Sénégal : la ville occupe les deux berges et l’île qui se trouve au milieu. Ils en ont fait autant les parisiens.
Port de pêche très actif : les berges sont couvertes de pirogues et il y en a même à l’extérieur sur la plage.
Et elles ne restent pas tranquillement à terre : en fin de journée, c’est un départ massif vers l’embouchure du fleuve et la haute mer pour les moyennes pirogues. Les grandes ne sortent qu’à la nouvelle lune : chacune a sa technique de pêche au filet.
Les petites pirogues restent pêcher dans le fleuve.
La propulsion à la voile n’est pas oublié mais est rare : chevaux vapeurs obligent.
Sur les quais, toute l’animation des ports actifs
La ville historique est située sur l’île.
Deux ponts la relient aux berges.
Celui-ci date de l’époque coloniale. Il vient d’être rénové.
Ville aérée et calme : aux antipodes de Dakar.
Les rues : on peut y marcher au milieu sans risque,
Y étendre son linge,
Y faire des courses,
S’y promener en vieux couple,
S’assoir face au fleuve pour tenter de former un futur vieux couple,
Commenter la décision de l’arbitre lors dernier match de foot,
Compter les voitures,
Marcher et/ou regarder ceux qui marchent
Se mettre à l’ombre (même si l’on est une chèvre),
Passer devant le musée Jean Mermoz sans y entrer,
Faire la lecture aux eaux du fleuve puisque la parole est une arme
De chaque côté des rues, des maisons roses, jaunes, vertes, rouges, …
De styles variés,
Et pour toutes les bourses
Arrêt dans un lieu chargé d’histoire : l’hôtel de la Poste
Mermoz, Saint Exupéry et toutes les gens de l’aéropostale, célèbres ou non, y séjournaient
Guy et Yves y ont fait un tour en avion. Bien sûr.
Près du pont, les troncs des arbres portent des sculptures dans leur écorce,
Bien intégrées au lieu.
Retour vers Dakar par la même route.
Toujours des baobabs,
Entrecoupé de Renault jaunes,
Et toujours pas de pluie à l’horizon : il faudra attendre encore quelques mois pour sentir les premières gouttes d’eau.
Dakar – Cap Vert
Le temps passe, les algues poussent sous mes coques. Tiermo, pêcheur sénégalais et plongeur occasionnel, me fait une toilette sous-marine : ce n’était pas superflu.
Départ le 15 février pour l’île de Sal dans l’archipel du Cap Vert. Il souffle un vent d’Est force 5 : deux ris sont pris dans ma grand-voile. Le ciel est gris : un petit air de Manche, en plus doux quand même. Mais la veste de quart s’impose.
10 heures du matin, passage près de l’île de Gorée. Au revoir l’Afrique !
Je dépasse un ketch partie deux heures avant mois. Regardez-le bien : j’aurai malheureusement l’occasion de vous en reparler plus loin.
Le vent monte : force 6 à midi, force 7 à quinze heures. Au petit largue, foc roulé au point 2, je fonce entre 8 et 12 nœuds. L’équipage, plus du tout amariné après un mois et demi d’escale, saute ses repas.
Moi, je saute de vague en vague. Mon pont est de nouveau blanc : il a perdu toute sa poussière d’Afrique.
16 février : le ciel se dégage, le vent d’Est est stabilisé à force 6.
200 miles de parcouru en 24 heures. Pas de manœuvre nécessaire : le vent reste stable en force et en direction.
Je continu ma course à la même vitesse. L’équipage, toujours chahuté, commence à grignoter biscuits et nougat. Mais ce n’est pas encore la grande forme. A la fin de cette prise de vue, caméra et opérateur sont trempés.
La double pour celui qui a vu la terre le premier, bien entendu. Je suis arrivée à 5 heures du matin à Palmeira (Ile de Sal). Les 360 miles depuis Dakar ont été couverts en un peu moins de 43 heures. La calculette donne une moyenne de 8,4 nœuds. En tant que bateau, je fiers de moi. Mais je pense que l’équipage aurait préféré passer un peu plus de temps en mer et avoir une traversée plus calme.
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