VANUATU - SALOMON
Jeudi 18 aout 2016
9 heures 30 du matin : dans un vent à 20 nœuds de Sud Sud-est, je double la pointe Nord de l’île de Vanua Lava.
Nous ne sommes pas encore sortis des Vanuatu. Il doubler tout d’abord les Bank Islands.
Le plafond est bas aujourd’hui.
J’ai 550 miles de sillage à tracer vers le Nord-ouest avant d’atteindre Honiara sur l’île de Guadalcanal aux Salomon.
Les vents dominant de Sud-Est vont nous y pousser.
Après 3 empannages, l’île de Ureparapara est laissée dans le nord.
Le capitaine voulait y faire escale dans cette ile qui vue du ciel ressemble à un Shadock. Mais l’envie d’aller voir plus loin l’a emporté.
Après les Bank Islands nous avons les Torres Islands dans les étraves.
Le vent se maintient à 20 nœuds. Le ciel très chargé de nuages se déleste parfois de son eau douce.
Vendredi 19 août
Hier soir à 22 heures la pointe Gagevesouva au Nord de Hui, et ses dangers du nom de Gwei Nhak Reef, étaient parés.
La dernière terre des Vanuatu est maintenant derrière.
Ce matin le ciel se dégage …
… et le vent tourne en faiblissant à 6 nœuds. Je me débrouille pour avancer quand même.
Le capitaine m’habille pour le vent portant : génaker à l’étrave, grand-voile haute.
La journée passe sans toucher au réglage de voile ni au cap. Le vent s’est établi Sud-est à 12 nœuds et s’y tient.
Seule distraction : les oiseaux qui viennent jouer dans les remous de mes voiles.
Ce soir, le génaker reste à poste.
Si un grain se rapproche, l’alarme du radar arrachera le capitaine de sa somnolence.
Samedi 20 août
Le vent a adonné pendant la nuit. Après m’avoir fait lofer pour maintenir une bonne vitesse, un empannage s’impose sous la lune. Journée ensoleillée, avec toujours un vent constant établi Sud-est à 12 nœuds.
Une collision avec un gros tronc d’arbre laisse sa marque sur mon anti-fouling.
Dimanche 21 août
En début de soirée, nous sommes à 25 miles des îles Santa Catalina et Santa Ana. Derrière ces petites îles, la grande île de San Cristobal.
Toute la nuit le capitaine veille : les grains se succèdent, les changements de direction du vent imposent des empannages. Et plusieurs bateaux de pêche travaillent dans la zone.
A 6 heures du matin, les Très Marias (trois îlots bien sûr) sont doublées. La mer est confuse avec toutes ces grandes îles autour et Oriana Ledge en dessous.
A midi, nous sommes entre les îles de Guadalcanal,
San Cristobal et Malaita. Nous ne pourrons pas arriver à Honiara avant la nuit.
Le capitaine me place plein vent arrière sous grand-voile arrisée. Nous nous engageons dans Indispensable Strait à toute petite vitesse.
Lundi 22 août
A minuit, je suis dans le Sealark Channel : la lune éclaire les îlots.
Après nous être positionné loin dans le Nord de Honiara pour attendre le jour, nous embouquons la passe à 6 heures du matin.
A 6 heures 45, je suis au mouillage dans Mbokona Bay, face au Yacht Club.
Vingt mètres de fond, peu d’espace pour éviter.
J’avais perdu l’habitude des mouillages encombrés : nous sommes 4 voiliers.
Honiara, capitale des Salomon.
La « gare maritime » des petits bateaux qui assurent les liaisons avec les îles et les villages à moins d’une trentaine de miles. Ils débarquent les passagers sur cette plage le matin et repartent le soir.
La ville, c’est principalement une avenue parallèle à la mer où les voitures roulent à gauche.
Le long de cette avenue, des commerces de chinois dynamiques qui vendent de tout …
… puis un marché bien fourni en fruits, légumes, poissons et vêtements.
Honiara c’est aussi le grand port de commerce des Salomon où les porte-containeurs se succèdent.
Après le quai des gros navires, le quai des caboteurs est réservé au trafic national : les îles des Salomon s’étirent sur plus de 500 miles.
Il n’y a pas de grues sur ce quai : le transbordement des marchandises se fait sur le dos des dockers.
Près de moi au mouillage, un bateau vit seul : je n’ai jamais vu son capitaine à bord ni aucun marin.
Il s’appelle « Liberté ».
Chaque après-midi, le vent thermique se lève et un fort clapot se lève dans le mouillage.
Liberté a rompu son orin et a dérivé très vite sur un enrochement.
Elle a commencé tout de suite à s’enfoncer dans la mer.
Elle a pris une gite sur bâbord.
Les marins des bateaux locaux n’ont effectués qu’un rapide pillage avant qu’elle ne disparaisse.
30 minutes plus tard, tout est fini.
La liberté peut vite disparaître sans vigilance.
Mardi 30 août
Les formalités d’entrée aux Salomon sont effectuées, les vivres renouvelés, la bière du Yacht Club goutée.
Le capitaine quitte le mouillage qui n’est pas sûr après 10 jours d’escale à Honiara.
Nous partons pour les îles Florida, à 25 miles de Guadalcanal.
Nous repasserons dans quelques semaines par Honiara avant de poursuivre la croisière vers les îles Russel.
Soghonangola Island est arrondie et Sylvia Reef est évité. Le vent me pousse le long de la côte de Tulaghi Island.
Il y a trop de profondeur et trop de clapot pour mouiller devant la ville de Tulaghi.
Pour trouver des fonds à moins de 15 mètres, il faut être très près de la côte.
Nous jetons l’ancre derrière la pointe de Sesape.
Mes proches voisins sont vieux, malades et abandonnés : quatre bateaux de pêche asiatiques (dont un repose sur le fond ) et un bateau de croisière.
Le quai auquel ils sont amarrés semble lui aussi à l’abandon.
Drôle d’environnement !
Les pirogues des Salomon sont très différentes de celles des Vanuatu et des îles polynésiennes. Pas de balancier, une tonture marquée, une section en U et des entrées d’eau très fines.
Parmi elles, ma petite annexe est la mouche dans le verre de lait.
Des mères de famille viennent du village d’en face pour faire soigner un de leur petit à l’hôpital de Tulaghi ... Deux kilomètres à la pagaie.
Hier soir, une des rames de l’annexe à disparue. A-t-elle largué elle-même sont bout de sécurité avant de sauter à l’eau ?
Le capitaine n’apprécie pas et nous levons l’ancre.
Vendredi 2 septembre
Nous longeons sur 8 miles la côte Ouest de Nggela puis virons la pointe Tanavula pour embouquer le Sandfly Passage.
La colline au-dessus s’appelle le Pic Horn : c’est plus calme et plus chaud que le Cap du même nom.
Après 5 miles de navigation au près dans cette petite mer intérieure, nous virons Tongokagho Point pour entrer dans Roderick Dhu Bay.
John Ruka (à gauche sur la photo) pagaie de toutes ses forces pour me couper la route et nous guider vers un coffre.
Une pancarte sur la plage confirme que nous sommes bien à Roderick Dhu Bay et que nous sommes les bienvenus.
Me voilà sur coffre au pied d’une colline.
Le prix du coffre ? Un grand sourire.
John revient deux heures plus tard. C’est le temps qu’il lui a fallu pour composer ce bouquet de bienvenue. Le socle : une coco percé de trous pour tenir les tiges des fleurs.
Avec les fleurs, une coco d’accueil avec deux pailles en bambou ornées de fleurs pour boire l’eau.
Deux jour plus tard, son cousin est passé à bord proposer ses sculptures sur bois. Il s’est présenté avec des fleurs lui aussi. Yves a troqué une de ses œuvres contre un ciseau à bois.
Sur la plage, l’annexe fait connaissance avec un bel arbre lascivement allongé sur le sable.
Cette plage, c’est aussi le jardin devant les maisons : la famille y vit toute la journée.
Parfois, un bateau passe. Il transporte des visiteurs et apporte des nouvelles d’ailleurs.
Je suis l’attraction des enfants : curiosité et troc.
C’est jeunes demoiselles passent tous les jours avec au choix des tomates-cerises, des haricots verts, des amendes, des champignons ou des citrons. Elles repartent ravies avec au choix du riz, des noodles ou des bonbons.
Naviguer en solo sur une grande pirogue n’effraie pas un enfant de deux ans.
Celui-ci
sait mieux pagayer que marcher.
La timidité vaincue, ils veulent voir mon intérieur ...
… puis s’envoler sur mon trampoline.
John s’est ému de la disparition de la rame de l’annexe.
Un matin, il choisit un morceau de bois, s’assied et prend sa machette. Le soir, il met dans l’annexe une rame.
Echange de services : le capitaine lui refait les connexions de son antenne VHF.
Il bouche aussi quelques trous dans la coque de son bateau avec de la résine.
La pluie est arrivée juste au début des travaux de réparation. Mon ancien foc a trouvé ici une seconde vie.
Un sentier longe la rive.
C’est le chemin qu’empreinte les enfants pour aller à l’école.
Une maison est composée de plusieurs constructions : au minimum il y a l’habitation, la cuisine, la salle de bain, le salon (deux bancs en vis-à-vis couvert d’un toit).
Le sentier traverse cet ensemble. La politesse impose de s’arrêter, de se présenter, de dire d’où l’on et où l’on va, puis de s’assoir et de raconter…
En repartant, il faut accepter le cadeau de fruits ou de légume. Ainsi va doucement la vie.
John emmène Yves sur la colline …
… qui me surplombe.
La vue d’en haut est superbe : ici le passage entre les îles de Mbokonumbeta et de Nggela.
Un fort courant est bien visible de ce côté Nord-est du passage. Un petit Raz de Sein.
Nous sommes arrivées par le Sud-ouest et nous repartirons par le même chemin. Quand on peut éviter le Raz de Sein …
John
profite de la promenade pour entretenir le sentier. Avec Yves, ils forment une
véritable équipe DDE : un qui travaille, un qui regarde.
Bientôt deux semaines que je suis ici et je commence à devenir un perchoir : les oiseaux prennent vite des habitudes.
Ce soir, le ciel est rouge ; demain il fera beau …
Nous quittons Roderick Dhu Bay : une bonne, belle et sympathique escale aux îles Florida des Salomon.
... la suite des Salomon sera sur les îles Russel.
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